D E U X

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[ média : Julien ]

J'ai l'impression de flotter, littéralement, je ne touche plus le sol. Je n'ai pas la moindre idée d'où je me trouve, je tente de bouger. Impossible.

Plus rien ne répond, je n'ai même pas la force d'ouvrir les yeux. Je perçois tout de même les sons environnants. Tout n'est que bruit et agitation, mélange de sirènes et de hurlements.

Je ne comprends rien.

Où suis-je ? Est-ce pour moi que tout ces gens crient ? Je me raccroche à mon dernier sens valide, comme à une bouée de sauvetage. Malgré ma peur, je parviens à comprendre quelques fragments de phrase balancée par tout ces inconnus qui se bousculent autours de moi.

- C'est le père qui conduisait... la limousine les a percuté, le chauffeur a perdu le contrôle... Mort... Mal en point, dans le coma... La presse est déjà sur les lieux, on essaie de les tenir à l'écart...

Quoi !

Qui est mort, et qui est dans le coma ? Bordel, et pourquoi je ne peux pas bouger ! Je sens une secousse, qui fait se propager une douleur indescriptible dans tout mon corps. Mais pas un son ne sort pourtant de ma bouche. J'entends ensuite le bruit familier d'une portière de voiture qu'on claque, puis j'ai de nouveau cette sensation de flotter.

Non, je ne flotte pas, j'avance. Une nouvelle sirène s'élève dans les airs, cette fois ci au dessus de ma tête. Je comprends alors où je me trouve.

Je suis sur un brancard, dans une ambulance. Que m'est-il arrivé ? Une nouvelle fois la peur m'assaille sans pitié, redoublant d'ardeur. Une peur primitive, celle de mourir.

Je ne peux même pas ouvrir un œil pour essayer d'observer les alentours. Mon corps paraît obéir à un règlement que lui seul connaît. M'émancipant de toutes mes fonctions, je ne suis plus qu'une hôte. Le doute m'envahit, infestant le peu le conscience qu'il me reste.

Suis-je consciente ou dans un état second ? Je n'ose poursuivre mes interrogations, mais mon subconscient le fait pour moi. Dans le coma ?

Non pas ça, s'il vous plaît faites que ça ne m'arrive pas à moi. Une agaçante machine semble imiter les affolements de mon cœur. Une ombre vient recouvrir mon visage, mes paupières s'entrouvrent miraculeusement. Juste assez pour laisser une lumière diffuse filtrer à travers mes cils.

- Mademoiselle ?

C'est une femme, je donnerai tout ce que j'ai pour pouvoir lui répondre. Je ne la connais pas, je ne sais pas qui elle est mais je lui serai à jamais reconnaissante d'être ici. Elle est le premier être vivant que je peux apercevoir.

Une larme roule sur ma joue et la machine s'emballe, réduisant un peu plus la fréquence entre ses bips réguliers.

- Mademoiselle ? redemande t-elle. Mademoiselle, pouvez-vous me regarder ?

J'use alors de toute ma volonté pour ouvrir les yeux aussi grand que me le permettent mes dernières forces, et la fixe. Jamais je n'ai été aussi heureuse de croiser un regard humain, je me fiche que ce soit celui d'une inconnue. S'il y a une image qui restera gravée dans ma mémoire jusqu'à la fin de mes jours, ce sera celle là. Oh mon dieux je suis bien là, je suis toujours là, sur terre. Merci.

Je la dévisage quelques secondes, peut être quelques minutes, avant qu'elle ne hurle :

- Elle est consciente ! La petite est consciente !

Un homme, probablement son collègue, vient lui prêter main forte. Tout deux s'affairent alors à me poser des questions pour me tenir éveillée. Je suis épuisée, mon esprit demande grâce. Les ambulanciers font tout ce qu'ils peuvent, mais je sens les ténèbres m'engloutir de nouveaux.

Collision//ZMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant