⤖ 5. Une nuit décisive

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— Allez, s'il-te-plaît, Mike ! Ça va être génial !

— Non, répète encore l'interpelé, agacé. Je n'irai pas à cette soirée ! Je ne connais personne !

— Justement, ça pourrait être l'occasion ! insiste James en suivant Mike dans sa chambre.

Mike se tourne vers lui, si vite que James s'arrête net, les cheveux dans les yeux.

— Qui te dit que je veux me faire des nouveaux amis, que je n'ai pas déjà ce qu'il me faut ?

— Mais tes amis ne sont pas là... Et tu n'as pas l'air d'apprécier tes études. Je ne juge pas, précise James en levant les mains devant lui alors que Mike ouvre la bouche pour lui dire que ça ne le regardait pas, je ne sais rien de toi... Cependant, je crois que ton séjour ici serait plus agréable si tu t'intégrais. La fête est sur le campus, entre ta fac et la mienne, ça ne peut qu'être chouette ! Et puis, je serai là ! Ce n'est pas comme si tu étais seul dans un coin.

— C'est bien le problème, marmonne-t-il.

Il remarque bien qu'il est antipathique au possible et que James s'efforce d'être gentil avec lui. Cependant, rien n'y fait : Mike ne veut pas être là. Malheureusement, c'est James qui subit les affres de sa mauvaise humeur. Arrivé depuis tout juste une semaine, il mène déjà la vie dure à son coloc, qui patient et conciliant, pense que son comportement n'est que passager, que c'est sa façon de s'acclimater à sa nouvelle vie. Mike l'a laissé parler et ne lui a rien avoué sur lui. James ne sait même pas qu'il est musicien. Comment aurait-il pu, de toute façon ? Ce n'était pas comme si Sad Joy était connu à travers le monde.

Comment cela pourrait-il marcher ? Il n'est même pas avec eux en distanciel. A part se morfondre et écrire des codes qui ne fonctionnent pas à cause d'erreurs dûes à son manque d'expérience en la matière, Mike n'a rien fait. (En même temps, il travaille jusque très tard tous les soirs, et toute sa vie tourne tellement autour de son ordinateur que la quantité de nourriture qu'il a l'habitude d'ingérer a fortement diminué. Il s'en trouvait fatigué et grincheux.)

— Mike, dit gravement James, tu as beau me détester, moi je m'inquiète pour toi. Ton mode de vie n'est pas sain et tu vas perdre ta santé si tu continues comme ça ! Alors, je t'en prie, viens te changer les idées avec moi ce soir, même si tu ne restes qu'une heure ! Je te garantis que ça te fera du bien. Et demain après-midi, que tu le veuilles ou non, nous irons à la plage. Il n'y a pas meilleur moyen pour prendre l'air !

— Grumph.

Il a dit tout haut l'effroyable vérité : Mike a beau se montrer sous le pire jour possible, être au plus bas, James l'appréciait quand même. Peut-être avait-il un attrait particulier pour les choses cassées. Il ne savait s'il détestait James, le mot lui paraissait trop fort. La vérité était plutôt qu'il détestait cet endroit et que tous les gens qui y vivaient lui rappelait qu'il était loin de ses proches.

— Je savais que tu finirais par capituler ! se réjouit James, un air ravi sur le visage.

Même s'il n'a rien accepté du tout, Mike accompagne tout de même James à cette soirée, songeant qu'il lui ficherait peut-être la paix une fois qu'il aurait accédé à son caprice. La fête se déroule sur le campus, en face des bâtiments de sciences. Alors que le soleil décline, Mike se surprit à se demander où était la fac de musique, et s'il pourrait peut-être s'y procurer une basse ou tout autre instrument lui permettant d'évacuer tout ce qui bouillonnait en lui. Ah, que Freddie MacSaturn avait raison quand il chantait que c'était bouillonnant, frémissant, un peu comme les gémissements du vent !

Lorsqu'ils arrivent, un petit groupe est déjà formé sur l'herbe du campus. Et il n'y a pas seulement des premières années au vu de l'air plus âgé de certains. Mike jette un coup d'œil à James, dont l'air joyeux n'a pas réussi à le contaminer. Il place un sourire figé sur son visage, songeant que n'importe qui verrait la supercherie à ses yeux éteints.

Un automne pour tout écrire (3.5)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant