Chapitre 3

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Le major m'avait tout expliqué. Il est soi-disant très facile d'y pénétrer, en revanche très ambitieux d'y sortir. Ce serait même impossible. C'est pourquoi, il a fait preuve d'une immense générosité et de gentillesse envers ma personne. En y repensant cela peut paraître suspect lorsqu'on sait que l'on vit dans une société où des homicides sont commis chaque jour. Étant la fille d'une de ses amies proches, Erwin m'a affirmée que je pouvais me rendre sans difficultés dans les bas-fonds, trouver mon frère, et nous faire remonter à la surface en indiquant aux gardes qui pourraient se manifester sur ma route, que j'ai rendu un service au major. 

En rentrant chez moi, je jetai un dernier coup d'oeil aux différentes pièces de ma demeure, surtout celle de ma mère, comme pour leur dire adieu; je ne reviendrai certainement plus ici. Ensuit, je récupérai quelques affaires qui pourraient m'être utiles, de la nourriture, et les mis dans un coin de ma chambre. Demain, le plus tôt possible, je partirai pour retrouver Furlan et je n'aurai pas le temps de bien m'organiser.

La nuit fut très longue. Agitée et réveillée par les moindres bruits qui parvenaient à mes oreilles, je ne dormis presque pas. Ma maison ne me semblait plus aussi calme qu'avant. J'avais l'impression que des esprits avaient pris possession des murs; peut-être était-ce ma génitrice qui veillait sur moi? À quatre heures, je décidai d'abandonner ma maison d'enfance, de prendre mes bagages et de marcher: direction les bas-fonds.

La nuit était glaciale, les rues; désertes. Sur mon long chemin, je ne fis que la rencontre d'un chat noir et quand je voulus interpréter son regard, c'est comme si celui-ci me demandait si j'étais sûre de moi. De plus, le givre déposé sur le sol rendait mes pas incertains: je pris plus de temps que nécessaire pour ne pas tomber. 

Arrivée à l'ouverture des bas quartiers, une ambiance sombre et macabre m'accueillit. Pendant quelques secondes, je remis ma décision en question. J'aurai très bien pu poursuivre quelques études, ouvrir un magasin quelconque, puis me marier avec le premier inconnu et avoir des enfants, mais à quoi bon? Une soif d'adrénaline, de motivation et d'euphorie prit possession de mon corps; j'étais déterminée à mener à terme mon enquête. 

Je pénétrai pour atteindre l'entrée et tout de suite, une pente m'indiquait la direction à prendre, pour descendre et accéder aux premières constructions ébranlées par le temps, la saleté, les bandits: par la misère. Comme Erwin avait indiqué, les gardes ne se méfiaient pas des personnes qui pénétraient dans les bas-fonds. En revanche, ils faisaient très attention à celles qui voulaient en sortir.

Cependant, c'est seulement à cet instant que je me rendis compte que mes actes étaient bien naïfs. Comment allais-je faire pour retrouver Furlan? La ville souterraine était tellement incommensurable que cela me paraissait soudainement impossible.

Je m'enfonçai un peu plus dans les ruelles méprisables, mal éclairées et immondes. Partout autour de moi jonchaient des personnes de tout âges: des hommes, des femmes, des enfants. La pauvreté était omniprésente. Ainsi, je m'arrêtai quelques fois pour assouvir la faim de jeunes filles ou garçons. 

Quelques individus me heurtaient sans s'excuser; les êtres étaient turbulents, malhonnêtes et acrimonieux. 

J'atteignis, de cette manière une place assez aérée pour un espace souterrain. Différents stands étaient visibles ce qui me fit penser qu'aujourd'hui devait être un jour de marché. Les prix n'étaient pas moins hauts qu'à la surface. Au départ, je pensais que c'était honteux de vendre des marchandises de manière si chères alors que la plupart des personnes n'en avaient pas les moyens, mais après réflexion, cela était logique que les commerçants vivant sans doute dans la même misère veuillent nourrir leur famille. 

Je restai là, perplexe, ne sachant pas où aller, à qui m'adresser. Un adolescent dû voir que j'étais un peu égarée, mais ne m'aida pas pour autant. Au contraire, il me bouscula, m'assena un grand coup de poing dans le ventre et s'accapara de tous mes sacs. J'étais à découvert, j'avais mal et quand je me retournai pour identifier mon malfaiteur, il avait déjà disparu. Les gens aux alentours n'en avaient que faire, cela paraissait fréquent, banal. 

C'est alors que je m'endurcis avec le temps. Ainsi, j'ai vécu un an sans trouver un semblant de logement et j'ai continué deux ans sans abandonner mes recherches jusqu'à trouver Furlan, qui d'ailleurs n'était pas tout seul.

Livaï x reader: La loi du plus fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant