CINQUIÈME CHAPITRE

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𝐋𝐔𝐈𝐒𝐀

𝐅𝐋𝐀𝐒𝐇𝐁𝐀𝐂𝐊 : 11 𝐀𝐍𝐒. 𝐭𝐰 : 𝐦𝐮𝐭𝐢𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧.



Je n'avais pas forcément décidé d'en arriver là. Je pensais que je m'en sortirai, comme ma mère avec l'alcool et mon grand-père avec les jeux d'argent. Mais ça m'envahissait comme le brouillard qui embuait mon cœur maintenant. Aucune journée ne passait sans l'horreur de me regarder dans le miroir et de le voir. Il était assis, heureux, en bonne compagnie, alors que j'endurais ce que je m'imaginais être ce qui me rendrait la plus heureuse. Je pouvais bien me dire que dans un an rien de tout ça ne se passera, mais il n'y a que l'anxiété de ne plus jamais le revoir qui me vient en tête.

Mes yeux cherchaient du regard l'objet de mes récentes douleurs. Je comblais mes douleurs internes par des douleurs externes. C'était la seule solution que j'avais trouvé. Rien n'arrivait à me soulager, autre que ça. Elorah n'était pas encore au courant, alors que cela faisait trois ans. Mes bras étaient constamment cachés. Mes peines restaient au plus profond de moi. Elle avait beau être la personne qui en savait le plus sur moi, jamais je n'oserai lui annoncer le mal que je m'inflige, pour combattre le bien qu'il n'a jamais su me donner.

Je suis tombée amoureuse d'un coup. Sans vraiment le demander ni le deviner. Mon attirance s'est développée un beau jour, se disant que ça allait être une bonne idée. Si j'avais su, je lui aurai dit de faire demi-tour. De partir loin de moi et de mon cœur encore tout frais de mes peines d'enfances. Loin des répercussions que ça allait avoir et de ce que j'allais devenir. Lui-même ne s'en ai pas rendu compte.

Sait-il au moins ce qu'il a fait de moi ? Et ce qu'il a changé en moi ?

Moi je sais ce qu'il va devenir. Un beau jeune homme, entouré de belles filles qui ne rêvent que de passer une seule ou plusieurs nuits à ses côtés. Il étudiera à s'en crever les tempes avec ses stylos, jusqu'à réussir ses études et avoir le métier de ses rêves. Médecin ? Journaliste ? Policier ? Un truc pour aider les gens et être utile, comme à son habitude. Il se mariera un jour de printemps, parce que c'est sa saison préférée ; même si ça ne convient pas à sa bien-aimée, parce que c'est son choix et son avis et qu'on a qu'une vie. Il aura des enfants, deux, trois ou pas du tout ? Sa maison sera à son goût, raffinée et colorée. Loup sera encore son meilleur ami, parce que pour lui, les amis c'est tout ce qu'il a. Et là-dedans, ses parents seront fiers de lui, à en oublier qu'ils ont un autre fils, qui rêve lui aussi de grandir et d'avoir tout à ses pieds. Peut-être aura-t-il aussi quelque chose à défendre, pour prouver qu'il est un bon homme. Même un truc si insignifiant, pour si peu qu'il s'y intéresse.

Et à côté de l'image, presque trop parfaite que je me créée de lui, il y a la mienne. Celle qui me rend malade à m'en faire vomir, à me torturer, et à me creuser les veines. Celle qui doit être gravée dans ma poitrine depuis bien plus longtemps que je ne le pense. Celle que je nomme comme coupable à chaque cauchemar que mon cerveau me crée.

Je ne l'ai pas demandé, et pourtant je la porte chaque jour.

C'est bien pour ça qu'il ne m'aime pas. Parce que je suis incapable de ne pas tout foutre en l'air. Parce que quoi que je fasse, rien ne finit comme ça devait se finir. C'est pour ça que rien ne s'arrange quand j'essaie de l'arranger.

Le sang coule sur mes draps, mais je n'y fais pas attention. Un bon coup de savon, et ça partira, alors que ce que j'éprouve, restera à vie. Je ne ressens pas la douleur ou plus, je ne sais dire. La lame, qui passait ses jours et ses nuits avec moi, ondulait sur mon bras gauche. D'autres traits se forment, par-dessus des anciens où la place de ceux qui se sont évadés. Il ne reste presque plus aucun endroit pour que je me fasse du bien, alors je change la lame de main, une larme coulant sur ma joue. Je me jure de ne plus en faire couler une autre à présent. Je n'ai pas le droit de pleurer, quand que c'est moi qui ai décidé d'aller jusque-là.

Ai-je réfléchi avant de faire ça ? Me suis-je posée assez de questions, pour en arriver là ? N'est-ce pas sarcastique de se faire du bien avec le mal que l'on ressent ?

C'est ce genre de questions qui me fendent le cœur en deux. Je me plains de souffrir de mon amour à sens unique, alors que je savais pertinemment que ça allait me mener là où j'en suis. Même si je n'en avais pas voulu, rien n'aurait empêché le hasard de la vie de le mettre sur mon chemin et de décider de mes sentiments et des siens inexistants. Je n'étais pas en colère contre lui, mais plutôt contre moi.

Ce n'était pas de sa faute. Lui aussi avait été la victime du hasard à vrai dire.

Un trait un peu plus profond et je fronce les sourcils et grince des dents. Ce n'est pas douloureux, loin de là même. Ce n'est juste que la satisfaction de voir ce que je suis capable de me faire. Me faire du mal, n'était-ce pas ce que je méritais ?

Je n'étais qu'amoureuse, pourtant.

Je n'étais qu'amoureuse, pourtant

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the summer of your last chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant