Chapitre 16

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Chapitre 16

Après ça Jane ne revit pas Henry et elle n'eut pas non plus de nouvelles du reste de la bande. C'était un soulagement de ne pas avoir croisé le chemin de Patrick et même si ses cauchemars ne s'étaient pas calmés, elle était plus rassurée quand elle devait sortir de chez elle.

Elle évitait quand même les lieux où elle avait le plus de chances de le croiser, donc elle évitait la sortie principale quand elle ne savait pas si la bande avait loupé les cours, ou, comme ce midi là, le réfectoire. Elle passait toutes ses pauses dans les salles de classes laissées ouvertes et en profitait pour travailler.
Ce midi là, elle avait prévu de revoir son cours d'anglais, et de finir sa fiche de lecture sur autant en emporte le vent. Elle eut juste le temps d'entre-ouvrir son casier, pour récupérer les livres dont elle avait besoin, quand une main referma la porte violemment, le bruit métallique résonnant en écho dans le couloir vide. Elle sursauta en se retournant vers le propriétaire de la main pour faire face à un Henry qui n'avait pas l'air d'être là pour une simple visite de courtoisie. Son visage était fermé, il avait une mine renfrognée et semblait prêt à sauter sur le premier venu pour passer sa mauvaise humeur.
Son regard était le même que celui qu'il avait le jour de l'anniversaire de Bill.

C'était un lundi après-midi, peu de temps avant que Henry et ses amis ne la jettent dans la poubelle.
Elle avait passé la totalitée du dimanche après midi à cuisiner des biscuits, la recette était relativement facile, mais elle n'avait jamais été douée en cuisine, pour être honnête, sa mère avait hésité à la laisser cuisiner seule, craignant qu'elle ne mette le feu à tout le quartier, peur totalement exagérée, puisqu Jane n'avait brulée que quatre fournées sur les dix faites cette après midi. Elle avait aussi confondu le sucre avec le bicarbonate de soude, rendant une des fournées immangeable et oublié la farine dans les autres.
Sur toutes les fournées, une seule était réussie.

La dernière fournée était parfaite, tous les gâteaux avaient une forme acceptable, elle n'avait pas tenté de formes extravagantes et s'était contenté de faire des biscuits ronds, la couleur était la bonne et elle n'avait oublié ou confondu aucun autre ingrédients. Si on écoutait les dires de son père, Maggie avait du soucis à se faire, parce que la concurrence avec la nouvelle génération allait être difficile.
Il avait tout de même ajouté que seule Maggie avait atteint la perfection en pâtisserie et qu'il lui faudrait travailler toute sa vie si elle voulait l'égaler.
Jane avait ensuite mis plus d'une heure à les décorer, dessinant des fleurs et des "16" avec le glaçage et avait même réussi à écrire "Joyeux anniversaire" sur l'un d'entre eux, tâche difficile vu que les biscuits n'étaient pas très gros et qu'écrire avec une poche à douilles n'était pas la chose la plus facile du monde, loin de là. Elle n'avait quasiment pas fait de patés et n'en n'avait presque pas mis partout. Le tout avec Richie sur son dos, qui se moquait gentiment d'elle et qui avait insisté pour avoir le droit de goûter, puisque son père avait eu le droit, pourquoi pas lui ?

A la fin de la journée, elle avait finalement fini, un peu tard au goût de sa mère, qui l'avait incité à sortir de la cuisine pour pouvoir faire le dîner. Elle avait mis les biscuits les moins moches dans une jolie boîte en carton qu'elle avait fermé avec un beau ruban. Bill était l'un des meilleurs amis de son frère et elle était très proche de lui aussi, elle voulait que tout soit parfait, et tout le serait, elle lui donnerait la boîte au moment du déjeuner et Richie lui donnerait le cadeau qu'il avait prévu et Bill serait content.
Rien n'aurait pu mal aller, et c'est le cœur léger qu'elle se rendit à son casier le lendemain pour récupérer son cadeau et qu'elle se dirigea vers le réfectoire.
Mais tout ne se passa pas comme prévu.

Il l'attendait.

Adossé à un casier pas très loin du sien, Bowers l'attendait avec ses amis, une lueur de haine dans les yeux, son visage marqué par une bagarre. Une de ses victimes avait sûrement riposté et lui avait fait un bel oeil au beurre noir. Elle ne donnait pas cher de la victime en question.
En vérité,elle ne savait pas, et elle ne saura jamais, s'il l'attendait elle ou juste n'importe quelle victime potentielle, mais c'est sur elle que c'est tombé.

Toziette (Henry Bowers)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant