𝐕𝐈𝐈

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𝐖𝐎𝐎𝐘𝐎𝐔𝐍𝐆
Et dire qu'ils ne risquent que de stupides sommes d'argent quand nous jouons notre vie chaque putain de jour. 

Un juron s'échappe d'entre ses dents. S'adossant au mur, il écoute le bruit familier des tuiles contre le bois des tables puis balaie distraitement la salle de mah-jong du regard.

Une inquiétante pénombre envahit la pièce, la lumière jaunâtre projetant ses ombres sur les hommes assis-là, prisonniers de leurs enjeux. Il lui suffit d'un coup d'œil pour comprendre qu'ils ne viennent pas de la haute société. Leurs vêtements sales de sueur et de cambouis en témoignent, pourtant ils sont plus humains que quiconque ici. 

Lorsqu'il réalise que jamais il n'a vu une ambiance aussi chaleureuse, il saisit à quel point le jeu transcende les frontières sociales. Il comprend pourquoi son partenaire apprécie tant cette compagnie et combien les valeurs familiales du mah-jong sont chères à ses yeux.

Un sourire creuse ses joues d'ailleurs lorsqu'il l'aperçoit. 

Scrutant la tablée, il semble habilement dominer la situation. Ses adversaires, trop concentrés sur leurs mains ne se doutent pas encore d'à quel point il est redoutable aux jeux. Sûrement parce qu'il ne suffit pas d'analyser ses propres briques. Il faut devancer chaque coup jusqu'à contrôler ce qui ne ce contrôle pas : le hasard. 

Plein de malice mais surtout de stratégie, c'est dans un sourire que Yeosang glisse dans sa combinaison le huit de bambou pour achever la partie. Il ne tarde pas à se lever, suite à sa victoire et quitte la tablée sans empocher les gains. 

Dans son dos, il devine les expressions hébétées alors qu'il sillonne entre les tables pour atteindre l'extrémité du salon où il rejoint Wooyoung. 

Ils n'échangent pas une parole et l'amusement flottant à leurs traits trahit leur si sincère complicité. Bientôt, un rideau de perles engloutit leurs silhouettes et ils s'enfoncent dans un étroit couloir, faisant se retourner quelques têtes sur leur passage. 

Une femme en qipao les toise alors que la luxure des lieux s'évapore de la pipe à ses lèvres. La débauche au pied des portes closes, ils croisent des étreintes mordues de plaisir avant d'enfin parvenir à l'arrière cour. 

Une veste de motard sur le dos, le brun arrache ses gants en cuir avec les dents avant de vulgairement passer le bras autour des épaules du blond qui fourre quant à lui, ses mains dans ses poches. 

𝐘𝐄𝐎𝐒𝐀𝐍𝐆
Hongjoong a encore disparu ?

𝐖𝐎𝐎𝐘𝐎𝐔𝐍𝐆
Tu sais comment il est, toujours à la recherche d'un semblant d'humanité.

Haussant les épaules, le brun se lèche les lèvres, une bille noire scintillant un instant à sa langue alors que le vent ébouriffe ses courts cheveux ébènes

𝐘𝐄𝐎𝐒𝐀𝐍𝐆
Évidemment, quand tu ne connais que la misère.

Il s'est construit sur l'exemple odieux qu'il avait des hommes. Eux qui n'ont fait de lui qu'une arme à leur merci.

𝐖𝐎𝐎𝐘𝐎𝐔𝐍𝐆
À qui la faute ? Les flics sont des pourritures, quand ils ont vu qu'ils n'avaient rien de bon à en tirer, ils s'en sont débarrassé.

𝐘𝐄𝐎𝐒𝐀𝐍𝐆
Qu'est ce que ferait un gamin en taule en même temps ? Il n'a pas eu le choix quand Seungcheol l'a recueilli, nous si.

Le blond soupire, la nuit tombant sur leurs épaules, lourde de secrets. Il enfile sa capuche, là où le bitume croupit sous les mégots.

𝐖𝐎𝐎𝐘𝐎𝐔𝐍𝐆
Il lui a offert une nouvelle vie, de quoi peut-il manquer ?

𝐘𝐄𝐎𝐒𝐀𝐍𝐆
D'une raison de la vivre.

𝓝𝐄𝐎𝐍𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant