ARC II - Chapitre V - Le sang de GeGe.

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Le gazouillis familier des oiseaux s'était tut, la mélodie du vent résonnait entre les troncs sombres des hauts arbres. On pouvait encore entendre deux hommes conversaient.

- Il y a des châtaignes d'eau ? avait demandé le premier qui semblait jeune.

- Passez, je vous en offrirai, avait tout simplement répondit le deuxième, d'une voix tendre.

- Avec plaisir. A qui est dédié le temple ? avait demandé le premier, curieux.

Le deuxième, celui qui portait de simples robes blanches de moine taoïste, avait un doux sourire légèrement gêné tandis qu'il répondait.

- Au prince héritier de XianLe, je ne pense pas que vous le connaissez.

Celui à la voix jeune et suave, habillé de rouge et de blanc, lui répondit, avec un mince sourire en coin de ses lèvres fines, sur un ton délicieusement malicieux.

- Je...

Il n'eut malheureusement pas le temps de répondre. Le conducteur de la charrette, sur laquelle les deux jeunes hommes s'étaient installés, eut un freinage si violent que le plus jeune, celui dont la beauté et le charme ressemblait à celui d'un vil esprit renard, failli se retrouver avec le crâne ouvert sur le sol. Alors qu'il allait tomber tête la première, le moine taoïste aux traits doux, étirés par la peur de voir son séduisant vis-à-vis s'écraser au sol, se rua vers lui. Sa main fine attrapa celle longue de son DiDi afin de l'empêcher de le quitter, et de tomber. Les lèvres du plus jeune tremblèrent légèrement, son regard semblait s'assombrir. Avec une vivacité violente, presque brute, il enleva sa main de l'emprise des doigts pourtant chauds et tendres de son GeGe. GeGe qui était inquiet. Levant doucement ses sourcils fins qui finirent par se froncer, il se tourna vers le conducteur de la charrette pour lui demander ce qui se passait. Même le vieil homme ne semblait pas comprendre. L'animal qui tirait la charrette semblait avoir vu quelque chose, et ça lui faisait peur.

Et Xie Lian comprit. Au loin, se dessinait de sombres silhouettes faiblement éclairés par des lanternes à la lueur orangée. Plus la lueur s'avançait, plus on pouvait discerner la forme de ces silhouettes obscures. C'était un cortège de fantômes ! Voilà ce qui avait effrayé la pauvre bête... Leurs corps flottaient dans les airs et leurs visages étaient masqués par les ténèbres. Avant que le conducteur ne fasse une déviation de Qi, Xie Lian invoqua sa soie blanche, qui était plus une sorte d'arme spirituelle, et la fit s'enrouler autour de la charrette afin de la rendre invisible, et de la protéger un minimum des fantômes. Une magnifique lumière bleutée s'échappa de l'halo blanc spirituel. La lueur froide et azurine se déposa sur les visages doux et séduisants des deux hommes, leur donnant un aspect éthéré, féerique.

Xie Lian demanda, un peu curieux.

- C'est un jour spécial ?

San Lang répondit, redevenant un peu plus sérieux.

- Le festival des fantômes.

Xie Lian conseilla les deux hommes de ne pas faire de bruit quand les fantômes passeront. Il endormit le conducteur et le retint de tomber afin de ne pas alerter les fantômes qui passaient par là. Il reprit les rennes et conduit la charrette. Le jeune homme alla auprès de son GeGe dans un bond léger, gracile. Il se fit taquin, malicieux lorsque l'homme en blanc lui demanda s'il allait bien.

- Non, j'ai très peur.

- Restez derrière moi, vous ne craignez rien.

Xie Lian avait affiché une petite mine gênée alors qu'il conduisait. Le chemin était doux et agréable malgré la présence des fantômes. De petites lumières flottaient dans les airs, des esprits sautaient, volaient dans les airs en toute liberté. Malgré ce silence mortel, c'était un chemin apaisant.

Et ce malgré les battements de cœur que Hua Cheng pouvait entendre. Ses yeux d'ambre, fins et étroits, se posèrent sur les bandages qui couvraient le cou délicat de GeGe. Il pouvait sentir son sang, ce liquide chaud et sûrement sucré de là où il se trouvait. Il pouvait entendre son cœur battre la chamade...

Et il s'imaginait enlever, dans une douceur infinie, les bandes de soie qui dissimulaient sa gorge pour mieux mordre cette chair diaphane, douce, de ses longs et aiguisés crocs. Il imaginait le sang de la Divinité couler dans sa bouche pour mieux réchauffer son corps froid... Le liquide carmin devait être plus grisant, plus sucré encore que l'hydromel des Dieux... Il l'imaginait gémir de bien-être, se cambrer contre lui pour en demander plus. Il imaginait son GeGe devenir brûlant de désir, et lui qui se ferait un plaisir d'exaucer le moindre de ses souhaits. Cela serait merveilleux.

Mais bien vite, la Calamité dut revenir à la réalité lorsque son GeGe aux cheveux noisette et au regard de miel posa ses yeux vermeil sur lui. Légèrement gêné par le regard, presque fou de désir que lui lançait Hua Cheng, il posa une main sur ses bandages, un sourire timide aux lèvres.

D'une voix gênée, il balbutia.

- C'est...

Hua Cheng lui fit savoir que tout allait bien avant de prendre la main, d'une finesse féerique, de son GeGe et de l'examiner. Il y vit une petite blessure qui n'avait pas encore eu le temps de cicatriser. Mh...

Guidé par un instinct animal, Hua Cheng se lécha les lèvres, affamé. Dans un geste gracile, il porta la main de GeGe à ses lèvres fines, ses crocs aiguisés apparurent et se plantèrent avec douceur, tendresse dans la chair diaphane du moine taoïste qui, sous le coup de la surprise, eut un adorable couinement plaintif. Puis, la paix, le bien-être s'insinua, tel un venin, dans ses veines, le détendant ainsi. Hua Cheng s'appliquait à ne pas lui faire mal, il faisait attention à ce que ses canines ne prennent pas trop de sang. Le sang de GeGe était... divin. Sucré avec un arrière goût métallique, et un petit goût d'interdit, et grisant, il coulait dans sa gorge avec délice.

Xie Lian s'assoupit dans les bras chauds et tendres de San Lang. Son cœur battait doucement dans sa poitrine, son corps entier se détendit sous les caresses amoureuses de son DiDi sur sa peau fine.

Au bout de quelques heures, Xie Lian et San Lang étaient dans les bras de l'autre, allongés sur le lit de la Divinité qui dormait paisiblement. Un sourire satisfait et amoureux esquissa leurs lèvres respectives, Hua Cheng, ou San Lang, caressa le dos superbement galbé de son GeGe avec délicatesse, tendresse. Il respectait le vœu de chasteté de son GeGe et ne voulait pas le forcer à s'unir charnellement à lui, et il ne voulait pas le contraindre à devenir son Calice, pas comme ses deux compères : Wei Wuxian et Luo Binghe qui, eux, n'avaient pas hésité une seule seconde à se venger de leurs amants en blancs et à les faire devenir une source inépuisable de sang et de chair.

Mais, ça, c'était une autre histoire.

A SUIVRE...

Non, je n'ai absolument pas rusher la fin, absolument pas.

Trinité Vampirique (MXTX MULTIVERSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant