Chapitre 8: C'est son choix

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Je suis encore resté à l’hôpital quelques jours. Parce que mon père insiste. Je rêve de la voire, de la tenir dans mes bras. Je n’arrive pas à me résoudre à ce que ça ne puisse pas se reproduire un jour.
Je me demande comment elle va ? Est-ce qu’elle a faim ? Soif ? Est-ce qu’elle dort bien ? Et surtout la question qui me hante est ce qu’elle se souvient de moi ?
Je sors de l’hôpital aujourd’hui, j’ai hâte de pouvoir rentrer à la maison. Surtout parce que je pourrais la voire même de loin ça sera déjà ça. Mon père part demain en Inde pour un moment, il a insisté pour que j’aille avec lui. Mais je ne peux pas la laisser. Je sais que je ne pourrais jamais vraiment être avec elle, mais je dois pouvoir savoir si elle va bien je dois pouvoir l’entrevoir. La phrase de Daryl « Tu n’es pas sa mère » me hante, je le sais, mais je ne peux absolument pas le ressentir. J’éprouve de l’amour maternel pour elle et même si quelqu’un voulait m’en empêcher, ils n’y arriveraient pas.
Je suis rentrée il y a une semaine, mon père est parti avec une vive inquiétude, je lui ai promis que si je n’étais pas bien, je le rejoindrais. Je passe quatre-vingt pour-cent de mon temps devant la fenêtre à les guetter. Je suis content quand j’arrive à la voir de loin. Je voudrais pouvoir la toucher et lui dire que je l’aime mais pour le moment, il faut patienter. J’espère que Daryl sera calme et me laissera la voir et la toucher. Josh m’envoie des photos, elle est si jolie. A chaque fois, je les imprime et les mets dans une petite boite. Je pourrais lui montrer que même si je n’étais pas là, je pense à elle tous les jours. Emi s’inquiète et me demande de la rejoindre chez elle. La seule personne qui ne veut pas que je vienne et que je rêverais qu’il me le demande, c’est Daryl. Je sais qu’il ne m’aime plus mais je continue à l’aimer. Je sais qu’il souffre et ça me fait de la peine mais étrangement je ne pense pas qu’il souffre autant que moi de ne pas pouvoir voir ma fille. Parce que oui ! A mes yeux, c’est ma fille ! Peu importe que je ne l’ai pas porté neuf mois, je l’aime comme une mère aimerait son enfant ! Rien ni personne ne pourra changer ça ! Même si Daryl m’empêche de la voir, il ne pourra pas m’empêcher de l’aimer.
Je me réveille après une nuit agitée, je me suis levé presque toutes les heures parce que je voyais la lumière de sa chambre allumée. J’ai harcelé Josh de message, mais tout allait bien, les coliques du nourrisson. Je prends une douche et je m’habille. Une robe noire avec des chaussures à talon haut noir aussi. Je mets ma veste en cuir et attache mes cheveux en un chignon négligé avec quelques mèches qui tombent sur mon visage. Je respire profondément pour me donner du courage, je dois le faire.
En voulant partir, je vois accrocher à ma porte une enveloppe. Je la décroche et l’ouvre en fronçant les sourcils. Je suis choqué de voir le contenu mon cœur rate un battement ! Une interdiction d’approcher de Daryl et de sa fille ! Il a osé ! Quel enfoiré ! Il faut que je me concentre et que je respire ! Je dois y aller !
J’ai pris un taxi pour me diriger au cimetière ou Kim repose maintenant. Le trajet est lourd et il fait gris dehors à croire que la météo me prévient que ce qui c’est passé et triste, j’ai la lettre dans ma main crispée.
Il ne s’arrêtera jamais j’en suis maintenant sur. Il est colérique je le savais mais ça va trop loin pour moi.
Une fois arrivé, je fais quelques pas et arrive à destination. Une pierre tombale, des fleurs. Je m’y approche et m’accroupis. Cet endroit est étrangement apaisant, un vent délicat et doux me fait bouger quelques mèches. Je pose l’enveloppe sur l’herbe.

Lyli : Salut Kim ! Je suis venue pour discuter avec toi.

Je respire longuement il y a tant à dire.

Lyli : Je sais qu’on ne sait jamais entendu. Je t’ai fait la promesse de veiller sur ta fille. J’aurais voulu tenir cette promesse, mais toi et moi savons que ça ne pourra probablement pas se faire. J’aurais essayé, mais je sais que ta fille est entre de bonnes mains, Daryl sera un père génial et Joshi est un bon tonton. Si tu savais comme elle est belle, elle te ressemble tellement. Tu remarqueras que pour te faire honneur, je porte des talons que tu affectionne. Peut-être que si on n’avait pas aimé le même homme, on aurait pu devenir amis.

Je m’arrête et souris.

Lyli : En fait non ! Tu le sais aussi, on n’aurait pas pu être ami.

J’entends un bruit juste derrière moi, je me relève et quand je me retourne, je sursaute. J’arrête de respirer, je le voie. Debout face à moi. Il ne dégage rien. Je sens une colère monter en moi ! J’aurais envie de le gifler si je pouvais, mais je ne dois pas oublier sa fabuleuse lettre avec une défense d’approcher. Si un regard pouvait tuer, il serait déjà mort. Ce moment me semble interminable. Il me fixe et je ne comprends pas pourquoi. Je réalise seulement la haine qu’il doit avoir contre moi vu cette maudite lettre, mais je préfère ne rien dire, je décide de partir sans un mot. A quoi bon parler ? Quelle serait l’utilité ? Je suis responsable de son malheur à ses yeux et il est responsable du mien désormais.

Daryl : Lyli !

Je m’arrête, mais ne me retourne pas. J’attends quelques secondes, qui me semblent durer une heure. Mon cœur bat de plus en plus vite, mais rien ne se passe. Je préfère partir. En chemin, je me rends compte que rien ne changera. Je n’ai pas l’intention de souffrir à cause de lui et de son problème d’acceptation de la situation. Je peux comprendre mais de là à se mettre entre moi et sa fille. J’ai fait une promesse que je ne pourrais tenir par sa faute. Une larme coule de ma joue. Il commence à pleuvoir. Je revois tout. Notre histoire, la première fois ou je l’ai vu, je lui ai parlé, enlacé, embrassé, tout. C’est toujours comme ça que ça se passe dans les films, quand tout est fini on revoit tout, les bons moments surtout ceux qu’on a perdu. A la différence que dans les films ça se finit bien. Mon cœur est en miette. Je vais mourir si je reste ici. J’envoie un message à mon père pour lui dire que je vais le rejoindre en Inde. Je demande à Josh de me rejoindre à la maison.
Quand le taxi s’arrête, je descends et me précipite à la maison, Josh m’y attend, je fonce dans ses bras et m’effondre. Je ne retiens pas mes larmes qui inondent la pièce, je suffoque à force de pleurer. C’est comme lâcher prise et abandonner. J’ai l’impression ne jamais avoir autant souffert. Josh me sert un thé et s’assied près de moi.

Josh : Tu reviendras quand ?

Lyli : Je ne sais pas, mais probablement dans longtemps. Je souffre beaucoup trop, c’est insupportable. Cette lettre m'a ouvert les yeux sur la situation.

Josh : Ca peut encore s'arranger d’ici quelque temps.

Lyli : Je ne crois pas. Cette lettre c’est le coup de massue ! Je ne pardonnerais jamais. J’ai fait une promesse que jamais je ne pourrais tenir à cause de sa haine, il pense à elle ? J’en doute ! Je ne suis pas sa mère, c’est vrai ! Mais moi, j’ai grandi sans présence féminine et ça c’est dur.

Des larmes coulent sur mes joues, Josh me regarde avec tellement de compassion.

Lyli : Je l’ai aimé la première fois que je l’ai prise dans les bras ! Et pas parce que je ne peux pas avoir d’enfant comme il aime à le dire ! Je me suis vu en elle. Et il me la retire. Je sais que je n’ai aucun droit légalement, mais jamais je pardonnerais ça !
Jamais ! Si je reste ici, je vais devenir folle.

Josh : Je sais. Tu me donneras des nouvelles ?

Je lui souris.

Lyli : Bien sûr Joshi ! Tu m’enverras des photos de la petite ?
D’ailleurs, il ne lui a toujours pas trouvé de prénom ?

Josh : Non il l’appelle princesse ou mon ange.

Je souris et sèche mes larmes. Ça va aller.

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