[ média : Adam ]
Un haut le cœur, le deuxième de la journée. Je repose ma fourchette encore plantée dans mon morceau de blanc de poulet, je ne peux plus rien avaler. Mais une partie de moi, celle qui ne veut pas se promener au bout d'une aiguille, désapprouve. Alors, dans un énorme effort pour ne pas rendre mon repas sur le linoléum, je me penche et attrape le truc le plus sucré que je trouve dans le sac de Zayn. Ces cochonneries sont hyper caloriques, cela devrait m'aider à reprendre un peu de poids, sinon, à ne pas en perdre plus.
Je frotte mes yeux pour les soulager des picotements, il y a bien trop longtemps qu'il sont encombrés par ces horribles vaisseaux sanguins. À vrai dire, je ne suis pas certaine de les avoir vu autrement que rouge et gonflés ces derniers jours. Il n'y a plus rien dont je sois sûre maintenant de toute manière, je crois même qu'inconsciemment, je me suis préparée à la mort d'autres personnes. En revanche, ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est la voix de Thomas qui brise le silence de ma chambre en engageant la conversation pendant qu'il me débarrasse de mon plateau.
- Comment te sens-tu aujourd'hui ? Je veux dire, je sais que tu as mal, mais... est-ce que c'est supportable ?
Je réponds d'un simple hochement de tête positif.
- Si ça ne tenait qu'à moi je te donnerai quelque chose de plus efficace que de simples analgésiques. Mais sous ordre du docteur Dupuis, tu n'as plus droit qu'au Spifen, m'explique t-il en entassant frénétiquement les assiettes et les couverts.
Je rattrape de justesse la bouteille ouverte qu'il a manqué de renverser avec ses gestes brusques, il me regarde, navré. Je comprends toute l'ampleur de ses regrets, ils me frappent de plein fouet et je me sens comme ensevelie sous un millier d'excuse. Je n'ai jamais vu une telle expression sur son visage, je ne pensais même pas cela possible.
- C'est rien, ça va aller, soufflé-je autant pour lui que pour moi.
Il se stoppe totalement et laisse tout en plan sur la table d'appoint, il soupire, cherchant comment aborder ce qui doit être dit un jour où l'autre. Je prends péniblement conscience qu'à l'issue de ce qui va suivre, une décision devra être prise. Le pardonner ou non.
- Camille, je suis perdu, je ne sais plus comment agir avec toi. Comment c'est entre nous ?
- Je ne sais pas.
Ce qu'il fait ensuite pulvérise l'idée que je m'étais faite du déroulement de cette conversation, elle vole en éclat dans mon esprit pendant que mes yeux fixent ma main, dans la sienne. Il pose un genou au sol pour se mettre à ma hauteur, ce qui a pour seul effet de me faire perdre le reste de mes moyens.
- Tu m'en veux toujours.
- Je ne sais pas, réponds-je tout en sachant pertinemment qu'il ne venait pas de me poser une question.
- Écoute, je t'aime beaucoup, plus que comme une simple patiente. Dis moi comment me faire pardonner, et s'il te plaît, ne me répond pas « je ne sais pas ».
Je ne peux désormais plus détacher mes yeux de son pouce, imprimant de doux aller retour sur le dos de ma main.
- Je... j'ai juste besoins de temps, balbutié-je, s'il te plaît il faut que je me repose un peu avant que Adam n'arrive.
Il fronce la mine, déçu de ma réaction, se relève et range la table sans un mot. Je relâche enfin l'air qui était bloqué dans mes poumons depuis quelques minutes, et essaye d'interpréter ce qui vient de se passer. Thomas me jette un regard, un de ceux qui murmurent « je suis désolé », il s'approche encore de moi alors que je me retiens d'amorcer un mouvement de recul.
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Collision//ZM
Fanfiction- Vous ne savez toujours pas qui je suis ? Belle déduction. Je pensais que c'était évident, pas pour tout le monde il semblerait. - Et bien non, je... je n'ai pas retrouvé la mémoire, dis-je difficilement. Ses yeux s'arrondissent, je remarque qu'ils...