Âmes manipulées

Numero - 6

Le soir même, Katerina tournait en rond. Impossible de rester assise. Impossible de dormir. Impossible de ne rien faire. Impossible de lire. Impossible d'écouter de la musique. Impossible de rester focalisée sur la télévision. Rien n'allait. Les dernières minutes avec sa sœur tournaient en rond dans sa tête. Elle passait de la colère lors de laquelle elle jetait presque tout ce qu'elle avait sous la main à la tristesse où les sanglots manquaient de l'étouffer pour finir par le dégout qui la faisait courir aux toilettes pour vomir ses tripes.

Lasse et agacée par son état pitoyable, elle décida de se lever et de sortir.

La rousse prit donc quelques minutes pour une douche rapide afin de se rafraichir un peu, s'habilla d'un débardeur noir et d'un jogging noir, rajouta un gilet noir, une paire de basket et prit sa voiture.

Il était 2 heures du matin, les routes étés désertes. Elle roula moins d'un quart d'heure et s'arrêta sur un parking. Elle descendit, longea le chemin et arriva en bord de mer.

Ses yeux finirent par s'habituer à l'obscurité et elle finit par parvenir à discerner les mouvements de l'eau agités par de légères vagues venant d'échouer sur le sable.

Après être restée statique à observer les ténèbres, elle se mit à marcher le long des vagues. Ne prêtant pas véritablement attention à son environnement, elle se loupait parfois et ses chaussures atterrissaient dans l'eau au lieu du sable mais elle s'en moquait.

Son esprit était devenu vide. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait seule, abandonnée.

Elle devait se rendre à l'évidence, même Anastasia s'était faite avoir. Pourtant, comment lui en vouloir ? C'était normal. Même elle, elle y avait cru. Et quand bien même, c'était logique. Et puis, c'était sa version, sa vérité, celle avec laquelle elle avait grandi toutes ses années...

Malgré son dégout, sa tristesse, sa haine, Katerina ne pouvait pas en vouloir à sa moitié d'âme. L'unique responsable c'était elle. Même si elle avait pensé bien faire il y a des années, il fallait croire qu'elle s'était trompée. Peut-être aurait-elle dû faire les choses autrement ? peut-être aurait-elle dû faire mieux ? Peut-être aurait-elle dû faire plus ? Peut-être aurait-elle dû se taire ?

Mais qu'importe, les choses étaient faites. Personne ne peut revenir sur le passé.

Mais... Malgré ses erreurs, Anastasia avait bien vécu n'est-ce pas ? Elle était restée chez elle. Elle avait grandi dans la joie. Elle était allée à l'école. Elle s'était faite des amis.

Non, malgré les erreurs de Katerina, elle ne regrettait rien, sa sœur avait bien grandi, emplie d'amour et de sécurité. Elle avait fait le bon choix. Si elle était restée, elle aurait tout gâché. C'était évident. Elle le savait, c'est pour ça qu'elle avait pris la décision de partir. Katerina s'arrêta net.

C'était vraiment sa décision à elle de partir à l'époque ?

Elle fut prise d'un frisson, ses jambes cédèrent et elle tomba à genoux sur le sable humide.

Âgée d'à peine 10 ans, avait-elle réellement prit cette décision ?

Des hurlements de chats la tirèrent de sa torpeur. Elle se redressa et chercha l'origine des bruits. Des chats de quartier qui se battent, classique. Katerina partie à la recherche des chats qui miaulaient vraiment fort.