[Void] SOUTH PARK

[Chapitre 8] I'm falling so I'm taking my time on my ride

Je ne sais même plus ce que je pense et ce que je sens. L'odeur... ah oui c'est ça... l'odeur du Whisky Jameson qui envahi mes narines et m'enivre...

Son arôme de bois brûlé avec des notes de sherry, son goût doux et sucré de fruits frais avec des notes légèrement plus boisées et plus prononcées...

Tout est si flou et si doux. Je ne sais même pas quoi faire de mon corps. Il traîne à côté de moi sur le lit. Ses jambes sont recroquevillées sur elles-mêmes. Sa bouche puante est toute pâteuse.

Mais mon esprit plane au-dessus des étagères. Il pense à une jolie prairie, à Sparky qui va chercher la balle, à Kyle qui me sourit, à ma mère qui m'offre une glace à la fraise...

Je bois jusqu'à l'implosion.

-T'en veux une autre ? fait une voix

J'ai la tête qui tourne. C'est mon père. C'est mon père qui me parle. C'est mon père qui me tend une autre bouteille.

-Merci...

Je lui arrache des mains et me retourne pour avaler mon biberon. Il fait la même chose de son côté. Puis son corps ne tient plus et tombe sur le mien. Ça m'étouffe. Ça m'étouffe. Le vomit se mêle à l'arôme de fruits boisés, se déverse partout sur les draps.

C'est sûrement la glace à la fraise de ma mère.

C'est rien.

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   Lorsque Stan se réveille il se souvient encore du rêve -ou plutôt du cauchemar- qu'il vient de faire. Cauchemar bien trop réaliste et aussi bien trop répétitif puisqu'il l'a fait de nombreuses fois déjà. Parfois il prend la bouteille et frappe son père avec, et d'autres fois -comme cette nuit- il se laisse simplement sombrer sur le lit.

   Lassement il se lève et écarte les rideaux pour constater que le soleil s'est déjà levé. C'est très calme dehors. Il voit quelques personnes et en plissant les yeux il reconnaît Kenny qui parle avec quelqu'un -un brun- qui a l'air de lui donner un objet, sûrement les clés de la vieille bagnole derrière eux.

   Le Marsh se souvient alors de ce qui a été convenu hier. Il doit rejoindre Kenny dans la voiture de son frère pour aller à Chicago. Mais il n'en a plus vraiment envie, il veut juste retourner dans le lit et dormir jusqu'à l'éternité. Il a l'impression que la déprime est en train de ronger chaque cellule de son corps, qu'il est encore plus fatigué qu'avant de s'être endormi...

   Cette sensation de vide revient encore le hanter. Ce vide que le brun aux yeux hétérochromes a comblé quelques heures avec ses musiques de Britney Spears et ses Cheesy Poof. Maintenant il est parti et ils ne se connaissent plus. Stan déteste perdre des gens, il en a déjà tant perdus.

   Son ex petite-amie Wendy, qui était tout pout lui, l'a laissé pour un autre. Sa grande sœur Shelley, qui faisait de sa vie un Enfer, a brûlé avec la ferme. Sa mère Sharon, qu'il adorait, s'est donnée la mort. Son père Randy a sombré dans l'alcoolisme et la drogue.

   La seule personne qui compte maintenant c'est Kyle. Stan se répète ça, il pense à lui en espérant que ça ira mieux. Il pense tellement à lui, à sa voix, à son sourire ; puis il se demande ce qu'il fait en ce moment et s'il ne serrait pas gêné par un appel. Le fugueur a terriblement besoin de l'appeler ces temps-ci.

   Mais soudain une mélodie familière venant de son sac attire son attention. Il fouille alors celui-ci avec un enthousiasme nouveau et y trouve son Nokia. Stan n'y croit presque pas quand il voit le petit écran gris.