I.

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« -Je crois que je vais faire un malaise. »

J'ai eu pour réflexe d'attraper Deborah par le bras, étudiant son visage qui me paraissait effectivement plus blanc que d'habitude.

Nous nous trouvions devant une boutique de tatouage qu'un mec en soirée lui avait conseillé avec passion, ne passant pas à côté de l'occasion pour exposer son torse rempli d'encre à mon amie. Deborah avait été impressionnée par la technique des dessins et n'avait pas hésité.

Nous étions carrément le lendemain de ladite soirée, mon amie avait envoyé un message au compte Instagram de la boutique à cinq heures du matin, et ils avaient étonnamment répondu par l'affirmative. Par la suite, elle avait débarqué chez moi à huit heures du matin en me suppliant de la suivre car cette idiote avait oublié avec tout l'alcool dans son sang qu'elle détestait la douleur et que les aiguilles la mettaient mal à l'aise.

Heureusement que j'avais bon cœur et que j'aimais ma meilleure amie de tout mon cœur, parce que j'avais encore sommeil et je n'avais qu'une envie : retrouver mon lit.

«-Si tu ne veux pas le faire, on peut toujours faire machine arrière. »

Deborah a fait la moue, m'observant de sous ces cils.

«-Arrête de vouloir me décourager. Je vais le faire, je...J'ai juste besoin de me préparer psychologiquement. »

Je l'ai prise dans mes bras, caressant doucement ses cheveux en embrassant son front tout en observant le logo de la boutique.

Le Devilish.

D'une étrange façon, j'avais l'impression d'en avoir déjà entendu parler auparavant.

Mais où ?

Je n'ai pas eu l'occasion de m'y pencher plus que cela, Deborah relevant soudain la tête pour capturer mes lèvres avec les siennes.

J'ai souris, glissant mes mains sur ses joues, caressant doucement sa langue de la mienne. Mes doigts ont glissé jusqu'à son cou que j'ai légèrement enserré, la faisant se presser plus fort contre moi.

Un mec nous a sifflé en passant, je me suis empressée de m'arracher à Deborah pour le fusiller du regard.

«-Vas-y, recommence si tu en as les couilles !» j'ai hurlé dans son dos alors qu'il continuait tranquillement son bout de chemin, comme s'il ne venait pas d'être un énorme connard.

Deborah a ricané, me tirant sur la main pour me ramener vers elle.

«-Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. » j'ai sifflé, me passant une main dans les cheveux, énervée d'être confrontée à la vie et surtout, à la connerie humaine, de si bon matin.

«-Rien, c'est juste que tu agis comme si on était en couple. Je trouve ça trop mignon. »

Elle a arrangé mon col et ma veste en faux cuir.

Elle s'était exprimée d'un ton léger, mais je voyais dans ses yeux qu'elle aurait aimé que l'on soit plus toutes les deux. Je le voulais aussi, mais...J'avais du mal à faire confiance aux autres après ce qui était arrivés avec les garçons. Découvrir que les hommes que j'avais aimé m'avaient mentis durant toutes notre relation sur leur passe-temps plus que douteux - et dangereux – m'avait rendu méfiante des autres.

Je savais que Deborah ne cacherait jamais rien d'aussi énorme, mais la petite voix dans ma tête ne me laissait pas me lancer. Les « Et si ? » me hantaient.

C'était tellement con, je n'avais eu qu'une seule relation amoureuse ( enfin, techniquement trois, mais c'était en même temps donc bon ) de ma vie qui était ma première et, visiblement, ma dernière.

Le Désir Du Cœur | [+16]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant