It was it really was such a night

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Les quartiers de Memphis étaient animés ce soir-là, pourtant une quiétude ambiante semblait s'étaler dans les rues, comme une brise légère caressant la plage déserte.

Quelques lampadaires étaient allumés, aux endroits sombres on ne voyait plus que les couleurs chatoyantes d'un pub et le brouhaha lointain des gens.

C'était irréel, me sentir dans ce décor, lui marchant à mes côtés, nos pas orientés vers une et même direction.

« C'était beau. Ton concert je veux dire, je connais pas trop cette musique mais...Je veux dire tu m'as touché. Ce que tu fais avec tes doigts c'est vraiment impressionnant.

Nos regards s'étaient croisés et on avait éclaté de rire.

- Merde, je ne peux pas supprimer ce que je viens ce que je viens de dire ?

- Malheureusement c'est irréversible.

C'était drôle de le voir embarrassé. Son corps semblait trop grand pour lui.

- Enfin ce que je voulais dire c'est qu'on sentait qu'il y avait cette électricité que l'on voit seulement chez les bons musiciens, reprit-il.

- Tu t'es fait chier quoi.

- Quoi? Non c'est absolument pas ce que j'insinuais.

- La plupart de mes amis s'ennuient à mort, je comprends parfaitement.

Je le voyais en train de chercher ses mots.

- Je te fais marcher. Merci du compliment. »

Il avait fait une révérence en baissant humblement la tête. Il fallait admettre que c'était une chose de se représenter Elvis Presley mais c'en était une autre d'avoir le bonhomme à côté de soi. Certes, il était quelque peu maladroit, ce qui jurait avec sa réputation provocante et effrontée mais c'était sans compter sur ses charmes naturels, ceux que la timidité ne pouvait retirer. Rien ni personne, pas même lui s'il l'avait voulu n'aurait pu ne serait-ce qu'estomper ce qui émanait de sa personne.

De sa façon d'être se dégageait un flux, comme de l'énergie mais qui passait par les sens, un parfum qui se répandait dans le corps et dans les veines, faisant battre le cœur à une vitesse effrénée. C'était enivrant et j'avais l'impression de n'être plus tout à fait conscience de ce que je disais ou des gestes avec lesquels je m'exprimais. Décidément ma tâche se révélait bien plus complexe que je l'avais anticipé, naïve, j'avais pensé que, une fois trouvé, tout s'enchaînerait à merveille.

Comment n'avais-pu anticiper l'effet qu'il produirait sur moi ?

On errait sans destination, apprenant à se connaître, en toute pudeur, laissant planer des zones d'ombres dans nos propos qui pesaient lourds dans nos têtes curieuses. Les gens semblaient amusés quand on passait près d'eux, c'était rare de voir marcher un homme et femme sans qu'ils ne se tiennent la main où sans qu'un des partenaires ait un bras passé autour de l'épaule de l'autre.

« Où va-t-on Elvis ? lui demandais-je .

- Je ne sais pas. Tu as faim ?

- J'ai mangé avant le récital, merci. En revanche je ne connais pas la vie nocturne de la ville autant que je le voudrais. Tu connais un endroit sympa où boire des coups ?

- Je connais cette ville comme ma poche. Dans quel genre d'endroit aimes-tu passer tes soirées ?

Résolue à le faire sortir de sa coquille, j'avais répondu sans hésiter :

- Quelque part où il y a de la musique.

Cela le fit sourire. Dieu, son sourire, creusant sa joue droite, rendant saillante sa joue gauche, tordant son visage le rendait absolument irrésistible.

Love Me Tender│Elvis Presley [French]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant