the summer of your last chance

VINGT-ET-UNIÈME CHAPITRE

𝐋𝐔𝐈𝐒𝐀

—        Je lui ai parlé, confiai-je à Elorah le lendemain matin.

—        Qu'est-ce que tu lui as dit pour que tu sois si heureuse ?

—        Que je ne l'aimais plus. Sauf qu'il a super mal réagi. Comme s'il n'était pas content. Qu'il perdait toute emprise sur moi, que sa supériorité disparaissait et que ça le rendait inferieur désormais.

Elle reste muette devant moi et regarde ailleurs pendant quelques secondes. J'attends patiemment qu'elle daigne me dire quelque chose pour me réconforter, ou même m'enfoncer encore plus que je le suis. Tant qu'elle me parle et qu'elle reste avec moi c'est le plus important.

—        Peut-être qu'il est juste choqué et qu'il se demandait ce qu'il avait bien pu faire pour que tu n'éprouves plus rien pour lui.

—        Ce n'est que dans ton monde que ça se passe comme ça. Dans la vie réelle, les garçons se foutent de la gueule des filles et leur en font voir de toutes les couleurs si elles osent ne plus rien ressentir pour eux.

—        Mais Abriel n'est pas comme ça, ajoute-t-elle, certainement pour m'aider à y voir plus clair.

Mais cela n'arrange rien. Je suis même encore plus perdue qu'avant.

—        Qu'il soit comme ça ou pas comme ça, ça ne change rien à ce qu'il s'est passé il y a dix ans. J'essaie de tout oublier pendant les vacances et il ne fait rien pour m'aider.

—        Ce n'est pas de sa faute si tu as souffert.

Mon cœur manque un battement. Je n'ai jamais dit que c'était réellement de sa faute, mais il n'a rien fait non plus pour arranger les choses. Tout est entièrement de ma faute et je ne remets pas en cause cela. Quand j'aime quelqu'un c'est parfois trop alors j'en souffre forcément à un moment. Et là, c'était de façon excessive. Le mal que je me suis fait est du à moi-même, rien d'autre.

—        Je suis la seule responsable, je le sais.

—        Alors ne lui en veux pas, je t'en supplie.

Une question me trotte dans la tête.

—        Pourquoi tu t'intéresses tant à que je ne lui en veuille pas ?

—        Parce que je ne veux pas que tu souffres encore. Et comme je te connais bien, je sais que si tu penses encore à ce qu'il s'est passé tu vas avoir mal. Je t'ai ramassée en morceaux la dernière fois et encore tu m'avais caché des tonnes de trucs. Alors s'il te plait, arrête. Et profite, toi aussi.

Je lui souris et la prends dans mes bras. Sans Elorah, je ne sais pas où j'en saurais et je lui en suis plus que redevante. Elle a tout mon amour et bien plus encore. Même si une partie de mon cœur battra jusqu'à ma mort pour Abriel, il y en a une encore plus grosse qui lui est dédiée. À ma sauveuse, comme j'aime si bien le dire.

—        Parles-moi de toi. De tout ce que j'ai loupé, même si j'espère que s'est minime.

Elle hésite avant de parler. Je la pousse pour que nous nous allongeons sur mon lit. Ma tête se pose sur sa poitrine et j'attends, contant les battements de son cœur et écoutant son ventre gargouiller en vue de l'heure qu'il est.

—        Sacha m'a appelée et je lui ai dit que nous étions qu'amis avant que je sois prête à aller plus loin.

—        Oh purée, je le savais ! la coupai-je en me relevant à moitié.

Elorah rigole et abaisse mon visage.

—       Mais j'ai quand même encore peur de lui et de son obsession sur moi.