La nuit se penche au creux de la ville et tout parait plus beau lorsque celle ci abandonne au bord de l'extase, des corps brillants, des bouches effrontées et des regards indécents. Les amoureux se plaisent aux bras de l'ivresse et pardonnent à tout riant l'insouciance au coeur. Tandis que certains fêtent la vie, d'autres trainent dans l'agitation des bars, histoire de chercher un peu de compagnie ou d'appeler désespérément l'indolence comme espoir.
Les grandes gueules arpentent la déchéance où se marchande misère et pauvreté puis crachent leur indignation au visage des ignorants éplorés. Il est grand temps de céder au désir qui flâne, la fièvre dantesque et candide aux lèvres. Sans plus de prétention, ils se déshabillent tous des pêchés choyant auparavant leur chair, pour embrasser la désolation pleurant le long des joues de l'humanité esseulée.
Ils en payent les vices pourtant, ceux qui trompés par la démesure s'égarent dans l'exaltation défendue. Contrairement aux habitués qui se complaisent dans la vulgarité et l'impudence des rues, s'aimer fait partie des délits et blâmés sont les amants d'ici. Plus encore, lorsque la société s'abuse des damnés, bafouant les âmes hasardeuses dans l'humiliation, les accusant outrageusement de prêcher l'affront.
On entend vivre la passion derrière les heures méprisées à trop se contempler, rêvant sans cesse d'amour de là qu'on puisse mendier un semblant de consolation. Auprès de ceux qui, même accablés par la vie, s'efforcent de combler la solitude des autres. Un juke box au fond de la pièce, joue un air mélancolique qui file vers les nuits sans fins que sont celles où l'on devient quelqu'un.
Dans la lueur du soir, fuyant la démence des stroboscopes, une silhouette, noyée dans un cocktail aux couleurs exotiques, s'agace de la banalité des gens tandis que s'évadent quelques boucles noires et blanches de son chignon. À son pouce glisse une bague et son visage oscille entre audace et désinvolture quand l'atmosphère tamisée du pub se languit de sa personne. Seulement habillé d'un débardeur longeant sa peau hâlée et d'un pantalon ample coulant sur ses hanches, on irait presque à le croire d'ici.
Des enseignes aux caractères chinois grésillent au dehors et dans les yeux de cet inconnu, sombres et taciturnes comme des crève-cœurs, se baladent d'intrépides lumières, en route pour conquérir l'ailleurs.
Ils ont fait brève connaissance, simplement échangé leurs noms et pourtant comme ils se plaisent dans la proximité de l'autre. Bientôt, ils tordent leurs mains à la recherche de leurs lèvres et ce seul contact leur suffit à tomber amoureux le temps d'un instant, suspendu quelque part où les garçons peuvent s'aimer sans raison.
Voici le reflet des corps resplendissant dans la débauche, où sous les néons, se pressent des baisers et se soupirent des mots brûlants.
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𝓝𝐄𝐎𝐍𝐒
Short StoryDerrière ses néons et ses gratte-ciels aux hauteurs hallucinantes, Hongkong cède lentement à la tyrannie. Pour Seonghwa, dont la révolte saigne les veines, absolu martyr que de se déchirer entre la fureur de la révolution et les secrets de son aman...