XXXV

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Malgré mon inquiétude grandissante, je me devais de terminer cette promo. Il me restait peut-être un ou deux jours, tout dépend si je tarde encore comme ce matin. Je n'avais aucune pression sur mes épaules, j'étais adulte maintenant et indépendant, pas même mon manager ne me dictait ce que je devais faire, c'est ce qui me plaisait depuis ma majorité.

En revanche, Millie subissait une horrible torture. Et même si tout se passait à merveille de mon côté, ses problèmes devenaient très vite les miens. Je ne pouvais pas m'empêcher de me faire du soucis pour elle.

— Dur nuit?

— Pardon? Quoi?

Je ne prêtais pas vraiment attention au monde autour, puisque c'était l'heure du temps de pause. Caleb se trouvait à mes côtés. Et c'est d'ailleurs lui qui me fait sortir de toute mes pensées, sans doute parce que j'avais les yeux scotchés sur mon téléphone en attendant ne serait-ce qu'un seul message alarmant de la part de Millie.

— Je disais, dur nuit. On dirait que t'as pas beaucoup dormi.

— Oh, hum. Ouais. J'ai eu du mal à m'endormir.

— Je dis ça aussi parce qu'on a plus du tout eu de nouvelles de toi après ton départ dans l'ambulance. Et puis, on a su qu'elle s'était enfuie de l'hôpital, on s'est sûrement dit que-

— Te fais pas d'allusion. Elle dort au même hôtel que moi, et oui je l'ai aidée à s'en aller. Elle ne se sentait pas bien là-bas.

— C'est vrai? Parce que je suis au même hôtel que toi au cas où tu n'aurais pas remarquer ma présence, et vous avez fait un sacré boucan hier soir. Si c'était vous.

— C'est assez flippant ce que tu dis mais je vais rien dire parce que t'es mon pote, sans doute? Non mais... Je l'ai juste aidé, rien de plus. J'peux pas t'en parler mais c'est compliqué de son côté, elle est au plus mal en ce moment et j'veux pas que ça s'ébruite trop.

Caleb n'insiste pas plus, comprenant finalement la véritable raison de son absence aujourd'hui. En effet, la jeune femme a préféré mettre la faute sur son malaise, ce qui n'était pas plus mal.

— J'vous adore tout les deux, et je considère Millie comme une sœur à ce stade. Mais fais attention à toi quand même, j'veux pas encore te ramasser à la petite cuillère.

Au même moment, un message de Millie me distrait, disant que je lui manquais. Ce message ne pouvait pas mieux tomber puisque je me mets à sourire devant mon écran. Caleb n'eut donc aucun mal à le remarquer.

— T'as recraqué, pas vrai?

— Je n'ai pas craquer. Seulement, quoi que je fasse, quoi que je dise, mes sentiments resteront les mêmes. Je pourrais jamais me détacher de cette relation. J'ai l'impression que je pourrais jamais aimer quelqu'un d'autre.

— Laisse-toi encore du temps.

— J'ai attendu deux ans comme ça.

Personne ne pourrait me conseiller, j'étais l'un des seuls à savoir ce qui se passait dans la vie de Millie, et encore, je ne savais pas tout. La conversation ne pu suivre son cours compte tenu de la reprise de la promo. Caleb se contente de me lancer un regard compatissant, mais je voyais bien qu'il s'inquiétait. L'ennui maintenant c'est que ces propos m'avait encore plus freiné.

Nous étions face à tout un tas de fans ainsi que d'un seul interviewer. Lequel se permet de me demander des nouvelles de Millie, voir même de connaître le statut de notre relation. Il n'en était rien à l'heure actuelle, mais je n'appréciais pas le fait que ce genre de questions sortent, cela faisait partie de ma vie privée et non de la série.

Dans les environs de dix-huit heures, la promo touche enfin à sa fin. J'aimais partager des moments avec mes fans et échanger, ça faisait aussi partie de mon métier. Toutefois, il est vrai que depuis que je l'ai quitté ce matin, Millie occupait mon esprit. Par conséquent, je ne tarde pas à filer.

— Hé, Finn!

Gaten attire rapidement mon attention alors que je m'apprêtais à rejoindre Millie. Je n'allais tout de même pas l'ignorer.

— Tu viens? On va tous ensemble au Times Square!

— Qu'est-ce que vous allez faire là-bas?

— On va manger un bout et après on verra. Ça te dis?

— Ça a l'air super mais j'ai des choses à faire.

Mon ami semble cette fois assez peiné par ma réponse, mais son expression change du tout au tout. Il s'avance calmement vers moi et me susurre:

— "Ces choses", ce serait pas Millie?

— Je rêve. On est votre sujet de discussion préféré, pas vrai?

— Du calme. Elle peut venir, c'est aussi notre amie. Quoi qu'il se passe de son côté, rester seule n'est pas la meilleure des solutions. Propose lui s'il te plaît.

— J'te garantis rien mais ouais. J'te tiens au courant.

En raison de ce qu'il s'est passé plus tôt dans la journée, je n'étais pas convaincu que c'était une si bonne idée de sortir et je n'étais pas non plus très convaincu par la réponse qu'allait me donner la jeune femme.

En entrant prudemment, je m'aperçois qu'elle n'était finalement qu'entrain de dormir sur le sofa. La nuit précédente l'avait vraisemblablement plus épuisé que moi. Risquant encore une fois de la réveiller dans de mauvaises conditions, je me pose à la hauteur du sofa en la regardant dormir tendrement. Pour une fois, elle avait l'air bien plus apaisée.

N'ayant aucune bonne façon de la réveiller, je m'obstine simplement à caresser son bras, espérant que ça fasse son effet. Celle-ci ne tarde d'ailleurs pas à se réveiller dans un sursaut en se redressant presque brutalement, la main placée sur sa poitrine côté cœur.

— Ça va pas? T'as fait un cauchemar?

Je prends place à ses côtés, soucieux de son état actuel.

— Non. T'en fais pas, ça va. Je pensais que c'était quelqu'un d'autre, j'ai eu peur.

— J'suis vraiment désolé. Viens par-là.

Mon seul réflexe étant de l'attirer dans mes bras, je souris instantanément sans vraiment comprendre pourquoi, mais je me sentais si bien à présent.

— Je pensais pourrir toute seule ici. Tu m'as vraiment manqué.

— Encore un jour à tenir. D'ailleurs... T'as pensé à manger?

— J'avais pas envie de me faire surprendre. Alors non...

Et dire qu'elle n'avait rien dans le ventre depuis quasiment vingt-quatre heure... Comment faisait-elle pour tenir autant sans manger? Quoi qu'il en soit, la proposition de Gaten tombait à point nommé.

— En parlant de ça, Gaten nous a proposé de sortir sur Times Square tous ensemble. J'te le demande au cas où tu dirais non.

— Je t'avoue que j'ai pas trop la tête à sortir, mais je dirais jamais non à un bon hamburger, et surtout de passer du temps avec mes amis.

Sur ces belles paroles, je laisse la belle blonde se préparer un peu plus de façon à sortir sans qu'on ne la pointe du doigt à tout les coins. Je préviens Gaten comme convenu, puis nous quittons séparément les lieux afin d'éviter d'éveiller le doute des personnes autour de nous. Sans oublier que Millie était camouflé de la tête au pied puisqu'elle n'était pas censé se trouver ici. Tout compte fait, cette sortie en groupe n'était peut-être pas l'une des meilleures idées de Gaten.

secret par amitié [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant