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Les édifices en verre surplombant la ville démangent le ciel de leurs sommets. Le monde semble étrangement somnolent aujourd'hui tandis que les regards incandescents du soleil, violent l'intimité des locaux. La matinée tapisse les bâtiments de son ombre et la lumière infeste les façades. Hongjoong glisse un regard sur les immenses baies vitrées où se balade son reflet qu'il se contente de fuir, pour repousser l'affront. Il est en conflit avec lui-même, comme Hongkong finalement. 

Pourtant il faut céder parfois. Accepter que certains combats ne peuvent être gagnés et que, l'amour est de ceux là.

C'est en opposition à ses principes. Cependant il ne peut s'empêcher de côtoyer l'interdit et de s'éprendre de lui jusqu'à en oublier ses convictions. Des soirs où il ne peut plus supporter d'avoir passé sa vie à survivre plus qu'à aimer. Parce qu'il ne l'admettra jamais mais sans ses bras pour l'enlacer, il se sent vulnérable, presque insuffisant. À l'absence de néons, lorsque ses démons l'assaillent impudemment.


Délaissant un tumulte de pensées qu'il désirerait parfois étrangler, Hongjoong s'installe et tire paresseusement une taffe de sa cigarette. Son patron lui propose un verre d'une liqueur qu'il ne prend pas la peine de refuser, puis se laisse tomber dans un fauteuil en cuir, la mine préoccupée. Pendant un temps, les mots peinent à parvenir à ses lèvres et le silence perdure roi. 


𝐒𝐄𝐔𝐍𝐆𝐂𝐇𝐄𝐎𝐋
À cause de toi, nous n'avons aucun moyen d'identifier ces voyous.

𝐇𝐎𝐍𝐆𝐉𝐎𝐎𝐍𝐆
Je ne les sous-estimerais pas, si j'étais toi.


Seungcheol a depuis longtemps abandonné l'idée du vouvoiement, il peut déjà s'estimer chanceux de ne pas se faire cogner par cet homme sans manières. Supérieur ou pas, Hongjoong n'est pas de ceux qui se plient aux ordres et peu d'hommes connaissent son respect. 


𝐒𝐄𝐔𝐍𝐆𝐂𝐇𝐄𝐎𝐋
Et moi, je ne l'ouvrirais pas trop si j'étais toi.


Bien qu'il tente encore vainement de le discipliner, c'est peine perdue. Mettez lui une muselière qu'il vous crachera dessus. Et Même si, d'un chien miséreux il est dorénavant un homme qualifié, de cet adolescent foutu qu'il était, il reste encore la fureur, celle de vivre comme de tuer.  

Son vis-à-vis scrute les hauts bureaux qui dominent la ville, ne portant que peu d'intérêt à la conversation. Il n'est pas là pour qu'on lui fasse la morale. Ce n'est pas lui le salaud qui se moque des lamentes du peuple de toute façon, lui n'est qu'un simple pion dans cette malhonnête organisation. Enfin, il s'en convainc comme il peut parce qu'il est plus facile de blâmer le gouvernement, lui qui se rassure d'excuses minables et ne parvient à s'endormir sereinement. 

Agissant dans l'ombre car mort aux yeux de l'état, il est chargé de s'occuper du sale boulot : Démanteler des réseaux de drogue pour les incompétents de flics. Assassiner hommes d'affaires, dangereux criminels et personnalités politiques, il élimine ceux qui nuisent à la société, en bref, les éléments gênants, les vilains parasites. 

Face à la corruption qui ronge les pores de la métropole, les contestataires ne se tairont plus. Ces protestations qui n'ont ni noms, ni visages, comme une masse informe qui ne mérite pas plus que d'être désignée du doigt comme coupable, s'avoue  être une bien vile menace. Et bien qu'il clame le contraire, Hongjoong se soucie d'eux.

Il y a vécu, aux affres de la peur, un peu trop longtemps pour s'en remettre d'ailleurs.

𝐒𝐄𝐔𝐍𝐆𝐂𝐇𝐄𝐎𝐋
Blame your weakness not their strengh.


𝓝𝐄𝐎𝐍𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant