Etape 2

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J'ai fouillé toute ma maison à la recherche de cassette, de photos ou de dessins de mon enfance. J'en ai découvert beaucoup sur Owen Laytern. Il est né dans l'Est de la France. Ses parents se sont mariés assez jeunes après s'être rencontrés à une fête d'Halloween organisé par le collège de sa mère. Il a pratiqué le basket, mais il n'aimait pas. Les autres se moquaient de lui. Il était trop petit. Il a essayé le tennis de table mais le peu d'espace qui s'offrait à lui l'étouffait. Il s'est donc tourné vers le tennis classique. Mais cette fois, ses bras n'étaient pas assez forts pour tenir la raquette plus de trois frappes, parfois quatre. Il a un petit frère qui s'appelle Deny. Il lui ressemble énormément. Sauf que ses yeux sont plus clairs que ceux de son grand frère. Il adore les pâtes, les barbecues, les chiens mais surtout les poissons. Il est contre l'idée des zoos mais s'y rend car, s'il paye des billets d'entrée c'est uniquement pour participer aux revenus allants aux soins animaliers.

Je l'ai rencontré une nouvelle fois. Il m'a laissé découvrir son histoire. Même si j'avoue avoir du mal à trouver un moyen original de lui raconter la mienne, je me défile de jour en jour. Cela ne fait que trois jours que mon pied à heurter son carton. Je me demande s'il pense à moi, à ma réponse éventuelle.

Il m'a déçu la dernière fois. Je lui en veux toujours pour ce coup monté. Il aurait pu me prévenir qu'il s'agissait d'un inconnu choisis au hasard de par sa solitude. Alors j'ai décidé de lui montre mon côté original, qui lui prouverait que je n'aurais eu aucun souci à aller parler à un inconnu dans un café.

Je ne sais pas si c'est la maladie qui parle, mais je sais que je peux l'impressionner. Encore hier, je me sentais vide et cela m'allait. Quand on ne ressent rien, on ne pleure plus. On ne se fâche plus. Cette après-midi je me suis regardée dans le miroir et j'ai souri car finalement, je ne suis pas si laide. Je ne suis pas si nulle et même si la vie ne me mérite pas et que je compte bien me venger en la privant de mon existence, je veux d'abord qu'elle reconnaisse ce pour quoi je suis ici. Alors je vais me battre, non pas pour que les gens comprennent que j'ai une place quelque part car ce n'est pas le cas. Depuis petite je sais que je ne l'ai jamais eu ici, j'en ai une autre part, loin. Le Canada. Voilà où j'aurais voulu vivre depuis quelques années. Mais avant de tirer le rideau, d'écrire le point de mon histoire, je veux bousculer les gens, les faire reculer, se retourner et bouger pour créer ma propre place ici. Si je ne la trouve pas alors il n'y a aucune raison pour que je ne puisse me l'inventer. Je vais façonner mon image, ma vie et mon vécu.

J'ai commencé par écrire tous les souvenirs qui me reviennent. Ne me souvenant plus de mon passé avant mon collège, je me remémore les anecdotes grâce aux photos, aux lettres... J'ai des traces de mon passé, alors je dois m'en servir pour créer mon futur. Je lui ai raconté la fois où lors d'une balade à vélo, je me suis rapproché trop proche du fossé et mes petites roues se sont coincéés, alors je suis tombée dans la boue. Mon t-shirt blanc à l'effigie de l'un de mes dessins animés préférés était trempé. Je pleurais. Pourtant, je suis remontée sur la selle, j'ai attrapé le guidon et je suis rentrée chez moi à vélo. Mes parents étaient fiers de moi car je n'avais pas abandonné. Je ne compte plus le faire. Du moins, pas avant d'en finir. Je veux me souvenir d'une Hope courageuse qui n'a rien abandonné, qui a juste voulu vivre son histoire comme elle le mérite. Je lui ai expliqué le fait que, lorsque j'étais en primaire, je n'avais que des points verts, étant toujours première de classe. Ce qui m'a valu beaucoup de moqueries et de jalousie de la part de mes camarades. Mais le sourire des maitresses valait beaucoup plus que mes larmes dans les toilettes lors des récréations. Je lui ai raconté l'histoire de mon seul point rouge. Une dictée autonome. Nous devions apprendre un texte par cœur, puis le réécrire une fois en classe le moment venue. Or je ne savais pas que cette dictée était autonome, je l'ai apprise, mais pas par cœur comme demandé. Alors je n'ai eu que la moitié des phrases de bonnes. J'aurais dû avoir un point orange, car en soi, j'avais 10/20. Mais ma maitresse s'est assise près de moi, voyant mes larmes incessantes suite à la découverte de cet échec, et m'a rassuré en me certifiant un avenir prometteur et brillant. Désolée Madame, je vous aurais déçue...

Mon histoire mal écriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant