Bus Stop 16.

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Promesse tenue ! Je posterais le dernier demain, j'aime vous faire attendre ;) xx

"Wow, on peut dire qu'on s'ennuie pas avec toi." rit Zachary en allongeant ses jambes sur le siège devant lui.

Un frisson me parcourt lentement de la tête aux pieds quand il bouge son pouce sur ma main. La Jane audacieuse a préféré prendre ses jambes à son cou. Je dégage lentement ma main de la sienne en essayant de faire au mieux pour ne pas qu'il s'en aperçoive mais c'est perdu d'avance, ça se remarque qu'on ne tient plus la chose que l'on avait dans la main. Il tourne son regard vers moi alors que le mien se retrouve à regarder le paysage, encore une fois.

Quand les battements de mon cœur vont-ils ralentir ? Ils résonnent sur mes tempes comme de vrais tambour. Du coin de l'œil, j'aperçois qu'il ne sourit plus. Bien parce que cette situation est tout sauf marrante. Si c'était son idée pour détendre l'atmosphère et bien, il va falloir qu'il retente sa chance.

Je n'ai pas l'habitude d'autant d'agitation dans ma vie. Socialement parlant. Ordinairement, les gens comprennent quand une personne se met à l'écart qu'il faut la laisser dans la solitude. Pourquoi ne l'ont-ils pas compris ? Je me demande encore qu'est-ce que Zachary fait à côté de moi. Vu la manière dont j'ai agis, il me prends certainement pour une fille bien trop compliquée. Et c'est ce que je suis. Compliquée.

En reprenant mes esprits, je me rends compte que nous sommes à la moitié du voyage ce qui veux dire que nos chemins viendront à se séparer dans peu de temps. Est-ce normal que je ne sois pas d'accord avec ça ? Même si nous n'avons pas échangés grand chose lui et moi, ça m'a suffit pour le cerner et le comprendre. Surtout, à commencer à l'apprécier.

D'un coup, je me tourne vers lui et mon mouvement brusque a servi à capter son attention puisqu'il se tourne vers moi.

"Pourquoi moi ?" demandai-je après quelques instant de silence.

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas ma question et me demandant de développer.

"Pourquoi es-tu venu me parler ? Pourquoi t'es-tu assis ici ? Pourquoi ? Enfin, je veux dire, regarde moi. Tu pourrais trouver dix fois mieux." dis-je en agitant les bras.

Il sourit en baissant la tête avant de répondre, "Oui, Jane je te regarde et ça fait trois jours que je fais ça. Pourtant, tu as exactement la même lueur qui traverse tes yeux, comme si tu étais en mille morceaux à l'intérieur et qu'on t'avait enlever chaque étincelle de bonheur. "

Je m'immobilise à ses paroles. Je ne m'attendais absolument pas à une réponse comme celle-ci. C'est la première fois que quelqu'un me dit une telle chose. Surtout, c'est la première fois qu'une personne que je viens de rencontrer il y a à peine une heure me comprend parfaitement. Comment peut-il voir autant de choses dans un regard ?

"Le regard en dis long sur la personne. Ne sous estime jamais son pouvoir." continue-t-il.

Son regard croise le mien et je me fige instantanément. Le pire dans tout ça, c'est qu'il a entièrement raison et que je ne peux pas le nier.

Pourquoi j'ai l'impression qu'il répond à tout mes questionnement intérieur sans que je ne sois obligé d'ouvrir ma bouche ?

"Un don, je l'ai déjà dit." dit-il en se replaçant droit sur son siège.

"Arrête de faire ça." souris-je légèrement.

"Ah." Il pointe mon sourire. "Je crois avoir vu tes lèvres s'étirer, est-ce que j'ai rêver ?"

J'enlève son doigt de devant ma bouche en riant mais il arrive à envelopper ma main, m'empêchant de me défaire de sa poigne. Pourquoi fait-il ça ? 

"Est-ce que tu veux en parler ?" me demande-t-il doucement en ayant perdu son si beau sourire.

Je perds le mien aussi rapidement et me mords l'intérieur des joues. Devrai-je lui en parler alors que je ne le connais que depuis une heure environ ? Bien sur que non. Et puis qui me dit qu'il n'est pas envoyé par mon frère et que c'est encore une de ces stupides blagues ?

J'enlève rageusement mon doigt de sa main et me tourne vers la vitre, embuée. Je pose ma tête sur la fenêtre et la fraîcheur de celle-ci me fait tout de suite penser à autre chose, surtout à calmer mes rougissements.

Peut-être qu'il ne fait pas parti d'un des plans machiavéliques de mon frère, mais comment en être sure ? Je ne suis jamais à l'abri avec lui et c'est pour cette raison, que je me méfie de tout ce qui m'arrive de bien car il en est soit la cause soit ce n'est pas lui et il finit par tout gâché. Mes espoirs envolés comme à chaque fois, le même refrain, la même chanson en boucle.

Néanmoins, mon instinct me dit tout le contraire de ce que je pense. Il est sûre de ce qu'est Zachary et me crie de m'accrocher à lui autant que je le peux car je ne rencontrerais quelqu'un comme ça qu'une seule fois dans ma vie et qu'il arrivera un moment où j'arriverais à le regretter.

Je soupire un grand coup et me replace correctement sur mon siège, en étirant mes jambes. Je ne sais pas si c'est ce qu'il veut entendre, je ne sais pas ce qu'il voulait que je lui explique mais je décide de vider mon sac. Ça m'a fait du bien tout à l'heure avec Janessa, espérons que je ressente la même sensation.

"Taylor est mon frère jumeau." dis-je ce qui attire l'attention de Zachary. "Il a toujours été jaloux de l'amour que me portait ma mère quand nous étions enfants. Elle était beaucoup plus proche de moi que lui et il en souffrait." Je renifle sentant les larmes monter. "Alors quand mes parents ont divorcés il y a quatre ans, il est parti vivre avec mon père et je suis resté avec ma mère. Ça a été comme un déclic pour lui et le cauchemar n'a fait que commencer pour moi." Je baisse mon regard vers mes doigts qui joue nerveusement ensemble. "À chaque occasion qui se présentait, il m'humiliait, me frappait, m'insultait et je passe les détails de ces plans pour me mener la vie dure. Oui, c'est ça, il m'a mené la vie dure pendant une longue année avant que se produise la coup fatal." Je ris bêtement en y repensant. "Un nouvel arrivant au lycée dont je suis tombée amoureuse qui s'avérait être en fait le copain de Taylor qui l'avait payé pour se faire passer pour mon petit-ami. Amusant non ? Mais ça, je ne le savais pas encore à la soirée. Cette soirée où tout m'a complètement échappé." Je retiens mes larmes au mieux et Zachary prend ma main dans la sienne, entrelaçant nos doigts. "Matt, le connard d'ami de mon frère, m'a emmené dans une forêt en me faisant croire qu'il m'y préparait une belle surprise romantique sauf qu'arrivé sur les lieux, il m'a abandonné. Je me croyais seule mais ils étaient tous cachés, à leur poste, me réservant le sort ultime. Ils m'ont déshabillés de force et ont brûlés mes vêtements pour que je n'ai aucune de chance de rentrer chez moi. Mon frère était en train de filmer toute cette scène, caché derrière un arbre. Après avoir pris près de quatre heures pour rentrer chez moi, je ne me doutais pas une seconde de ce qu'il m'attendait le lundi. Tout le lycée était placardé de photos de moi d'un site pornographique me montrant en sous-vêtements, les photos était retouchés évidemment mais ça tout le monde s'en foutait. Tout ce qu'il voulait c'était quelqu'un sur qui défouler leur haine et sur qu'ils pouvaient rire. À partir de ce jour, tout le lycée est contre moi. Ce qu'il y a de pire, je pense, c'est que mes amis ne m'ont pas crus. Ma seule amie d'enfance a été hurlé devant chez moi que je ne valais rien, qu'elle savait que je jouais la sainte ni-touche pour avoir plus de mecs dans mon lit en finissant par dire qu'elle avait honte d'avoir été amie avec moi. Devant chez moi ! Tu te rends compte ?"

Je passe mes mains sur mon visage et souffle. Me remémorer toute cette histoire était une très mauvaise idée mais il fallait que je lui raconte pour qu'il me laisse tranquille et qu'il comprenne que je ne suis pas une personne à approcher. Je suis un déchet que l'on a écrasé, jeté et frappé. 

Je n'ai pas pu regarder une seule fois Zachary dans les yeux de tout mon récit et je ne veux pas voir l'expression que son visage affiche. Ça me ferait trop de peine. Le bus s'apprête à s'arrêter et je me baisse pour ramasser mon sac.

"Oh et s'il te plait, n'aie pas pitié de moi." dis-je en le regardant enfin. Il est stoïque, ne sachant pas quoi répondre. "J'ai déjà eu ma dose de compassion."

Je me lève sans un regard de plus et franchit les portes du bus quand j'entends mon nom être appelé, je me met à courir sous les trombes d'eau qui m'agresse.

"Jane !"

Terminus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant