chapitre 1 : le réveil

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Au commencement, il n'y avait rien. C'était le néant absolu. Pas la moindre lueur, c'était la nuit froide et éternelle, sans même le plus faible éclat d'une lointaine étoile. Pas le moindre son, même pas le bruit d'un murmure ou d'une brise légère dans un arbre. C'était comme un isolement dans un univers de silence absolu.

C'est nulle part dans ces ténèbres et ce silence, qu'elle commença à prendre consciente d'elle-même, de son existence. Cela lui parut prendre un temps infini.

Elle prit conscience qu'elle avait un corps, d'abord gelé, puis de plus en plus chaud, jusqu'à l'agréable.Elle eut cependant une sensation d'humidité sur toute la surface arrière de son corps, depuis la base de son cou jusqu'à ses talons. Elle ne pouvait bouger un seul de ses muscles. Pour le moment, elle sentit seulement qu'elle avait un corps, qu'elle ne maîtrisait pas, comme si elle était pétrifiée, ou que son âme était prisonnière à l'intérieur même d'une statue.

Puis le silence fut progressivement remplacé par des sons. Des sons de voix totalement inconnues. Des voix posées, douces et sans malveillance. Elle était à la fois rassurée d'entendre ces voix qui ne lui voulaient aucun mal, mais elle était également effrayée de ne pas les connaître et de ne pas être en mesure de comprendre un seul mot de ce qu'elles disaient, car elle était sans défense si jamais ces voix devenaient hostiles à son égard. Les voix se firent plus fortes, jusqu'à atteindre un volume normal. Cependant, elle ne pouvait encore distinguer le moindre mot.

Elle était dans un tel état mental qu'elle n'aurait même pas pu dire le nombre de personnes présentes ni même distinguer les voix masculines des voix féminines.

Enfin, les ténèbres dans lesquelles elle flottait depuis un temps interminable commencèrent à se dissiper. Même si elle ne pouvait encore ouvrir ses paupières, la lumière passait à travers celles-ci, et elle eut comme une sensation de peur liée à l'inconnu.

Au niveau de son corps, elle découvrit d'autres sensations, outre l'humidité sur la surface arrière. Elle sentait comme si sa tête était coincée dans une sorte de bonnet solide.

Les voix se turent soudainement, comme si elles attendaient quelque chose.

Elle sentit brusquement des sensations de picotements et de fourmillements des plus désagréables, tout son corps lui parut devenir la demeure d'une colonie d'insectes en tous genres. Cela partait de son cerveau et la parcourait jusqu'à la pointe des pieds. Ses membres se mirent à bouger de manière incontrôlable, et cela lui parut comparable à une telle torture qu'elle suppliait intérieurement que cela cesse. Comme si on l'avait entendu, les sensations de picotement et de fourmillements s'arrêtèrent.

« Merci mon Dieu » se surprit-elle à penser, comme si cela lui arrivait pour la première fois.

Les voix se remirent à parler. Et cette fois-ci, elle put distinguer des mots.

« Activité cérébrale ? » questionna un homme.

« Elle est en bonne voie docteur ! Ça marche ! » Répondit une femme.

« Parfait ! Rajouta l'homme. Continuez !»

« Je crois qu'elle nous entend. Le moniteur des fonctions auditives vient de s'activer. Regardez ! » ajouta une autre femme.

« Ça marche comme prévu. Parlez-lui donc. » demanda-t-il.

La deuxième femme se pencha au-dessus de sa tête, d'abord la regardant avec curiosité, se demandant quoi lui dire. Elle souffla, comme émue, puis susurra d'une voix douce, presque maternelle :

« Écoutez, je sais que ce que l'on vous fait, là, maintenant, est sûrement inconfortable pour vous. Vous vous posez certainement des questions, mais je vous demande d'avoir confiance, car nous sommes là pour vous aider. On ne vous veut aucun mal. Je sais que vous ne pouvez encore ni bouger ni parler. Soyez encore courageuse quelques minutes, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et ensuite je vous promets que ce sera fini. »

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant