Bus Stop 3.

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Je m'efforce de tracer des bons coups de crayons alors que je sens un regard insistant sur moi.

Aveuglée par mes pensées futiles et mon dessin qui commence à ressembler à quelque chose de ressemblant, je n'ai pas remarqué qu'une petite fille me fixe depuis que le bus s'était arrêté à l'arrêt précédent.

Je lui souris gentiment, elle hésite un instant et me fais un sourire qui me montre toutes ces dents. Je ris un peu plus fort et elle rit avec moi. Cette petite fille est adorable.

Elle portait des petites chaussettes hautes rentrés dans des ballerines blanches qui se mariait à la perfection avec sa robe au couleur du soleil. Ses longs cheveux bruns étaient détachés, seule une petite mèche était retenue par une barrette, blanche elle aussi. Ses yeux étaient d'un vert époustouflant et son sourire valait bien plus que tous ceux que j'avais pu voir jusqu'à présent, comme s'il était capable de faire stopper les guerres et de faire régner la paix dans le monde.

La femme qui est à ses côtés, que je devinais être sa mère par la couleur de leurs yeux, regarde sa petite fille puis un sourire s'affiche clairement sur son visage, encore très bien modelée pour une mère. Elle devait être très jeune car elle n'avait aucun signe de vieillesse visible sur le visage ou les mains. A moins, qu'elle ne fasse appelle à la chirurgie, ce que je doute fortement.

Les voir toutes les deux aussi heureuses et épanouies, me rappelait de très bons souvenirs avec ma mère. Nous n'avions pas toujours été une famille dysfonctionnelle. Nous avons aussi eus nos moments de joie et d'efflorescence. Et ça me manque terriblement car à cette époque là, nous étions encore une famille unis. Ce qui n'est malheureusement plus le cas maintenant.

Sa mère me regarde et garde ce même sourire aussi franc sur le visage ce qui me fait baisser la tête. Je ne suis pas habituer à tant de gentillesse de la part des autres. Mais j'imagine que ce que l'on donne, nous revient à un moment ou à un autre.

La petite fille garde ce regard d'admiration sur moi et une idée me vient. Je lui dis d'attendre deux secondes et farfouille dans mon sac l'objet qui pourrait ravir ce petit ange, sous ses yeux confus. J'arrête ma musique, entre temps, et trouve enfin ce que je cherche. Je lui tends et son visage est illuminé par son sourire enfantin. Elle se tourne vers sa mère comme pour lui demander la permission et celle-ci hoche la tête. La petite brune prend automatiquement la sucette en sucre d'orge, que ma mère m'avait donné au cas où j'aurais une petite faim, et se bat avec le plastique, surement presser de goûter à cette sucette. Malheureusement pour ma mère, les sucreries ne sont pas mon encas préféré. 

Quand elle arrive enfin à dérouler la sucette de son emballage, elle me regarde et me sourit.

"Merci. Je m'appelle Tania, et toi, tu t'appelles comment ?" me demanda-t-elle de sa voix douce.

"Jane."

"Oh ma copine s'appelle Jane aussi mais je l'appelle Janey. Est-ce que je peux t'appeler comme ça ?"

Je secoue la tête en souriant. Ma grand-mère m'appelle comme ça.

"Tu.. tu ne veux pas ?" me dit-elle, un brin de tristesse dans sa voix.

"Oh non non. Bien sur que si tu peux m'appeler comme ça." la rassurai-je.

Je me frappe mentalement pour avoir secouer la tête. Elle me refait son sourire que j'aime tant, tout en savourant la friandise. Après tout, peut-être que je ne suis pas une si mauvaise personne que ça. 

Elle continue de me poser des questions auxquelles je réponds sans gêne. Je n'aurais jamais cru que j'étais capable d'une telle chose, discuter avec quelqu'un que je ne connaissais pas et surtout, lui raconter des choses sur ma vie. Le fait qu'elle n'ait pas plus de 10 ans aide beaucoup aussi. Mon esprit doit se dire qu'à cet âge-là, il n'y aucun risque qu'elle puisse me faire du mal. Elle ne recherche qu'à s'amuser et n'est pas consciente du monde qui l'entoure. Du moins, pas encore. 

Le bus s'arrête et sa mère l'entraîne vers la sortie.

"Au revoir, Janey." me salue-t-elle.

"Au revoir Tania." souris-je.

Mon sourire ne veut pas s'effacer de mon visage tandis que les portes se referment, annonçant son chemin vers la station suivante et mon éloignement vers la seule personne qui ait fait de ma journée la meilleure qui soit.

Terminus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant