[5]

26 6 2
                                    

Chapitre 5

— 1ère Phase

Clémentine

— Tu attends quoi devant sa résidence, Clem ? demande Athée d'une voix douce, à travers mon téléphone.

Je lève les yeux au ciel, la moue innocente. Tout de suite, elle rit, en m'imitant. On peut voir chaque fait et geste de l'autre, puisque j'ai décidé de l'appeler en Face Time. Il y a au moins cinq minutes, je crois. En fait, depuis le moment où je suis arrivée devant cette jolie porte verte, derrière laquelle il y a des endroits qui renferment la vie intime de Marty. Quelque chose de très inédit, donc.

Moi, stressée ? Pas du tout.

— Respire un bon coup. Ce n'est pas le moment d'être en panique.

— J'aimerais bien, crois-moi.

Je secoue ma main, tout en piétinant sur place. Si quelqu'un arrive à me voir du rez-de-chaussée à travers la fenêtre, il doit sûrement me prendre pour une grosse folle qui tourne en rond, sans aucune raison spéciale. Cela dit, je penserais la même chose, et jamais je ne m'approcherais de cette fille.

Oh mon dieu, et si on me prenait pour une cambrioleuse ?

— Je crois que tu te poses bien trop de questions.

Il ne faut pas être une flèche pour savoir que mon cerveau est en hyperventilation depuis quelques jours. Depuis la soirée pour être exacte.

— C'est quoi le mieux, Clem ?

Je pense avoir raté une étape dans son raisonnement. Je l'interroge du regard. Athée me sourit gentiment, tout en s'installant sur un banc près du petit parc qui se trouve au bout de notre rue. Elle se racle la gorge.

— Que tu sois encore dans l'ombre, sans être capable de l'approcher, ou alors avoir la chance de travailler ce projet avec lui, aussi souvent que vous voulez, et pouvoir être assez près de lui pour le toucher ?

Pas vraiment besoin de réfléchir.

— La deuxième proposition.

Athée me gratifie d'un clin d'œil.

— Alors fonce. De quoi as-tu réellement peur ?

La question fait écho dans ma tête. Je me rappelle de la mine froissée de Marty quand je lui ai proposé qu'on se voie mercredi soir, et aussi la conversation de ces filles sur elle. Mon cœur cogne contre ma poitrine, et j'aimerais faire taire certaines conclusions trop hâtives que mon cerveau concocte en ce moment même. Je devrais plutôt me jeter à l'eau avec toutes les convictions dont je sais faire preuve, et profiter de ces moments avec lui. C'est ce que j'ai toujours voulu. Athée a raison, je dois foncer, et lui montrer la Clémentine passionnée et intéressante.

— Je ne sais pas.

Je lève mon poing au niveau de la caméra.

— Mais je vais foncer, et il tombera lui aussi amoureux.

Athée me sourit de toutes ses dents. Pendant une seconde, ses yeux perdent les miens pour se poser au loin. Aurait-elle de la compagnie ?

— C'est le moment, Clem. Bisous.

Elle raccroche. Je reste immobile durant une seconde de trop, puisque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Immédiatement, je commence à me retourner, pensant que Marty m'a repéré et qu'il vient à mon secours, mais à moins qu'il se soit fait une coloration blonde dans la nuit, ce n'est pas lui. Non, c'est Alec.

Est-ce que je me serais trompée de résidence ?

Je regarde les messages qu'on s'est échangés avec Marty dans la journée, dont le lieu où il habite. Mes yeux effectuent un ping-pong entre mon écran et le numéro sur le mur. Il s'agit bien du même.

Bad CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant