ARC I - Chapitre I - Le réveil du corbeau.

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Quelques décennies auparavant, le grand Hanguang-Jun, connu pour sa Cultivation prodigieuse et sa beauté éthérée, avait combattu un ennemi redoutable. Redoutable à cause des sentiments qu'il ressentait pour cet être que l'on pensait dangereux. Ces sentiments qui étaient perfides, redoutables et qu'il n'avait pu refouler, même pour son Clan.

Rares étaient les personnes qui savaient ce qui se passait dans le cœur de Lan WangJi. Son frère, Lan XiChen, restait son unique confident, son seul ami. Il a été le seul à vraiment s'inquiéter pour lui lors de son isolement forcé.

Pendant 160 ans, le Lan aux yeux d'or, au charme si pur que les êtres Célestes se damnaient pour lui, avait dut passer jour et nuit à jouer sur son guqin afin d'apaiser l'esprit furieux qui était dissimulé dans Gusu.
À la fin de la journée, Lan XiChen venait le voir. En plus de lui apporter bonne nourriture, il lui offrait une compagnie chaude et agréable. Ainsi que des soins précieux qui l'aidaient fortement à ne pas se détourner du droit chemin et de sa famille. Il avait vu de multiples couleurs et émotions teindre le visage de son frère. Le soucis marquait ces traits pourtant solaires et séduisants. Pourtant, WangJi ne se plaignait pas. Jamais.
Le jeune Lan demeurait muet, aucun son ne sortait de ses lèvres charnues et rosées. Si son grand amour n'avait pas le droit de parler, alors lui non plus. XiChen, terriblement inquiet pour son frère, avait plusieurs fois demander à leur Oncle, Lan Qiren, de raisonner les Anciens du Clan. Mais il avait refusé, à chaque fois.

Et à chaque fois, WangJi restait silencieux, comme les morts. Le Lan n'avait pas le droit de sortir. Son visage était d'une pâleur cadavérique. On pouvait presque discerner ses veines sous sa chair devenue translucide. S'il ne mangeait pas, il aurait perdu en muscles, et en Cultivation. Mais, heureusement, XiChen veillait à ce que son cadet puisse manger.

Les années passaient. La haine et la rancune de WangJi restaient enfouies au plus profond de son âme. Ses traits semblaient figés dans l'indifférence, une indifférence qui restait proche de l'arrogance pour les Anciens du Clan Lan.
Et en ce jour de printemps, où les cerisiers laissaient apparaître de magnifiques bourgeons au rose pâle, timide et où les oiseaux gazouillaient sous le soleil chaud, WangJi terminait sa mélodie sur son guqin. Les dernières notes de cette harmonie aussi sublime que nostalgique flottaient encore dans le Jingshi ; des fleurs carmin avaient éclos sur la surface lisse et blanche du superbe instrument, autrefois immaculé. À force de jouer sur ces cordes, raides et cruelles, certaines avaient cédé sous la puissance de son doigté précis, coléreux. D'autres, beaucoup plus résistantes, avaient fini par écorcher la chair fine du Lan, la tranchant net, et à vif. De ces coupures profondes s'échappaient un épais liquide au rouge sombre. Lorsque les yeux à l'or luisant du Lan se posèrent sur son instrument à présent tâché de son sang, il ne put empêcher un soupir, un bref soupir, de franchir ses lèvres rosées et charnues. Ses doigts fins se refermèrent autour d'une bouteille au blanc immaculé. Une bouteille du Sourire de l'Empereur qu'il venait d'entamer. Déglutissant avec difficulté, le Lan alla se servir un verre d'alcool lorsqu'il entendit son frère toquer, avec son éternelle douceur, à sa porte. WangJi reposa la bouteille sur la table dans un bruit mat, la recouvrant d'un délicat tissu bleu, comme pour la dissimuler aux yeux de XiChen. Son regard terne, bien que doré, se posa sur la porte de son pavillon. D'une voix fatiguée, presque éraillée, WangJi dit.

- Tu peux entrer, Xiongzhang.

C'était les seuls mots que l'on pouvait l'entendre dire. Sinon, il ne répondait que par "mh" ou ne disait rien. XiChen le savait. C'était la raison pour laquelle il était le seul à venir ici. Il restait le seul être humain qui pouvait comprendre Lan WangJi.
Et, en sentant cette odeur métallique flotter dans l'air, le visage de XiChen se tordit sous le soucis. Ses traits séduisants se plissèrent sous l'inquiétude, le veillissant d'un coup. Le Chef de Secte en oublia ses responsabilités et son savoir-vivre, ainsi que ses précieuses règles. D'un pas vif, il se rua sur son cadet. Ses mains imposantes se posèrent sur les épaules massives de WangJi ; ses yeux cuivrés, étincelants de soucis, se plantèrent dans ceux dorés, et fatigués, de son frère. Son frère qui, malgré son épuisement mental, arrivait à lui sourire. XiChen fronça légèrement ses fins sourcils, ses lèvres se fendirent avec douceur avant que ses iris de cuivre ne se posèrent sur les plaies ouvertes de son cadet. En voyant l'état des doigts fins de WangJi, de ces doigts si précis, si graciles quand il maniait aussi bien le guqin que son épée, XiChen pâlit. En voyant le sang couler avec abondance sur cette chair opaline, il eut peur. Terriblement peur pour son cadet, pour son petit frère adoré. Non pas que ce dernier risquait de mourir, mais parce que son sang scellait l'entrée de la grotte glacée où reposait le plus grand danger du monde de la Cultivation : Wei Wuxian.

Afin de l'enfermer dans sa prison de glace, les Anciens Lan avaient scellé l'accès de la grotte avec le sang de WangJi. Ainsi, pour libérer le terrifiant Patriarche de Yiling, Lan WangJi devait payer l'entrée de sa vie, ou de son sang. XiChen s'était bien sûr interposé à cette idée, ne voulant pas perdre son petit frère. Mais les Anciens avaient fit de ses objections et avaient fait coulé le sang de WangJi pour enfermer ce qu'ils considéraient comme un être dangereux. Maintenant que WangJi avait fait couler son sang précieux sur son guqin, y laissant de superbes mais redoutables fleurs carmin au parfum métallique sur sa surface lisse, le Patriarche de Yiling était à présent libre. Libre de circuler où bon lui semblait. Libre de se nourrir de l'énergie vitale de n'importe quel humain sur cette Terre. Libre de se venger du Clan Lan, de leur Oncle, de lui, de son petit frère.

Le visage blême, ses cils papillonnant dans une grâce vive, XiChen déchira un morceau de l'infinie manche de son sublime hanfu au superbe bleu céruléen et il en entoura les doigts blessés, ruisselants de sang, de WangJi. Même si le sceau de protection était à présent brisé, il voulait encore protéger son frère, et le soigner.


xxx

Dans la montagne de Gusu, des fissures commencèrent à craqueler la glace délicate, fragile de la grotte. Soudain, une vive lueur rouge éclaira l'endroit : deux yeux, qui possédaient pourtant une forme longue et étroite, douce et séduisante, comme ceux des biches, venaient de s'ouvrir, illuminant l'endroit d'une puissante couleur aussi rouge que le sang lui-même.

Wei Wuxian venait de se réveiller. Et avec lui, son envie de vengeance et son insatiable appétit. Son insatiable appétit de vampire.


À SUIVRE...

Voici le premier chapitre du premier Arc, je sens que ça va être compliqué de finir ce projet mais j'y crois donc bon...
La suite ne devrait pas tarder pour ce premier chapitre. Manquera plus que les deux autres univers de MXTX ^^
Et évidemment, cette œuvre est dédicacée à la Reine des Vampires, TsukiyomiKuran ^^

Trinité Vampirique (MXTX MULTIVERSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant