T R O I S

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[ média : Adam ]

Toc-toc.

- Oui !

Oups, j'ai peut être répondu un peu trop agressivement, c'est sorti tout seul. La personne derrière la porte va me prendre pour une malpolie. Mais ça fait déjà vingt minutes que j'attends le retour de Barbie, et je commence à m'impatienter. Si c'est elle je ne lui présente pas mes excuses, elle peut bien aller se faire voir. Une tête brune apparaît, suivie d'une épaule et d'un torse. Raté, c'est l'inconnu-fou de tout à l'heure.

- Hey, murmure t-il hésitant.

Il se glisse dans la chambre et referme délicatement la porte.

- Salut, réponds-je tout aussi incertaine. Excuse moi d'avoir hurlé comme ça, quand tu as frappé.

C'est bien, mieux vaut rester aimable, dans ma situation je ne peux pas vraiment me permettre d'être désagréable. C'est peut être un cousin ou un ami dont j'ai totalement oublié l'existence après tout. Il me fixe, la tête légèrement inclinée, l'air complètement abruti.

Sans rien dire, sans broncher. Il ne cligne même pas des yeux, c'est terrifiant, on dirait un revenant. C'est bien ça, ce doit être l'apocalypse zombie.

Mais qu'est-ce qui m'a pris de vouloir lui parler ? Ce type à l'air détraqué ! Si ça se trouve, c'est même un violeur ou un psychopathe.

- Je m'excuse, mais je ne comprends pas un mot de ce que vous dites, je ne suis pas français. Je vais juste récupérer mon téléphone et vous laisser tranquille, m'explique t-il.

Il débite tout cela en Anglais mais je saisis parfaitement ce qu'il me dit. Cette langue m'est familière, je n'ai pas à réfléchir où à traduire dans ma tête. Une réponse se forme automatiquement dans mon esprit, mais mon interlocuteur se détourne. La mine navrée, il se dirige vers le petit meuble en bois et se penche pour attraper ses affaires posées dessus.

- Vous m'avez fichu la trouille à me regarder comme ça, soufflé-je.

Les mots me viennent naturellement et simplement, je parle avec tant de facilité que la surprise se lit sur nos deux visages. Il se redresse, sa bouteille d'Evian en main, le regard braqué vers moi, et reste immobile quelques secondes.

- Oh pardon, je ne voulais pas vous effrayer, j'ignorais que vous parliez anglais.

Eh bien, on est deux.

Je souris bêtement à la pensée que je viens d'avoir. Il plisse les yeux en me voyant rire, perplexe. Qui c'est qui a l'air d'une folle maintenant ? ironise ma conscience.

- Je pense que vous avez besoin de dormir, je vais vous laisser.

- Non restez, vous ne me dérangez pas, m'empressé-je de rétorquer dans le but de ne pas avoir l'air frapadingue, ce qui est un échec cuisant et ses yeux sont désormais écarquillés.

Il ne répond pas, pris au dépourvu, et se contente de rester là où il est, statique. Qu'est ce qui ne va pas chez moi pour que des choses aussi absurdes sortent de ma bouche ? Il est clair au vu de la façon dont il s'adresse à moi qu'il n'est pas le cousin avec qui je barbotais dans les flaques de boue étant petite. Son ton est trop formel avec moi.

- Vous êtes sûre ? Il serait plus raisonnable que vous vous reposiez, s'enquiert-il.

Il a l'air sincèrement soucieux de mon état, mais sa voix reste monocorde, presque... professionnelle. Il pourrait être un collègue de travail, cela expliquerait son attitude et le fait qu'il me vouvoie. Toute cette frustration m'épuise, je suis réellement mal à l'aise de ne pas le reconnaître. Je commence à jouer avec mon drap, en torturant mon esprit pour le forcer à se souvenir. Je ne peux décemment pas lui demander qui il est, ce serait trop gênant. Imaginez une seconde qu'il soit mon patron. Mon regard dévie fébrilement vers sa chemise Lacoste, qu'un simple employé ne pourrait certainement pas se payer à moins d'être espion pour le gouvernement. Seigneur, il pourrait être mon patron !

Collision//ZMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant