𝐕𝐈

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Ici se tempèrent ceux qui comme des tempêtes, vivent noyés dans l'éthanol et les regards amoureux. Et se dénoncent, furieusement éperdus, les noctambules désireux. 

Buvant des verres en trop pour se sentir un peu moins, le corps à l'abandon sur un tabouret du pub, Hongjoong s'impatiente de quelqu'un qui, plus que de l'électriser de sa beauté effarante, l'aide à taire un instant ses foutus chagrins.

La luxure ruisselle sur leur fausse ébriété tandis qu'ils se mutilent à l'alcool et la cocaïne. En métaphore à la passion, ils s'essayent aux escapades extatiques quand s'oublient leurs maux sous la torture des néons. La pièce est sombre et seuls les stroboscopes éclatant en de démentielles nuées de couleurs, accompagnent les clopes et l'héroïne.

Leurs mains se leurrent à glisser contre les peaux et c'est dans cette atmosphère envoûtante que se diffame les malheureux. Les femmes ont le goût des pêchés pourtant il ne souhaite pas effleurer leurs chaires mordantes ou leurs âmes éplorées.

Luisant aux côtés de ces trouble-fêtes phosphorescents pour oublier l'illusion de ses sentiments, en de fardeaux immenses et désolants, Seonghwa le cherche. Et quand enfin leurs regards se trouvent et s'arrachent, ils ne sont plus qu'à quelques corps l'un de l'autre. Les kaléidoscopes se baladent au rythme des mélodies et parmi toute leur superficialité, lui seul s'imprime sous sa rétine lorsqu'il ne peut s'empêcher d'adorer ses quelques excentricités.

Ils ne savent pas bien quoi dire et la maladresse de leurs murmures ne jurent que par des œillades fascinées. Que ce soir se crient à l'infini, les infirmes espérances lorsqu'elles bouffent ces foireuses conversations que sont leurs tentatives d'aimer. 

Leurs corps sont entremêlés sans qu'on puisse deviner où commence l'un et où finit l'autre. Des filles pas bien garçons, on ne devine pas dans la pénombre qui est qui de toute façon et eux ne savent plus de quel membre est à qui, flirtant avec l'euphorie plutôt qu'avec la raison. Semblant tenir sa hanche ou peut-être sa cuisse, les doigts de celui aux cheveux longs bientôt en désordre se fondent à sa chair sans qu'il ne puisse discerner du désir, la bêtise qu'il s'apprête à répéter. 

Ils s'agrippent à ce qu'ils ne peuvent se permettent de déshabiller, les mains passant de son dos à sa nuque, de sa joue à son nez, tandis que les éclats bleus et rouges flattent leurs deux silhouettes éthérées. Puis il attrape sa mâchoire pour heurter sa bouche à la sienne avec fracas, témoignant de toute la fougue de leurs échanges. 

Ils respirent fort, pressent leurs corps jusqu'à ne faire qu'un et furieusement, dans l'urgence de retrouver l'autre, font se cogner leurs lèvres encore et encore jusqu'à la rupture. 

Ils passent le perron sans parvenir à marcher droit et, la chaleur du foyer les étreignant, se tombent éperdument dans les bras. Condamnés à cette proximité qu'ils ne peuvent quitter, indéniablement allant et venant entre leurs traits captivés, ils s'amusent de quelques pas en proie à une rare légèreté.

Leurs mouvements brouillons chassent le blues d'Hongkong et les halos de couleurs brillant à leurs peaux suintantes, raniment chimères et supplices d'adolescents. Ils bâtissent les plus belles insomnies, déchirant leurs poignets à force de tournoyer, désobéissant enfin aux attentes de la société.

La respiration presque anarchique, ils se marchent sur le pied, échappent à l'emprise de l'autre pour bien vite la retrouver puis écartent les bras pour accueillir l'hilarité.

Le rire d'Hongjoong s'affole, croyant défaillir alors que deux paumes brûlantes s'attardent à sa taille. Leurs fronts entrent en collision, maintenant qu'il n'y a plus qu'eux dans l'intimité de la pièce, le secret de leur liaison cousu à des lèvres se susurrant l'interdit lascivement. À son palais s'échouent des appréhensions quelques peu saoules et bien vites oubliées, préférant s'émerveiller de la voix suave à son oreille que s'encombrer de réflexions.

Soudainement, dans la nécessité d'être plus proche encore, Seonghwa coince ses hanches contre le comptoir pour l'y asseoir ensuite. Les cuisses s'enroulant instinctivement à son bassin, Hongjoong gronde sa surprise lorsqu'on le soulève ensuite avec force, pour grimper quatre à quatre l'escalier. 

Le balcon ouvert sur la ville, ils se plaisent à écouter la fureur des nuits béates et hasardeuses ne cessant son vacarme dans les rues. Car aimer, c'est hors des draps, déchirés par l'insomnie.

La tristesse singulière aux adieux traine au coin de leurs paupières alors qu'Hongjoong somnole contre l'oreiller. Lui qui d'habitude peine à s'endormir, aujourd'hui s'abandonne aux étreintes rassurantes de son amant qui possède comme une aisance à lui faire oublier les méfaits humains.

Seonghwa laisse distraitement filer ses phalanges contre sa peau telle une comète dérobant ses rêves. Contournant des cicatrices dont il aimerait connaitre l'histoire, il embrasse les quelques étoiles éparses dans son dos. 


𝐒𝐄𝐎𝐍𝐆𝐇𝐖𝐀
I hope there are days where you will fall in love with being alive.

𝓝𝐄𝐎𝐍𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant