Bus Stop 11.

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Chapitre plus looooong xx

"Jane, ces dessins sont incroyables !" Je retire mes mains de mon visage quand il s'écrie de cette manière pour apercevoir le sien, habité d'un magnifique sourire.

Mes yeux dérivent vers Lauren, qui a les bras croisés sur sa poitrine me lançant un regard significatif. Lauren, c'est pas le moment de faire ta crise de jalousie.

"Tu ne te rends vraiment pas compte du talent que tu as." ajoute-t-il en me regardant. "Je te jure que-"

Il s'arrête dans son élan après avoir tourné la dernière page de mon carnet et baisser les yeux dessus.

C'est son portrait.

Il fixe la page en fronçant les sourcils comme s'il n'en revenait pas, qu'il cherchait une quelconque explication à ce dessin. Je n'arrive plus à rien faire, mes membres sont tétanisés et mes joues s'empourprent de plus en plus. Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire pour que je me sorte de là.

Quand je remarque que les secondes deviennent des minutes, je lui reprends immédiatement le cahier des mains. Il reste aussi figé qu'une statue de pierre alors que je range mes affaires dans mon sac. Je n'imagine même pas ce qu'il est train de penser. Officiellement, il doit me prendre pour une tarée.

Je me plonge dans la contemplation du paysage qui défile sous mes yeux malgré mes pensées qui divaguent sur le jeune garçon à mes côtés. Sa réaction a réveillé mes méthodes de renfermements sur moi-même. Je croyais qu'avec lui c'était différent mais apparemment je me suis trompé sur toute la ligne. Comme à chaque fois que j'aperçois une once d'espoir.

Je retiens les quelques larmes qui menacent de tomber, me donnant un mal atroce au niveau de la gorge. Je ne dois pas montrer que je suis faible.

"Jane, je suis désolé d'avoir réagi comme ça." je l'entends me dire d'une petite voix et je renifle.

Je dépose mes yeux sur son visage qui reflète sa culpabilité. Du coin de l'œil, je vois Lauren hocher vigoureusement de la tête en me montrant toutes ses dents dans un sourire incomparable. Je lâche un petit rire à cette scène tandis que mon attention se redirige vers Zachary. Après tout, c'est encore presque un inconnu pour moi et je ne peux pas lui en vouloir si vite. 

"Ça va, je t'avais dit que tu allais me prendre pour une folle." j'hausse les épaules en souriant légèrement.

Il me regarde un instant et rit. Je ne comprends pas très bien pourquoi il rit mais sans que sache pourquoi, je m'y met aussi. L'association de nos deux rires créé une mélodie dont je pourrais facilement m'habituer.

"Je ne te prends pas pour une folle. C'est juste que maintenant, je sais pourquoi tu me fixais aussi intensément." me sourit-il en coin.

Oh mon dieu. Et c'est le moment où je me dirige vers la sortie pour m'enfermer dans ma chambre le restant de mes jours.

Plus sérieusement, qu'est-ce qu'il lui prends de dire des choses comme ça ? Mon métabolisme n'est pas du tout habitué à vivre de tel rebondissements. Je ne sais même pas si je pourrais tenir debout si je me mettais sur mes deux jambes.

Je le frappe au bras et il gémit, provoquant mon rire.

"Pourquoi tu as fait ça ?"

"Parce que j'en ai envie."

"Ah oui, donc tu fais les choses dont tu as envie sans prévenir comme ça ?"

J'acquiesce en souriant. À vrai dire, je ne pourrais même pas me l'expliquer moi-même. Je ne fais presque jamais les choses dont j'ai envie, sur le moment. Ce n'est absolument pas moi. 

D'un coup, il change de comportement et son expression d'étonnement passe à un trait de malice. Qu'est-ce qu'il a en tête ?

"Donc, s'il me prends l'envie de faire quelque chose, tout de suite, je peux le faire aussi ?"

Il me fixe de son regard envoûtant et transcendant d'une manière étrange. J'essaye d'interpréter sa gestuelle pour abréger ma réflexion mais j'ai du mal à le cerner.

"C'est toi qui vois."

Nos yeux ne se déconnectent sous aucun prétexte.

"Si maintenant j'ai envie de t'embrasser tu dirais quoi ?"

J'arrête de respirer et me mords l'intérieur des joues. Je discerne un rire étouffé à ma gauche que j'identifie comme celui de Lauren. Traîtresse. Mon cœur s'affole à une vitesse incroyable et un vent de chaleur traverse tous mon corps. J'espère qu'il plaisante.

"Je rigole." Son rire parvient à mes oreilles et je respire à nouveau.

Qu'il ne me refasse jamais ça, j'ai cru mourir. Je ne sais pas gérer les situations imprévisibles. Je souris faiblement, le suivant dans sa 'petite blague' qui ne m'a pas du tout fait rire.

Le bus réalise son onzième arrêt, se stationnant sur l'emplacement qui lui est réservé.

Alors que Zachary me regarde encore en train de rire, il tourne sa tête vers l'entrée des passagers. Son sourire se fane et il passe sa langue sur lèvres. Il passe nerveusement une main dans ses cheveux et dépose subtilement son bras sur mes épaules.

Je lui écarquille les yeux et il se penche vers moi. La distance entre nous a été considérablement réduite.

"Cette fille que tu vois à l'entrée" il me pointe discrètement une brune, habillé assez découvert en ce temps "me tourne autour depuis mon arrivée à Montalivet. S'il te plait, joue le jeu. Tu me dois bien ça, j'ai encore mal au bras." Il me sourit.

Je secoue la tête en souriant. Mais dans quoi est-ce que je vais m'embarquer encore ?

Terminus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant