Chapitre 25

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Comme promis, je vis Uriel le lendemain. Et les jours d'après. Notre routine avait repris son cours. Maintenant que nous avions parlé, la tension s'était grandement apaisée.

Mais ce ne fut rien à côté de la paix que je ressentais en sachant ne plus avoir à me cacher. Ma confession pourrait n'aboutir à rien, j'avais au moins été honnête. Et je n'avais plus à craindre de le perdre. Comme moi, notre relation comptait énormément à ses yeux. Je pouvais déjà deviner que peu importait l'issue de sa réflexion, nous trouverions un moyen pour rester ensemble.

Et si mes sentiments étaient un obstacle à notre amitié, je les sacrifierais sans hésiter.

...

C'était évidemment plus facile à dire qu'à faire...

Comment ne pas l'aimer davantage quand il était... qui il était ? Comment empêcher mon affection de croître quand il se montrait bien plus tendre depuis qu'il avait conscience de ce que je ressentais ? Et comment ne pas en être tourmenté quand il agissait de cette manière sans m'affirmer quoi que ce soit.

Si je savais quoi faire auparavant, aujourd'hui, je n'étais sûr de rien. Je ne voyais pas l'intérêt de prendre mes distances alors qu'il se questionnait encore. Et je ne cherchais pas non plus à agir différemment puisque ses sentiments n'étaient pas certains. Seule ma conscience se réjouissait de la situation.

Ces pensées tournèrent dans ma tête alors que je faisais mes longueurs, et je ne revins à moi que lorsque ma tête émergea de l'eau. Le regard de mon coach, Fletcher Reynolds, semblait déçu, non réprobateur. Je laissai mes lunettes pendre à mon cou, prêt à affronter mon temps, sans doute désastreux, et ses réprimandes.

— 2 : 56 : 36

Aïe...

— Owens... soupira-t-il, les sourcils froncés.

Je pouvais déjà sentir ce qu'il allait me dire. Je fus moi-même étonné d'avoir fait un temps aussi minable pour un 100m, sans en être finalement réellement surpris. Depuis ma discussion avec Uriel l'efficacité de mes performances ne fit que diminuer.

— Je ne comprends pas, ton temps est de pire en pire ces jours-ci... Tu es sûr que tout va bien ?
— Oui oui, tout va bien, mentis-je.
— Certain ?
— J'ai... juste un petit coup de mou. Mais je vais me rattraper !

Il souffla une énième fois, peu convaincu. Mais qu'aurais-je pu lui dire d'autre ? Reconnaître que j'étais occupé à rêvasser ? Que la simple idée qu'un colombien châtain aux yeux bleus pensait à moi me faisait perdre mes moyens ? J'étais embarrassé d'avouer qu'une unique personne avait la capacité d'accaparer toute mon attention.

— Écoute, la compétition est dans moins d'un mois. Si tes résultats ne s'améliorent pas, je n'aurais pas d'autre choix que de te remplacer.
— J'ai compris...

Les épaules de Mr. Reynolds s'affaissèrent alors qu'il m'offrit un sourire encourageant.

— Aller, encore une fois.

Il se releva du plot de départ. Je me hissai hors de l'eau et partis me placer à l'endroit qu'il avait quitté depuis peu. Debout sur le plot, je tentai de faire abstraction des pensées qui me distrayaient dernièrement pour me focaliser sur la compétition. Je les vis doucement se noyer une à une jusqu'à ce que mon esprit se vide entièrement. Y participer était toujours une chance de se faire repérer, connaître dans le milieu, ou tout simplement montrer ce qu'on valait, se mettre au défi. Je ne pouvais me retrouver sur le banc à cause d'un manque d'attention.

Je remis mes lunettes sur mon visage. J'inspirai, puis expirai profondément avant de me pencher, mes doigts agrippés au bord, et un pied en arrière prêt à me propulser. Je fermai les yeux, visualisant mon objectif sous mes paupières closes, listant chaque conseil qui m'avait été donné jusqu'ici. Quand Mr. Reynolds siffla, mon corps s'étendit presque aussitôt et je plongeai.

Anyone Except UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant