𝐋𝐔𝐈𝐒𝐀
Je vois au loin mes camarades. Certains parlent et d'autres trainent sur leurs téléphones. La moitié n'est pas encore là, comme à leur habitude.
Je me passionnais tout particulièrement à observer les gens à leur insu. Inspecter les moindres détails de leurs moindres gestes, tout ça en essayant d'être le plus discrète possible. Je faisais tout pour paraitre inintéressée du monde qui m'entourait, alors que je passais mes journées à l'inspecter. C'était l'une de mes distractions favorites depuis toute petite. Je me rappelle encore, dans le bus, quand je rentrai du collège et qu'avec mes écouteurs dans les oreilles, mon regard se perdait entre les gens. C'était bien l'un des seuls moments où je me sentais vraiment libre.
Je me doutais bien que cela dérangeait certaines des personnes, mais ce n'étais pas ce qui m'inquiétait le plus. Je jugeais qu'il était préférable de faire ça le plus discrètement possible, au lieu de ne pas le faire du tout.
À travers ça, je vivais presque la vie des gens. Je m'imaginai où ils allaient où d'où ils venaient, ce qu'ils allaient faire ou ce qu'ils n'aimaient pas faire ou tout simplement s'ils étaient là par envie ou non.
À l'instant présent, je me demandai qui de mes camarades voudrait bien dire à notre professeur que c'était au moins la troisième fois qu'il nous racontait son week-end. Personne n'osait vraiment le couper dans ses explications, alors on savait tout sur ses dimanches pêche. Plus cliché, tu ne trouves pas. Ce qu'il nous disait pouvait être cool, si on voulait perdre notre temps. Mais ce n'était clairement pas notre but, en vue de nos examens de fin d'année.
Je suis en dernière année de droit. Mon bac scientifique en poche, je me suis directement dirigée vers cette voie qui m'a toujours plu. Plus jeune, je rêvais de répandre la justice partout où j'allais. Maintenant, ça fait trois ans que je vis mon rêve. Et mes examens de fin d'études se préparent petit à petit. Plus que deux mois, et je suis enfin dans le monde du travail.
Mon attention se dirige vers un grand blond qui a cours avec moi. Depuis que je le connais, je me suis toujours dit que je l'avais déjà croisé quelque part, sans jamais vraiment savoir où. Je prends alors, pour une fois, mon courage à deux mains et me dirige vers lui.
Ses cheveux mi-longs, coupés comme ça se fait maintenant lui vont très bien. Ses yeux du même bleu que le mien sont juste fabuleux. Pour le nombre de fois que j'ai eu à croiser son si beau regard, je peux dire qu'il le rend beau. Il est toujours habillé de façon classe, comme ce qu'il est exigé ici. J'hésite à chaque fois sur son prénom, je pense que c'est pour ça que je ne l'aborde pas souvent. Yannick ? Yanneck ? Yonnick ? Ou même Yann-Loïc ? Je ne suis jamais sûre, alors il ne vaut pas mieux que je me fasse honte.
J'arrive devant lui, mon sourire habituel sur les lèvres. Il doit se demander qui est cette folle qui vient subitement lui parler. Je me pose moi-même la question.
— Hey, j'espère que tu vas bien. Je t'ai vu seul et je me suis dit « pourquoi pas venir lui tenir compagnie. » Je ne te gêne pas au moins ?
Il lève la tête de son téléphone et m'avise de sa hauteur, souriant petit à petit ou se foutant de moi.
— Oh non, ne t'inquiète pas, me rassure-t-il en rangeant son mobile dans la poche arrière de son pantalon de costume. Et tu es ?
— Luisa Barbato et toi ?
— Tu viens me parler mais tu ne sais pas qui je suis ? Mon égo en prend un coup, rigole-t-il.
Je hausse un sourcil, ne comprenant pas trop ce qu'il veut me dire.
— Plus sérieusement, je suis Yann-Loïc Aguerre.
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the summer of your last chance
Novela JuvenilLeurs meilleurs amis respectifs leur proposent un mois de rêve dans une maison de vacances bohème. Loin de tout près des champs de lavande. C'est sans compter, le fait qu'ils se retrouvent au même endroit. Luisa est convaincue qu'il est là pour la...