1. Rencontrer Onze

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La première étape allait être la plus compliquée, je devais retourner dans le monde normal sans me faire repérer. Tout le monde me croyait mort, je ne pouvais pas arriver comme une fleur et prétexter être un vampire. Je savais que pour Dustin et les autres ça serait plutôt normal, mais pour les autres habitants... qui me croirait ? On me prendrait pour ce fou satanique qui invoque les monstres tout droit sortis des enfers.

J'avais déjà assez affronté les critiques, la douleur enfuie au fond de mon coeur ne cessait d'agir. Rien ni personne ne pourrait effacer la violence que j'avais subit, personne ne pourrait guérir la blessure logée dans mon coeur qui n'est à présent plus. Contrairement à la pensée générale, avant ma transformation miraculeuse j'avais un coeur qui battait au rythme de mes rires, au rythme de mes larmes, un coeur qui se brisait un peu plus chaque jour, un coeur qui n'avait pas toujours été un coeur de pierre.

Mes rivales n'avaient jamais tenu compte de mon humanité, du fait que je ressentais les émotions comme eux. Ils m'ont toujours traité comme un monstre, une ignoble créature à éviter comme si j'étais une maladie contagieuse. Je n'étais pas sûr de vouloir revoir ça, j'aurais peut-être préféré mourir... et pourtant je voulais y retourner en même temps, revoir Dustin, sourire à nouveau, rire à ses côtés.

Je pouvais oublier tout ce qui s'était déroulé au paravant pour retourner près de Dustin. Je ne pardonnerais pas toutes les injures, toute la discrimination, mais je retournerais dans ce monde. Je ne voulais pas imaginer la douleur de Dustin, on était si proches. Si je l'avais perdu, j'aurais l'impression d'avoir tout perdu, que mon monde s'écroulerait.

J'alla dans ma chambre de ce monde et jetai ce draps pour me hisser. C'était plus dur à faire seul, aucun Dustin ne m'attendait de l'autre côté. Je m'agrippai au drap froid et légèrement humide. Depuis ma transformation tout ce que je touchais me semblait tellement froid. Plus aucun sang ne coulait dans mes veines, et pourtant les sensations étaient toujours présentes.

J'atterris  au sol, quelqu'un d'autre aurait eu mal au contact du sol, pourtant moi je ne sentais aucune douleur, juste la sensation d'être chez moi. Je me relevai du sol sur lequel je venais de m'écraser et enlevai le bandana dans mes cheveux qui avait gardé tout le sang dans lequel je baignais entre les mailles du tissus. Chaque vêtement que je portais était gorgé de sang, l'odeur m'attirait.

Je tordis le bandana et regardai le sang perler sur ma peau, et porta ma main à ma peau. Le goût était égalable à l'odeur, c'était quelque chose de somptueux. Mon propre sang me plaisait, malgré ma mort plutôt lointaine maintenant.

Je reposai le bandana me demandant pourquoi j'avais fait ça et retirai le reste de mes vêtements tâchés de mon sang qui avait dû couler pendant de nombreuses heures. Certaines étaient sèches et d'autres avait l'air plus récente. Les Demo-bats ne m'avaient pas loupé, mon torse était complètement rongé. Moi qui n'était déjà pas très corpulent, me voilà encore plus mince.

Je voulus me regarder dans le miroir, mais mon reflet n'apparaissait pas, je ne pourrais pas savoir à quoi je ressemblais. J'aurais aimé me voir, me découvrir avant que les autres ne le fasse, mais je ne pouvais pas.

D'ordinaire je n'aimais pas me regarder dans un miroir, je n'aimais pas mon reflet, je me sentais si vulnérable, la douleur était vraiment immense, pas parce que je me dégoûtais, mais parce que ce village conservateur m'avait fait me détester, me dégoûter moi-même de la personne que j'étais, que j'avais toujours été.

Les seuls moments où le miroir n'était pas un fardeau, était les moments où je faisais du cosplay. J'étais tellement fier de donner vie à ces personnages tout droit sortis de mon imagination. Malheureusement tout moment de bonheur avait une fin plutôt violente, j'avais l'impression que le simple fait d'exister était une raison pour que les gens me jugent.

The Pact - SteddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant