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Je n'ai rien fait de spécial par peur d'en faire trop pourtant il trouve une certaine beauté en la simplicité et j'aime cette façon qu'il a de voir les choses. Il vient prendre place sur le canapé et je remarque qu'il a suivi mon conseil. Il porte un tee-shirt blanc qui égaye son visage et ses yeux ainsi qu'un jean brut. Je mentirais si j'essayais de me convaincre que le costume ne lui va pas. Mais cette tenue, plus ordinaire, lui donne un aspect plus humain, plus accessible. Je n'ai vraiment plus l'impression d'avoir l'homme employé par mon père en face de moi.

Nous lançons une série sur laquelle nous nous sommes rapidement mis d'accord et commençons à la regarder en picorant dans les crudités préparées. Nous discutons très peu, concentrés sur la télévision. C'est ce que je me dis pour ne pas penser qu'Oliver est redevenu Carter. Je pars chercher le repas et il me suit, se proposant pour le faire réchauffer. Je le regarde faire pour apprendre puis il part déposer la viande et les pommes de terre sur la table pour nous servir. Je fais un détour au cellier et débouche une bouteille de vin rouge pour accompagner notre viande. Grimaçant, il stoppe ma main au moment où j'allais verser le liquide rougeâtre dans son verre.

— Au vu de l'heure, vous n'êtes plus en service. Vous pouvez profiter d'un moment de répit.

— En fait, lorsque je disais ne pas boire, c'était en règle générale, ce n'était pas uniquement une question de travail.

— Oh, je pensais que... enfin, ce n'est pas grave. Vous voulez de l'eau ou un soda ?

— De l'eau, se sera très bien.

Encore une fois, j'ai l'impression de passer pour une idiote. Je ne prête pas réellement attention à ce qu'il me dit alors que lui si. Il se souvient des détails comme ma préférence pour les plats à base de poulet, mes goûts en termes de livres. Je ne connais que son goût pour la cuisine parce qu'aujourd'hui j'avais envie de l'écouter. Mais lorsqu'il me disait qu'il ne buvait pas, j'entendais simplement ce que je voulais bien entendre. Carter est un homme sain, qui mange bien, qui ne boit pas, qui fait du sport, tout l'inverse de moi que me saoule au moindre problème.

Je range la bouteille d'alcool au frais pour me servir un verre d'eau. Il me sourit face à cette action et je m'en félicite. Nous goûtons à notre plat préparé dans la joie et la bonne humeur. Les saveurs explosent dans ma bouche, mon palet prend du plaisir à savourer chacun des ingrédients. Je ferme les yeux un instant pour profiter en laissant échapper un gémissement de régal. Carter semble profiter lui aussi de ce repas qui change de nos plats tout faits ou rapidement préparés de ces dernières semaines. Je ne peux m'empêcher de faire une remarque pour souligner le fait que ce repas est excellent.

— On mange mieux qu'à un anniversaire. Vous êtes doué Carter.

— Merci mais vous êtes un commis efficace pour une débutante. Je me dois de vous le dire.

Nous reprenons notre dégustation pendant que nous finissons un épisode où Carter en profite pour reprendre une discussion, ce qui est une agréable surprise.

— À ce propos, quand est votre anniversaire ?

— Le 21 avril.

— Le jour de l'accord du droit de vote aux femmes en France. Ça ne peut pas être une coïncidence.

— Êtes-vous historien en plus d'être cuisinier ?

— J'aime les dates importantes.

— Et vous, Carter, quand êtes-vous né ?

— Le 31 décembre.

— Dommage, Noël était ma célébration préférée, dis-je en prenant un air déçu du fait que son anniversaire tombe à cette époque.

Private security T.1 [En Auto-édition avec BOD]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant