S E P T

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[ média : Zayn ]

Je rechigne devant mon déjeuner, grognant de dégoût à chaque bouchée. Une côte de porc infâme et des petits pois fraîchement sortis de leur boite de conserve. C'est à faire vomir n'importe qui possédant des papilles gustatives fonctionnelles. Et le dessert ne me sauvera pas cette fois ci, c'est du riz au lait. Ça ne ne me donne pas du tout envie.

Mais je n'ai pas mangé grand-chose au petit déjeuner ce matin non plus, il faut que je me rattrape si je ne veux pas finir avec une aiguille dans le bras. J'enfourne mon dernier bout de viande dans ma bouche et bois une grande goulée d'eau pour faire passer le tout. Je regarde ensuite le pot de riz au lait avec dédain. Pas question que j'avale ça, le riz c'est censé être salé et se manger avec du poisson, pas en dessert. De toute façon je suis rassasiée.

Je repousse la table sur le côté, serrant les dents pour supporter la douleur. Aujourd'hui est un bon huit sur dix. J'ai l'impression qu'elle ne partira jamais, pire encore, qu'elle s'intensifie de jours en jours. « C'est la guérison » m'a dit Thomas ce matin, juste avant que je ne l'envoie balader. Mais le médicament qu'il m'a donné a fait son effet, je n'avais plus du tout mal. Je crois qu'il m'a administré quelque chose d'un peu plus fort que d'habitude, car je ne répondais plus de rien. Je ne pouvais même pas aligner mes mots pour former une phrase correcte, et mon esprit était tellement embrouillé que plus rien n'avait de sens et d'importance.

C'est cet aspect là qui m'a le plus soulagé. Plus de douleur morale. Ça fait un bien fou, c'est comme une migraine qui s'arrête d'un seul coup après vous avoir torturé pendant des jours. Mais l'effet est éphémère, mon épaule recommence à me faire souffrir, et mes yeux à menacer de déborder. Quelqu'un entre pour me débarrasser de mon plateau, évidement, cette personne n'est autre que Thomas.

- Salut, lance t-il d'un ton morne qui ne lui va pas au timbre.

Je ne réponds pas, me contente simplement de le regarder s'avancer jusqu'à moi et me tendre mes comprimés habituels.

- Je ne peux pas avoir ceux que tu m'as donné ce matin ? Ceux là ne font plus effet.

- Non Camille, pas deux fois dans la même journée, ils sont trop puissant et trop addictifs.

Je souffle de la façon la moins discrète possible et prends les cachets au creux de sa main. Il attend que je les ai avalé avant de tâter légèrement mes jambes à travers mon jean.

- Les hématomes se sont bien résorbés, tu guéris assez vite. Ton épaule devrait se reformer rapidement, d'ici trois semaines tout au plus ce sera de l'histoire ancienne, m'explique t-il en examinant mon attelle.

- Humpf.

Il se recule d'un pas en expirant, agacé.

- Tu vas m'en vouloir encore longtemps ?

J'admets que la spontanéité de sa question me surprends, mais rien qu'une seconde, avant que mon visage ne retrouve sa façade acerbe.

- J'en sais rien, combien de temps il faut en général pour se remettre de la mort de quelqu'un ?

- Je vois, dit-il aussi piqué que blessé par ma réplique.

Touché.

Il débarrasse et range la table en silence, avant de s'éloigner vers la porte.

- Essaye de te reposer, ménage ton épaule et ton esprit Camille, me recommande t-il, la main excessivement contractée autours de la poignée.

Puis il part sans un mot de plus.

Coulé.

Je serre mes genoux contre ma poitrine, tout aussi serrée. Mais je m'interdis de ressentir une quelconque compassion à son égard. Il n'en a pas eu lui quand il me souriait tout en sachant la perte qui m'attendait, non ?

Collision//ZMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant