VINGT-DEUXIÈME CHAPITRE

110 15 25
                                    

𝐀𝐁𝐑𝐈𝐄𝐋

Je ne suis pas persuadé d'avoir pris la meilleure tenue pour ce que nous allons faire, mais en a-t-il vraiment une ? Encore une idée débordante de folie de la part d'Elorah. Si on m'avait dit un jour que je me retrouverai le cul posé à l'arrière d'une voiture, entassé entre Luisa et Yann-Loïc je ne l'aurai pas cru. Ce mec a eu l'intelligence de passer pile au moment où Elorah déraillait complètement. Si elle prend de la drogue, je veux bien savoir où elle la trouve, ça pourrait être efficace, on sait jamais.

Loup complimente sa sœur d'avoir eu la bonté de réagir au bon instant pour nous amener réaliser l'un de ses rêves. Je ne la connais pas beaucoup, mais j'espère que ses rêves ne se résument pas à sauter en parachute ou à aller chasser le dimanche soir. Purée, si c'est ça elle est tarée. J'en avais déjà eu un aperçu il y a deux jours mais j'en suis plus que sûr maintenant.

À ma droite, Luisa chantonne une chanson de Taylor Swift qui passe à la radio. Sa voix est douce et bien différente de quand elle parle. J'en ressens des frissons, puis me rappelle ce qu'elle m'a dit. Elle ne m'aime plus. Ça devrait me rendre heureux, même être soulagé, mais j'ai l'étrange sentiment que ce n'est pas du tout ce qu'il se passe à l'intérieur de moi. Peut-être que je m'étais habitué à l'idée qu'elle m'aimerait toujours et que ça me plaisait ou même que je m'étais attaché à elle de cette façon.

Et elle a changé, putain oui qu'est-ce qu'elle a changé depuis le lycée. Ses courbes se sont beaucoup plus définies, ce qui fait d'elle une vraie femme. Une belle femme. Avec un cœur meurtri à cause d'un homme pourri. Mais peut-être que grâce à ce qu'elle a vécu, elle est devenue celle qu'elle est maintenant. Je ne dis pas que c'est grâce à moi et à ce que je lui ai fait subir, parce que ce n'est pas vrai. Je n'ai contribué qu'à la rendre un peu plus douteuse de l'amour.

Je la vois courir et ce à de nombreuses reprises. Loup m'a confié qu'elle évacuait la douleur à travers le sport. Le sport la rend belle et musclée. Le sport est la manière qu'elle a choisie pour évoluer. Pour devenir une adulte et pour laisser derrière elle l'adolescente perdue. Mais quand elle rentre de ses courses, que je la vois en brassière et cuissard, je réagis instantanément. J'en ai vu des filles courir – même derrière moi – et la sueur devrait plus me répugner qu'autre chose, pourtant ce n'est pas ce qu'il se passe.

Purée, je viens d'admettre que j'ai ressenti du désir pour elle. Je ne peux pas contrer le fait que tout a changé. Et que la Luisa de maintenant rend l'Abriel complétement dingo. Je suis en train d'admettre que je ressens des trucs pour elle. Des trucs physiques. Et avoir sa hanche contre la mienne n'arrange absolument rien.

Mon meilleur pote se gare dans un champ pas loin de chez moi. Peu après, il nous apprend qu'il appartient à leur grand-père ou un truc du genre, j'ai pas tout compris mais je ne m'en préoccupe pas trop. Ce n'est pas ce genre d'infos qui risque de me servir si on se fait tuer par un éclair. L'orage gronde et j'en tremble. Je n'ai pas peur de l'orage normalement !

— Abriel aurait-il peur de la pluie ? me nargue Luisa et me donnant un coup d'épaule.

Pour le moment, j'ai juste peur qu'elle se rende compte de ce à quoi je pensais juste avant.

— Ah ah, t'es drôle, dis-je, ironique, mais peureux pour mon égo. Franchement comment un gars de vingt-six ans peut avoir peur de ce truc de gosse ?

— Toi.

Je m'approche doucement d'elle et je la vois reculer. Comment peut-elle penser que je vais lui faire du mal ?

— Bon, il se pourrait que quand j'étais gamin c'était ma phobie, mais plus maintenant. J'ai grandis, c'est bon.

Elle se retient de rire et je hausse un sourcil. Elle est vraiment en train de se foutre de ma gueule ou je m'imagine des trucs ?

the summer of your last chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant