Se souvenir d'Achille (Gon x Kirua) (2/3)

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L'œil solaire me scrute de son regard ardent, tandis que je bas le chemin de terre de mes sandales.

Je ne dois pas lambiner. Chaque seconde que je perds est pour moi autant de chance en moins de rattraper Gon.

Les minutes courent et m'échappent cruellement, tandis que la journée s'écoule.

Puis arrive le moment que je redoutais tant : un croisement.

Lequel le prince a-t-il emprunté ?

Pas un panneau indicateur n'est présent, où que porte mon regard.

Ni un chemin ni l'autre ne se démarque vraiment de son voisin. Il s'agit d'exactement les mêmes étendues herbeuses, troublées par des collines irrégulières, qui se sont apparemment donné le mot pour m'obstruer la vue !

Je demeure donc là, immobile face à ce choix impossible à prendre...

« Quand on est perdu, la meilleure stratégie est encore de mettre un pied devant l'autre ! » Retentit alors une voix entre deux âges, qui me fait rater un battement de cœur !

Un homme blond en tenue de voyageur me double vivement, sans ralentir son pas pressé, et s'engouffre tout droit entre les deux chemins !

Je reste figé encore un instant, trop éberlué et confus par cette rencontre éclair. Puis, quand je retrouve mes esprits, je considère l'étrange conseil du baroudeur.

...Bon. Après tout, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire.

J'adresse une prière aux Moires, fileuses du destin, puis reprends ma marche, sans accorder beaucoup plus d'attention aux deux routes.


Je ne vois mon guide momentané nulle part devant moi, mais je ne m'interroge pas sur cette disparition, trop occupé à progresser sur ce trajet hors des sentiers battus.

Le soleil est arrivé à son zénith au-dessus de ma tête. La faim et la soif m'assaillent, mais je persiste dans mon avancée. Il ne me reste plus que ça, après tout.

Mais évidemment, mon pauvre corps de mortel n'apprécie absolument pas.

Des points noirs dansent par intermittence devant mes yeux à présent.

Ma gorge n'exhale plus qu'une respiration de désert.

Mon ventre me paraît s'être réduit à un sac de peau serré sur lui-même.

Je pourrais, bien sûr, piocher dans le bagage que m'a remis le conseiller du roi... mais je m'y refuse.

Aussi stupide que ça puisse être, j'ai trop de respect pour Gon pour songer à toucher à quelque chose qui lui est destiné !

J'ai chaud. J'ai soif. J'ai faim. Mes muscles me brûlent.

Tiens ? Depuis quand suis-je par terre ?

Des sabots entrent dans mon champ de vision brouillé.

Je rêve la voix de mon demi-dieu vénéré, bien que je n'en perçoive pas les mots.

C'est idiot. Il est parti à pied. Pas à cheval.

Je me sens léger, comme si je volais.

Où suis-je porté ? Difficile à dire. Ma vue s'obscurcit en même temps que mes sens achèvent de s'endormir.

Est-ce ça mourir ? Est-ce le dieu Thanatos qui me soulève ?

J'aurais préféré que cela m'arrive alors que Gon est à côté de moi...


J'ai toujours chaud. Mais plus comme durant mon trajet. C'est plutôt agréable, cette fois.

Je sens que mon ventre ne hurle plus famine et ma gorge a clairement été hydratée.

Recueil d'OS à travers les mythesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant