XXXIV

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Un bon nombre de remarque c'était enchaîné à notre arrivée au sujet de notre retard si soudain. Le manager de Millie se montrait d'ailleurs particulièrement sévère à son égard, lui faisant comprendre que ce type d'incident ne devait plus se reproduire et qu'il était bien sûr préférable que personne ne nous aperçoit ensemble.

Qu'est-ce que je rêvais de lui en coller une à celui-là.

— Tu vas devoir changer d'hôtel pour ne plus avoir à éveiller les soupçons, et encore moins te pointer une nouvelle fois en retard, lui ordonne-t-il. Et je refuse d'être encore dans l'ignorance, je suis censé être ton manager, je dois donc savoir où tu loges. Et tu n'étais pas non plus censé quitter l'hôpital.

Trouvant à mes côtés une Millie beaucoup plus silencieuse et sur la réserve, je tente de m'opposer à tout ça jusqu'à ce qu'il reprit:

— Tu peux nous laisser s'il te plaît?

— Non.

— Ce serait mieux pour toi. Tu as fait assez de dégât comme ça dans sa vie.

Abasourdi par ses propos, j'hausse un sourcil en ne me privant pas finalement pour entrelacer mes doigts dans ceux de Millie, malgré cette situation assez ambiguë entre nous, je me devais d'être là pour elle.

— Vous êtes qui pour lui parler comme ça? Son manager ou son père? Elle est assez grande pour prendre des décisions et savoir ce qu'elle veut.

— Occupes-toi de ce qui te regarde, tu veux.

— Justement. Ça me regarde et ça me préoccupe. Cette façon dont vous la traiter comme si ce n'était qu'un objet qu'on traine à droite et à gauche. Elle a pas besoin qu'on lui dicte quoi faire, ça la détruit plus qu'autre chose et vous ne voyez rien parce que vous ne pensez qu'à faire 'votre taf'.

J'entraîne la belle blonde avec moi sans porter attention aux attaques de ce fichu manager.

— Dis donc tu l'as trouvé où celui-là? Faut vraiment songer à le virer.

— Je m'attendais pas à le voir. C'est ma sœur qui s'occupe de moi à présent et comme tu l'as vu... elle a dû partir.

— Qui est ce dégénéré alors?

— C'est mon ancien manager, du moins, j'avais bien spécifié à ma famille que je n'en voulais plus. Il m'a toujours foutu la trouille, mais bon... Ils n'ont sans doute pas trouver quelqu'un de mieux.

— Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi il t'impose des règles. Tu veux que je t'aide à en trouver un autre?

— C'est.. Plus compliqué que ça Finn, mais je t'expliquerais ça plus tard. En tout cas, je suis vraiment étonnée. J'veux dire.. Tu t'es pas forcément énervé contre lui, t'as vraiment changé tu sais.

Sans vraiment chercher à comprendre le fond de sa phrase, me doutant bien que quelque chose clochait du côté de sa famille, je lui souris et acquiesce en ajoutant avec simplicité.

— Je le sais et il le fallait pour mon bien avant tout. Et j'me suis montrer pas mal de fois odieux avec toi à cause de ça, il faut le dire. C'est aussi pour cette raison que j'hésite à nous donner une seconde chance. J'ai pas envie de te faire souffrir et pour ma part, j'ai pas envie de sombrer à nouveau.

— On a surmonté pas mal de choses ensemble, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas...

— Tu oublies qu'on a pas surmonté la distance. Enfin... J'vois pas pourquoi je remets ça sur le tapis au final, surtout maintenant, tu crois pas?

La britannique me répond d'un simple hochement de tête suivi d'un doux sourire, jusqu'à faire le pas en direction même des loges. Je regrettais un peu de l'avoir laissé sur cette note, seulement ce n'était pas le moment de s'expliquer. Je ne ressentais pas l'envie de m'engager dans quoi que ce soit en ce moment, mais je n'ai pas le courage de lui dire. Malgré tout l'amour que je lui porte, la peur m'envahissait. Sans oublier que sa situation actuelle n'était pas si simple que ça à gérer. Je me sentais comme la cause de tout son malheur, et dieu sait combien je pourrais tout donner pour qu'elle soit à nouveau heureuse.

Arrivant au terme de ma préparation, je me lève très furtivement en ayant encore le cœur serrer par notre précédente conversation. La culpabilité me rongeait et je l'ignorais pourquoi, mais j'avais besoin d'être auprès d'elle et savoir par la même occasion si ça ne l'avait pas trop tourmenter. Je me rends alors à la porte voisine qui se trouvait entre ouverte. Je ne cherche pas vraiment à frapper, c'était d'ailleurs l'un de mes gros défauts qu'on me reprochait.

J'entre d'un pas hésitant, sans personne autour. Je m'apprête par ailleurs à quitter la pièce, persuadé qu'elle était partie. Cependant, un souffle saccadé que je pouvais reconnaître entre mille me retînt.

Millie s'était en effet cachée derrière le sofa, assise sur le sol en serrant son avant-bras de toute ses forces. Elle sanglotait au point d'y gagner un souffle irrégulier, et curieusement, son visage semblait crisper de douleur. Sans réfléchir une seule seconde, je ferme la porte derrière moi en la rejoignant, cherchant immédiatement la cause de son nouveau mal-être.

— Putain, qu'est-ce qu'il s'est passé?

Mille ne me répond pas, sans doute causé par son manque de souffle. Je tente cette fois de lui retirer sa main se trouvant sur son avant-bras, mais elle persistait. Inutile de comprendre ce qu'il s'était passé en apercevant quelques gouttes de son sang s'écoulaient sur le sol.

— Je-je voulais que ça s'arrête.. tente-t-elle d'ajouter en m'offrant un regard rempli de honte.

Est-ce que c'était à cause de moi? Ou à cause de sa famille? Quand bien même, c'en était trop. Je devais faire quelque chose.

— Tu veux bien me laisser voir ça?

Elle hésite longuement, mais relève enfin la manche de son haut. J'espérais au plus profond de moi que ce serait une blessure accidentelle, mais elle l'avait bien fait d'elle-même. Sans poser de questions, je me contente d'arrêter le saignement en me m'unissant d'une trousse de secours. Et au vu de ses expressions du visage, elle ne s'était définitivement pas rater.

— T'as raison de ne plus m'aimer et de t'éloigner, regarde moi.. Je suis insignifiante et je-

— Eh, eh... Je t'interdis de dire ça. Si je ne t'aimerais pas, je ne serais pas là. Je ne serais pas venu te voir directement et je m'inquièterais encore moins pour toi.

Quelques sanglots s'écrasent une énième fois sur ses joues, et mon pouce ne se prive pas de les essuyer tant je détestais cette vision.

— J'me sens pas prête à faire cette promo... J'peux pas, pas dans cet état. J'ai juste envie d'aller dans un endroit où j'me sens 'chez moi', et le problème c'est que je ne vois pas où est-ce que ça pourrait me mener. J'ai pas envie d'être seule...

— Je vais vraiment devoir terminer cette promo, mais j'te promets qu'après ça on ira chez moi, à Los Angeles. Je te lâcherais pas, d'accord?

Elle me fait part de son plus beau sourire, visiblement en accord avec cette proposition.

— Quelle chance, tu vis seul...

— Et c'est aussi chez toi.

Son joli sourire timide illumine l'entièreté de son visage, pour mon plus grand bonheur. Même dans les pires états, elle restait la plus belle à mes yeux.

— Tu ferais mieux d'y aller. Je vais m'enfermer ici comme ça personne ne pourra m'embêter, ne t'en fais pas.

— Justement, le fait que tu sois seule ne m'enchante pas. Regarde ce qu'il s'est passé.

— Tu peux compter sur moi. Je suis déjà heureuse de savoir qu'on va pouvoir passer du temps ensemble et que je n'aurais pas à rentrer chez moi.

— Promets-le moi.

— Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Je te le promets.

secret par amitié [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant