Anyone Except U

Chapitre 31

Plusieurs jours étaient passés depuis. Uriel et moi continuions à nous rapprocher de plus en plus. Sa confession nocturne tournait dans mes songes à chaque instant. Il m'aimait. Je le savais, aujourd'hui, j'en étais plus que certain. Il ne me restait plus qu'à le convaincre doucement qu'il n'avait pas besoin de temps, juste de sauter le pas.

Mais comment y parvenir quand je le voyais de moins en moins. Maintenant que ma compétition était passée, et que la fréquence de mes entraînements étaient revenus à la normale, je disposais de bien plus de temps libre. À contrario, le concours de danse d'Uriel approchait et son emploi du temps était bien plus chargé. Même si je me doutais qu'il le regrettait autant que moi, nous retrouver devint bien plus difficile. Nous n'étions pas une seule fois rentrés ensemble depuis plus d'une semaine. Je finissais mes journées chez Jacob, à la piscine, ou encore chez moi.

J'avais même dîné quelques fois avec Layne, ce qui avait eu le don de rendre jaloux mon peureux d'indécis. Du moins jusqu'à ce qu'il apprenne que nous n'étions pas en tête à tête... enfin pas tout le temps.

Et, chaque soir, je me retenais d'aller chez lui car je le savais éreinté. Bien que je me doutasse que sa fatigue ne l'empêcherait jamais de me tenir compagnie, je préférais m'assurer de ne pas être un poids de plus dont il s'accommoderait. Je me contentai de nos appels qui se terminaient toujours lorsqu'il s'endormait à l'autre bout du fil.

Mais le manque commençait à se faire sentir. Me retrouver à ne presque plus le voir alors qu'on s'était enfin rapproché était frustrant. J'eus beau me montrer attentionné, mon désir de passer du temps avec lui prit le dessus ; je pris donc la décision de débarquer chez lui après les cours. Du moins, après avoir passé près de deux heures, si ce n'était trois, à travailler avec mon binôme – Meredith – sur le dernier projet de groupe de l'année.

Ce soir, il m'avait été difficile de rester concentré sur notre devoir, que je fusse conscient de voir Uriel après me rendit plus impatient que d'habitude. Je n'avais cessé de me retenir de soupirer, de rouler des yeux. Ce travail en était devenu une réelle torture. Je parlais souvent à Meredith en dehors des cours, en général, alors je n'avais pas été réticent que le prof nous ait mis ensemble. Mais j'ignorer combien il serait compliqué que l'on travaille tous les deux. Nos idées ne coïncidaient presque jamais, et elle était aussi têtue que moi.

Notre bonne entente était mise à rude épreuve chaque fois que nous discutions de ce maudit projet !

Alors, tout comme moi, Meredith se précipitait de sortir en soufflant dès que nous en avions terminé. Nous en riions quelques fois mais très souvent, nous ne cherchions qu'à fuir ce calvaire. Parfois, je m'affalais un temps sur ma chaise, expirant profondément. Je passais mes mains sur mon visage, me libérant de toute cette tension que nous retenions difficilement.

Il était 20 h passé. Je savais Uriel être rentré de son cours de danse depuis un bon moment maintenant, et seul ce maudit devoir en binôme m'avait empêché de le rejoindre plus tôt. Je quittai la bibliothèque en trombe dès l'instant où nous convînmes de notre prochain rendez-vous. Mais peu importait mon empressement, je ne serais jamais assez rapide, encore moins en devant attendre le bus qui tardait à venir.

C'était dans ce genre de situation que je regrettais de ne pas encore avoir passé mon permis. À 17 ans, j'économisais depuis un an en travaillant pendant les vacances d'été, à cause d'un entêtement idiot de vouloir faire mes preuves, mais je commençais à en avoir marre. J'étais à deux doigts de mettre ma fierté de côté et de les supplier de me payer mon apprentissage à la conduite. J'avais l'impression qu'une éternité me serait nécessaire pour réunir le budget dont j'avais besoin.

Alors je me contentai des transports en commun, une nouvelle fois. Tête cognant contre la vitre, et écouteurs dans les oreilles. J'observais le paysage défiler, devenant plus impatient à chaque arrêt.