Chapitre 13

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A peine ai-je posé les pieds dans la maison que j'entends mon père m'appeler dans le salon.

Je laisse mes affaires dans l'entrée et marche d'un pas nonchalant vers le salon où sont assis de la même façon que lorsque je suis parti, les gens avec qui je vis.

Mon père ne me regarde pas et ne quitte pas la télé des yeux.

J'ai bien l'impression que durant cette semaine, mon existence a été effacée de leur mémoire. Qu'ils étaient mieux sans moi et que si je descends dans ma chambre je risque d'y retrouver une salle de yoga pour Heather.

Sans doute que je retrouverai mes affaires dans un centre de don ou sur des sites de revente aux enchères. Quoique qu'après réflexion, ils doivent tout avoir jeter en engageant sûrement des gens pour le faire.

A quoi bon perdre du temps sur des enchères pour une personne dont ils ne veulent plus entendre parler?

Ils me posent de rapides questions sur comment ça s'est passé mais surtout cette histoire de boîte de nuit.

Je savais que ces filles allaient le dire à Olive et qu'elle allait faire de même en le répétant aux parents comme un perroquet. Je m'y attendais et je m'y suis préparé durant le retour.

Je me suis faite toutes les possibilités possibles de phrase que j'ai tourné puis retourné dans tous les sens afin d'y répondre correctement sans avoir à courir partout dans la maison pour éviter un coup de batte de baseball par Heather alors que mon père continuera à regarder son émission.

Je réponds par un simple "Tout est vrai." et c'est seulement là, après plus de quinze minutes de discussion qu'il ose poser ses pupilles marron sur moi, pleine de dégoût et de mépris, ces mêmes yeux qui avant me regardaient avec tout l'amour d'un père.

J'aspire au plus profond de moi l'envie de lui hurler dessus pour qu'il se reprenne et ne fait rien. Je reste simplement planté là comme si de rien n'était et attend qu'il parle.

Cependant, il ne dit rien du tout et replonge dans ce que projette la télé. Je me reste pas et tourne les talons pour rejoindre mon sous sol peut-être transformer en salle pour femme de la trente-quarantaine.

- Tu viendras dans mon bureau avant de manger Angel. Reprend-t-il d'une voix monotone, à la limite d'ennuyés de devoir m'adresser la parole.

- Bien. Réponds-je dos à lui.

Seul coup de chance, ma chambre est encore en état, seul quelques endroits ont l'air d'avoir été fouillés par de sales petites mains fouineuses.

Certains de mes vêtements manquent à l'appel et cela explique pourquoi le haut que portait Olive me semblait si familier.

Dans la salle de bain, c'est pareil. Des choses m'ont été prises. C'est sans grande importance mais cela veut bien dire quelque chose. Ils veulent m'effacer d'ici après ma mère, la dernière chose qui rappelle l'ancienne vie de mon père, c'est moi.

Je regarde alors sous mon lit avec précipitation et les affaires que je gardai, les dernières que j'avais qui lui appartenaient ont disparu.

Maintenant, à part mes souvenirs, il ne me reste plus rien qui ne me rappelle qu'elle est réelle, qu'elle a vécu ici, avec moi, avec nous.

En ce vendredi matin, alors que je viens de faire plusieurs heures de vols et de car, sans avoir mangé, me voilà en colère, prête à tout casser.

J'enfile une tenue de sport, des baskets et prends mon casque que j'enfile tout de suite, couvrant les bruits de discussion et de rire dans le salon.

Eros has badly aimedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant