⤖ 4. Le mathématicien et l'informaticien

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— Alors comme ça, tu me trouves beau, Mike ? l'accueille James, un grand sourire aux lèvres.

Mike se détourne vers les placards, les paupières fermées et le visage affligé. James n'aurait pas dû entendre ça ! Et il n'aurait pas dû avoir un nez aquilin qui donnait autant de profondeur à son visage, ni un sourire qui creusait ses fossettes et allumait une drôle d'étincelle dans ses yeux noirs. D'ailleurs, il n'aurait pas dû être là pendant que Mike appelait ses amis.

— Tu ne devais pas boire un verre avec tes amis ? rétorque Mike en prenant un paquet de biscuits.

Le souvenir cuisant de ce qu'il a dû confier aux siens – à savoir qu'ils devraient se débrouiller sans lui pour assurer la pérennité du groupe – lui serre le cœur. Tout ça à cause de cette fichue formation ! Il n'a qu'une soirée pour apprendre tout un tas d'algorithmes et de façons de réfléchir. Et il a bien vu ses camarades... Mike n'a pas sa place parmi eux.

— Ça s'est fini plus tôt.

Mike se sert un verre de jus de pommes. Ça aurait été simple, si James avait été totalement laid. Ainsi, il ne se serait pas senti obligé de le dire à ses amis !

— J'ai des tas de lignes de code à comprendre et des langages à comprendre. Pour demain, précise-t-il, avec précaution.

La nuit risque d'être longue... Mike n'était pas du genre à travailler jusque très tard le soir, mais au vue de l'inexistence de ses connaissances dans son nouveau domaine d'études, il lui faudrait plusieurs nuits blanches pour s'adapter.

— Heureusement que je suis là pour te changer les idées et faire à manger, alors !

James sourit de toutes ses dents, pas le moins du monde dérangé par cette perspective. Mike soupire.

— C'étaient à qui, les voix que j'entendais ?

— Mes amis, répond simplement le jeune homme.

« Et ils me manquent, ajoute-t-il, en pensée. Et Thomas aussi. Ce qu'on a eu le temps d'un été me manque. Je ne retrouverai jamais ça. Avec personne. »

Il se retire ensuite dans sa chambre et entreprend d'étouffer ses pensées en débutant sa compréhension des feuilles qu'il a reçues. Mike n'y connaît rien et au bout de cinq minutes il n'en sait pas plus. Ce que le professeur lui avait donné était d'un niveau déjà avancé et il était débutant. Des larmes de frustration lui piquent les yeux. C'était injuste, il n'a pas demandé à être là !

Son poing s'abat avec frustration sur son bureau. Par où commencer ? Il devait avoir des bases solides de Python, C et C++ pour demain ! Il secoue sa main endolorie. Que ferait Luke ? Il irait à la bibliothèque, bien-sûr ! Et il emprunterait des livres pour débutant expliquant tout de A à Z.

Plein d'espoir, Mike quitte sa chambre en trombe.

— Tu vas où ? s'étonne James, qui affalé sur le canapé, regardait une série fantasy aux effets spéciaux très discutables.

— A la bibliothèque. Apparemment, mes profs n'ont pas pris en compte que j'étais débutant et que je n'avais jamais codé de ma vie.

James se relève aussitôt et met sa série en pause.

— Qu'est-ce qu'ils te demandent, exactement ?

— D'avoir assimilé tout ça pour demain, soupire Mike en agitant la liasse de papier.

— Aïe, grimace James. Je peux y jeter un œil ?

Mike obtempère bon gré mal gré, songeant que son coloc' lui faisait perdre son temps.

Un automne pour tout écrire (3.5)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant