En réalité, Mike a beaucoup à gagner de cet arrangement. A commencer par l'occasion d'oublier complètement Thomas. Devoir s'investir dans une relation, aussi fausse soit-elle, offre une distraction plus qu'enivrante. Les deux associés mettent en place leur alliance dès le lendemain, même si Mike caressait l'espoir de ne pas mettre le nez dehors du week-end.
— Prêt ? lui demande James, alors qu'ils s'apprêtent à sortir.
— Ai-je le choix ? soupire Mike.
— Je t'ai déjà expliqué que passer toutes tes journées enfermé dans ta chambre à travailler ne fera qu'accentuer ta morosité.
— Je n'ai même pas envie de travailler.
— Eh bien voilà ! se réjouit James. Pas besoin de prendre cette tête d'enterrement puisque je t'offre une excuse convenable pour ne pas coder.
Les parents de Mike ne seront sans doute pas du même avis, lorsque les résultats ne suivront pas. Le retard que Mike a accumulé en quelques jours à peine est déjà irrattrapable et sauver les meubles n'est déjà plus dans les objectifs du jeune homme. De toute façon, il a déjà prévu de ne pas toucher à l'informatique durant le mois de décembre, puisqu'il lui faudra se préparer pour le concert de Sainte-Cécile. Il est hors de question que Mike laisse passer cette chance inespérée, cet espoir inavouable s'émietter à cause d'une université dans laquelle il ne voulait même pas se rendre. James a raison sur un point : le meilleur cadeau qu'il puisse se faire est de profiter, de rendre ce temps un peu plus agréable.
Un sourire, aussi timide qu'une étoile et fugace qu'une comète, peint les traits du jeune homme. James est le seul à montrer un peu d'intérêt pour lui, même si c'est uniquement pour servir leur illusion de couple en dehors de l'appartement. Mike saura se contenter de ça.
— Je ne veux juste pas que tu te sentes pousser des ailes, déclare Mike en lui tenant la porte. D'ailleurs, mes cheveux ne vont probablement pas apprécier l'eau salée...
James lève les yeux au ciel.
— Je commence à croire que tu cherches uniquement à me contredire pour t'amuser.
— Je n'oserais pas...
Mike ne retient même pas son rire lorsqu'il ferme la porte à clés et que James marmonne quelque chose à propos du fait qu'il joue encore au ténébreux antipathique. Peu importe qu'il ne soit grognon que pour la forme : tout fonctionne comme sur des roulettes puisque James a déjà oublié les événements de la veille.
— Bon, lance James sans prendre de gants, est-ce qu'on y va doucement pour montrer que nous formons un merveilleux couple ou alors on commence déjà à promener en se tenant la main ?
Mike s'étrangle à moitié avec sa salive. Il n'a pas prévu ça pour aujourd'hui !
— Prenons notre temps, suggère-t-il, les joues pleines de chaleur. Laissons les gens s'habituer à ce qu'on traîne un peu plus ensemble que d'habitude. On pourra se donner la main pour rentrer, ajoute-t-il en chuchotant.
Il ne sait pas pourquoi il vient de de proposer ça, mais il fallait bien commencer quelque part. Et visiblement, c'est à lui de mener la danse.
— Bonne idée, approuve James. D'ailleurs, si on veut que les gens y croient, il va falloir que tu sois un peu moins un mystère pour moi... Puisque tu n'aimes pas l'informatique, qu'est-ce qui te plaît, dans la vie ?
— L'informatique est inutile, élude Mike en plissant les yeux sous ses lunettes de soleil.
— Je pense que tu veux plutôt dire que ça ne t'intéresse pas.
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Un automne pour tout écrire (3.5)
Roman pour AdolescentsLivre 3.5 de la série « plume et musique » Il est nécessaire d'avoir lu la trilogie « La musique avant tout », « Tout pour la musique » et « Le temps d'une chanson ». 🍂 Avant le succès de Sad Joy, les projecteurs et les chansons dans le haut des c...