Chapitre facultatif : la lettre de Louis

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Paris, le 21 novembre 2071,


Mon amour,

Cela fait désormais plusieurs décennies que tu as laissé un énorme vide dans ma vie et dans mon cœur. Depuis le jour maudit où ce meurtrier t'a arraché à moi. Je sais très bien que tu ne liras jamais cette lettre, pour des raisons évidentes, mais je ressens malgré tout le besoin de l'écrire, d'exprimer quelque part ce que je ressens aujourd'hui, alors que je suis désormais au crépuscule de ma vie. Le vieillard que je suis devenu a vu le monde énormément changer depuis ton départ. À un tel point que je ne le reconnais plus et que j'ai la sensation de plus en plus forte d'être de trop sur cette planète où j'ai tenté de continuer ma vie en ton absence. Mais peu importe. Il ne s'est pas passé une seule journée dans le restant de ma vie sans que je ne pense à toi, malgré les années écoulées. Je me suis habitué à ne plus voir ton doux visage, à ne plus entendre ta mélodieuse voix... Et pourtant, j'ai toujours eu l'impression que tu étais à mes côtés durant tout ce temps. Était-ce vraiment le cas ? Dieu seul le sait.

Je sais que tu aurais voulu que je fasse ma vie, que je fonde une famille que nous n'avons pas pu avoir ensemble, mais cela ne s'est pas produit. Je t'avoue cependant et surtout honteusement que bien des années après, j'ai rencontré quelques femmes, mais aucune de ces relations n'a abouti à une histoire sérieuse. Je me rends compte aujourd'hui et avec le recul, que le seul point commun entre ces femmes et toi était le physique : tes longs cheveux dorés et tes yeux verts, elles les avaient aussi. Seulement, aucune d'entre elles n'avait ta fougue, ton énergie, ton courage, ta dévotion, ni même ton caractère têtu qui faisait ton charme. Tu es la seule que j'ai réellement aimé. J'ose espérer que tu me pardonneras tout cela quand nous serons de nouveau réunis. J'espère également que tu reposes en paix et que où que tu sois, tu as retrouvé ton frère parti encore plus tôt que toi et que vous vous racontez des tas de choses en m'attendant.

Tu me manques, mais je sais que l'heure de mon départ est pour bientôt. Je le sens. Moi qui aieu la chance, ou la malchance, selon l'angle de vue, de vieillir, contrairement à vous deux.

Je t'aime.

Ton Louis.

« Ooh.... mon amour... soupira Alexiane en laissant couler une larme sur sa joue. Bien sûr que je te pardonne. »

Mais elle s'appuya contre un mur et se laissa glisser le long de ce dernier jusqu'à ce que ses fesses touchent le sol. Elle pleura plus fort, ne sachant pas vraiment si son chagrin venait du fait que Louis ne l'avait jamais oublié ou du fait qu'elle ne se souvenait pas de l'avoir retrouvé dans l'au-delà.

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant