N E U F *

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[ média : Louis ]

Point de vue de Zayn Malik

Le mal de dos commence à se faire pesant, il y a plus confortable qu'une chaise pour passer la nuit. J'étire une énième fois mes lombaires, elles me le feront payer pour une semaine au moins. Mes paupières me brûlent à chaque fois que je cligne des yeux, il faudrait bien une dizaine d'heures de sommeil pour remédier à cela. Mais pas question de m'assoupir une seule seconde. Je me redresse sur mon siège et porte ma main à ma nuque raidie pour la masser un peu, je me tourne ensuite vers Adam. Il n'a toujours pas bougé, assis par terre contre le mur, sa capuche rabattue sur sa tête. Apprendre que Camille avait de la famille et n'était pas seule m'a fait un choc, elle ne m'a jamais parlé de l'existence éventuelle d'un frère. Je suppose que ce dernier a dû être aussi surpris que moi, il m'a reconnu, j'en suis presque sûr. Son regard est passé du doute à l'étonnement en moins de temps qu'il n'en aurait fallut à une fan, sans compter la crise d'hyperventilation qu'elles font entre ses deux phases. Il ne doit pas comprendre ce que je fais ici, pourquoi je suis resté. Peut-être ne sait-il même pas que je suis directement impliqué dans l'accident. J'examine cette probabilité un instant, mais c'est en réalité aussi peu crédible que cette jeune infirmière qui pensait avoir suffisamment bien camouflé son portable derrière son dossier pour me photographier à mon insu tout à l'heure. Les médias n'ont pas lésiné sur les flashs infos pour annoncer la nouvelle, et à moins de vivre dans une grotte il aurait eut du mal à les manquer. Il m'ignore donc de façon volontaire et cela me fait concrètement chier. Néanmoins nous sommes là pour les mêmes raisons, le reste n'a pas d'importance à l'instant.

J'allume mon smartphone et vérifie l'heure : deux heures et demi du matin. Je baille grassement en prenant conscience du fait que la nuit est déjà bien entamée. Plusieurs messages d'Harry me sont notifiés, je verrouille mon écran sans les lire, soufflant d'impatience et d'inquiétude. Plus aucune position ne me semble convenable sur ma chaise alors je me lève et fais quelques pas dans le but de dégourdir mes jambes et calmer mes nerfs à vifs. Effort inutile bien sûr, seule la nicotine me serait secourable dans cette situation. Mais je ne veux pas prendre le risque de m'absenter. Je m'immobilise devant Adam, il ne relève même pas la tête pour me regarder. Il vaque à ses occupations qui consistent à ne montrer aucun signes vitaux et faire comme si j'étais du pâté de foie. Je ne devrai pas prétendre comprendre ce qu'il ressent ou être comme vexé, mais merde je suis flippé moi aussi et son attitude nargue mon seuil de patience ! Tout doux Malik, aucun de vous deux n'a envie de ça. Je masse mes tempes et inspire lentement, il faut que je m'occupe l'esprit d'une façon où d'une autre, la fatigue me rend dingue. Du café, j'ai besoin d'un café. Je lui en propose un dans l'espoir ridicule qu'il m'adresse quelques mots, comme prévu je n'obtient aucune réponse et tourne les talons en soupirant.

– Non merci, j'en ai déjà trop bu, finit-il par murmurer juste avant que je ne sois trop loin pour l'entendre.

Tiens donc il a une langue, et des bases en anglais avec ça. Quel petit con. Je me traîne jusqu'à la machine au bout du couloir, paye deux chocolats chauds et reviens aussitôt. Je me laisse ensuite glisser contre le mur près de mon compagnon de fortune avec une non-élégance que je ne me connaissais pas, tentant à la fois de ne pas plier mon genoux et de ne rien renverser sur moi. Ça ne devrait pas me paraître aussi fastidieux, ni faire que je me sens comme dans la peau d'un grizzli qui se gratte contre un arbre. C'est absolument humiliant. Une fois mon derrière amarré au sol, j'analyse l'état de mon haut avant de me rendre compte qu'une paire d'iris vertes m'observent. Je saisis immédiatement l'occasion de tendre sa boisson à leur propriétaire.

– Chocolat, précisé-je.

– Merci.

Il le prend, son regard animé d'un semblant de sympathie à mon égard, le premier et le seul qu'il m'ait accordé jusque là. Taper la causette à un extraterrestre serait sans aucuns doutes plus simple que d'établir un contact avec le représentant de mon espèce à mes cotés. Ce mec s'est enfermé sur lui même à double tour. Il se détourne de moi, totalement indifférent à ma tentative d'approche, inutile d'insister. Mes molaires grincent les unes contre les autres et je visualise déjà le petit porte stylo voler en éclat contre le mur, suivis de la jolie console sur lequel il est posé. Adam se débarrasse de sa capuche d'une main que je découvre abîmée, de l'autre il porte le gobelet fumant à ses lèvres. La raison reprend ses droits sur moi alors que j'oublie toute l'hostilité dont il a fait preuve, ses doigts tremblent autour de son verre en plastique et je réalise que de nous deux, je ne suis pas celui qui brisera quoi que ce soit. Mes yeux restent figés sur sa blessure, j'ai comme l'impression de me regarder à travers une faille temporelle. Je connais par cœur ces écorchures aux phalanges, les miennes en ont gardé quelques cicatrices. J'ai aussi été esclave de genres de réactions excessives. Je serre les mâchoires en repensant à cette époque de ma vie où mon comportement égalait celui de ces ados des rues, ceux dont on parle dans la rubrique délinquance juvénile au journal télévisé. Ma fierté me pousse à clamer haut et fort que je m'en serais sorti, que je n'ai jamais eu besoin de personne. Mais la vérité est que j'ignore où je serais sans Liam, Louis, Niall et Harry. Peut être en taule, ou bien derrière un bureau à enseigner je ne sais quelle matière inutile et chiante à mourir. Ces quatre imbéciles ont sauvé mon cul.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 04, 2016 ⏰

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