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Le soleil vient à peine de se lever que je suis déjà prête. En me rendant dans ma cuisine ouverte, je remarque que Carter est lui aussi réveillé, dans son habituel costume. Il est assis et porte à ses lèvres une tasse de café, que je reconnais, à l'odeur agréable. Il s'adapte vite pour trouver les choses ici. Je me rends face à la cafetière et attends que le café coule dans une autre tasse avant de m'asseoir face à cet homme.

— Vous avez pris ma tasse.

— J'ignorais que c'était votre tasse.

— Je ne crois pas que vous soyez « la meilleure amie la plus cool de Boston ».

Il fronce les sourcils et retourne la tasse pour regarder l'autre côté. Un air étonné prend possession de son visage.

— Alors James Bond on est mal réveillé ?

— Non.

— Si.

Il repose brutalement le papier journal contre le plan de travail central et lève vers moi un regard noir.

— Quand allez-vous cesser de remettre en question mes paroles ?

— Si vous n'étiez pas de mauvaise humeur avant, vous l'êtes désormais, rétorqué-je sur un ton de voix amusé, le sourire aux lèvres.

Je le défie du regard en prenant un air énervant, lui faisant comprendre que j'ai réussi mon coup. Je vois ses yeux bleus s'assombrir, au fond une lueur danse, celle des flammes. La colère qui demeure en lui est brute, elle doit enflammer chacune de ses veines et pourtant il n'en montre rien. Il tente de cacher le feu qui sommeille en lui par la froideur de son apparence. Et comme chaque apparence, la sienne est trompeuse. Je vois clair en lui. Pendant ce temps, il ne me lâche pas du regard.

— À quoi vous sert ce petit jeu ?

— Quel jeu Oliver ?

Je sais qu'il déteste lorsque je l'appelle par son prénom. Il aime que les choses restent professionnelles et cordiales. Ne pas respecter ses règles l'agace, alors j'appuie dessus. Il se penche soudainement, les coudes sur la table et les mains croisées.

— Votre père m'a tenu au courant de tout ça. Je ne me ferai pas avoir, soyez-en certaine.

— Oh, je vois. Comme toujours le grand Warren Withers bat et distribue les cartes à sa guise. Et si nous ne respectons pas ses règles du jeu, la mise n'en est que moins élevée.

Je ris amèrement en me rendant compte, une fois de plus, que mon père tire toutes les ficelles depuis sa haute tour d'ivoire. Bien sûr qu'il a tenu informé Carter de mes tentatives pour faire démissionner mes anciens gardes du corps. Bien évidemment qu'il l'a mis en garde contre mes techniques.

— Vous voyez, vous ramenez sans cesse votre vie à un jeu.

— Ne parlez pas de ma vie, m'énervé-je en haussant le ton, vous ne savez rien d'elle. Ne prétendez pas me connaître à travers les paroles de mon père.

— Je ne peux que croire à l'image que vous me laissez voir de vous. Celle d'une femme caractérielle à l'humeur variante et rongée par la colère et la vengeance.

Ses paroles me frappent et résonnent amèrement en moi. Ma colère bouillonne et gronde au plus profond de mes entrailles comme un fort orage en plein mois d'août. Mes yeux se voilent des mêmes flammes que celles de Carter, seulement je les cache moins bien. Nos regards l'un dans l'autre animent ce feu, le faisant grandir de plus en plus à chaque seconde jusqu'au point de non-retour. Je vois noir et la paume de ma main claque violemment la table. Les tasses tressautent mais Oliver ne bouge pas. Je ne savais pas qu'il était possible de détester autant une personne en si peu de temps.

Private security T.1 [En Auto-édition avec BOD]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant