XXVIII

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La nuit frappa sur le ciel New Yorkais et il était temps de faire face aux paparazzi en s'avançant sur le red carpet. C'était bien le seul endroit que je redoutais le plus en cette nuit d'avant première. Il est vrai qu'à chaque étape angoissante de ma vie je parviens toujours à montrer le faux côté de ma personnalité, la Millie Bobby Brown que tout le monde veut voir. Celle qui sourit, celle qui rigole et amuse la galerie. En réalité ma vie se résumait à ça, faire semblant depuis ces deux années. Je pensais que tout serait nettement plus simple une fois passé ma dix-huitième année, mais c'est faux. J'ai cependant décidé de ma vie et mes choix, seule. Je reste bien entendu en contact avec mes parents, car malgré tout, ce sont mes parents et je ne peux pas les renier de ma vie. Seulement, ma grande sœur m'accompagne à chacun de mes événements. C'est bien la seule qui ne m'a pas trahit.

Ma vie était dictée de A à Z, lors des événements comme celui-ci, je ne paraissais pratiquement jamais avec le groupe réunissant Caleb, Gaten, Noah, Sadie et Finn. Heureusement, ce soir allait être différent et je me réjouissais déjà de tous les retrouver.

J'apparais alors sur le red carpet, cette fois seule. Je tentais tant bien que mal de sourire ou bien même de faire des poses assez sympa, mais les photographes hurlaient à s'en bousillé les cordes vocales. Un pénible sifflement fait écho dans mes oreilles, je sentis ma vue se brouiller, et mon corps partir inconsciemment. J'ignore totalement ce qui a pu provoquer ce soudain vertige, mais mon corps - jusqu'à présent si léger - se senti retenir par une main dans le dos.

— Millie? Est-ce que ça va?

Cette voix... Cette voix si familière. Cette voix que je pouvais reconnaître même à des kilomètres. Cependant, aucun son ne parvenait à sortir à cet instant. Je me sentais si légère et si fatiguée d'un coup, mais je me sentais avant tout en sécurité dans les bras du garçon que j'aimais.

Ma vue s'était à présent assombrie et je n'entendais absolument rien, comme dans un sommeil profond.

C'était bien mon seul souvenir de cette soirée.

Et j'ignore combien de temps après, mais au moment de me réveiller, j'aperçois de la lumière au plafond et des murs blancs. L'hôpital... Mon pire cauchemar.

— Mademoiselle Brown? Comment vous sentez-vous? me demande une voix cette fois bien moins familière que d'habitude.

— Où.. Où est-ce que je suis?

— Vous êtes à l'hôpital Bellevue de New York. Vous avez fait un malaise, mais vous allez devoir faire des examens en plus pour déterminer la-

— L'avant première.. Je dois y retourner, je ne peux pas rester ici.

— Vous devez vous reposer, je vous le préconise fortement ou bien ce genre d'incident risque de se répéter à l'avenir, mademoiselle Brown.

L'habitude de devoir toujours être parfaite au yeux de tout le monde, participer à chacun des événements et ainsi faire bonne figure la reprend très rapidement. La blonde se racle alors la gorge à cette pensée, mais d'autant plus lorsqu'elle se rappela dans quelle condition s'était passée son malaise. Sous l'œil même des photographes. Cette fois, il était certain que son état de santé avait fait le tour des réseaux. L'angoisse prenait à nouveau le dessus en y pensant. Cette fois c'est sûr, elle ne comptait pas reprendre ses réseaux de sitôt.

— Une dernière chose... J'aimerais savoir qui m'a conduit jusqu'ici?

— L'ambulance évidemment, mais la personne qui nous a alerter en premier lieu se trouve dans la salle d'attente. Je n'ai pas relevé son identité.

— Je souhaiterais voir cette personne, pour la remercier, s'il vous plaît..

À vrai dire, je me trouvais un peu sonner, comme si je me réveillais d'un long coma. Je déteste par dessus tout cette sensation. Je me sentais loin de tout ou bien même à une autre époque. J'ignorais si nous étions encore la date de l'avant première, ou que cette date était déjà dernière nous. Tout ce que je devais faire à présent c'était de quitter cet hôpital au plus vite.

Alors que je m'apprêtais à partir, une voix me fait rapidement sortir de mes pensées, et me fait sans aucun doute tressaillir sur moi-même.

— Alors comme ça tu nous la joues fugueuse?

La tonalité de sa voix me rendait toujours toute chose, même après ces quelques années de séparation. Finn se trouvait juste derrière moi, et ma peau frémit instantanément à cette toute nouvelle pensée.

— Tu me connais... Je ne peux pas rester entre quatre murs blancs. Il faut que je sorte d'ici..

— Je peux te comprendre. Mais tu sais... T'avais l'air vraiment pas bien tout à l'heure. Partir ne serait pas la meilleure des solutions. Tu ne crois pas? Et puis, tu ne vas pas tarder à sortir, il te faut juste du repos.

— Finn.. C'est bien trop compliqué à t'expliquer, mais je ne peux plus compter sur personne. Je me considère comme sans entourage pour tout te dire alors rester ici ne ferait qu'empirer ma situation, même s'il faut que je reste encore quelques heures en plus... Je ne tiens déjà plus.

Le bouclé se frotte nerveusement la nuque sous ces explications. En réalité, il était pas mal au courant de ce qu'il se passait dans la vie de Millie. Séparation ou non, il se préoccuperait toujours d'elle.

— Oublie, après tout ce que je t'ai fais... Pour quelle raison me viendrais-tu en aide, pas vrai?
reprend la jeune femme en apercevant son ami hésitant.

Dans un court moment particulièrement silencieux, le canadien se met aussi vite à souffler avant d'ajouter d'un ton désespéré:

Qu'est-ce que je ferais pas pour toi...?

secret par amitié [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant