Notre procès

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Mon regard plongé dans le sien, l'attirance qu'éprouvait mon être pour le sien ne pouvait se taire. Alors pour le satisfaire, je posai mes lèvres sur les siennes comme il me l'a gentiment demandé. Ses lèvres ont un goût sucré. Elles sont douces tout en étant farouches. Pourtant le baiser que nous échangeons est tendre. Je m'attendais à la même description qu'un bisou se produisant dans les livres de romance que je lis la plupart du temps : « le baiser était doux, puis il devient ardent et passionné ». Mais ce n'était pas le cas. Il resta délicieux, docile et sage. La passion s'y mêla, mais resta en retrait pour ne représenter que l'infime partie de notre lien si grand.

Cela reflétait notre histoire. J'ai longuement pensé au premier baiser que je pouvais échanger avec Owen Laytern. Dans chacun de mes scénarios, nous étions calmes et amoureux. Malgré le fait que jamais je n'avais pensé l'échanger par terre sur une plaque de verglas, devant la maternité où je suis né, je ne pouvais rêver d'un meilleur endroit que dans ses bras. Pourtant, à cet instant précis, j'ai l'impression de ressentir ce que jamais je ne pensais connaître. Pour la seconde fois dans ce lieu, je nais à nouveau. Mon être découvre une partie de mon âme qui n'a jamais agis, qui ne s'est jamais montrée au grand jour.

Nous nous détachons l'un de l'autre, le souffle court. Mes yeux rencontrent les siens pour la énième fois en quelques minutes. Je ne saurais décrire l'expression de chacun de mes battements de cœur. Pourtant je sais que chaque seconde se vit dans l'espoir de la passer à ses côtés.

-Wow...

Je ne peux m'empêcher de rigoler face à ce mot qui est sorti tellement sincèrement de sa bouche, que j'ai embrassé il y a à peine quelques temps.

-En effet... Wow...

J'avais déjà embrasé des gens, mais ce baiser n'a rien à voir avec les précédents. Il était tellement « wow ».

-Si le froid n'existait pas je voudrais passer ma vie entière dans ce givre qui a vu naitre les premiers mots d'une nouvelle histoire.

-Si je le pouvais figerais le monde pour que cette instant ne cesse jamais.

-J'adorerais ça, autant que je t'adore.

-Ne me dit pas ça sinon mes joues vont rougir et le froid ne sera pas coupable.

-Alors rend-moi coupable de te rendre encore plus belle que tu ne l'es déjà.

-Vous êtes coupable de bien des choses en mon égard monsieur. Faire battre mon cœur aussi fort qu'il soit ne devrait pas être permis.

-Si cela fait de moi un criminel alors soit, cela ne m'empêchera pas de voler l'amour du monde pour vous le donner mademoiselle.

A cet instant précis, j'ai su qu'il avait dérobé mon cœur et que chaque parole ne fait que l'emprisonner encore plus dans ce tourbillon de sentiments que je ne sais contrôler.

Malheureusement nous avons dû nous relever. Une fois debout, nos regards ne pouvaient se défaire. Mais mes yeux sont attirés vers ses lèvres. Je ne peux m'en défaire.

-Tu en veux un second ?

Je sursaute à l'entente de ses mots qui me tirent de mes pensées. Il aborde un regard en coin avec les sourcils relevés. Je lui donne un coup sur le bras.

-Arrêtes tes bêtises. Un deuxième ne suffira pas à combler le désir que j'éprouve pour toi actuellement.

-Alors prenons une chambre poupée.

-Owen voyons !

Il me fait un clin d'œil. Je ne peux cacher mon étonnement face à sa réplique. Il me déstabilise et il le sait très bien, il en joue face à moi. Son être entier aime me rendre vulnérable. A ses côtés les barrières que j'ai construit ses dernières années sont facilement franchissables. Il pose la main dessus et elles s'effondrent. Les battements de mon cœur les font trembler pour les faire s'écrouler davantage.

-Tu es obligé de tout gâcher de la sorte ?

-Je n'y peux rien, en ta présence je ne sais comment agir. Tu es troublante Hope Maylon.

-Donc c'est de ma faute si tu es un gros lourd ?

-C'est de ta faute si mon histoire devient vivante. C'est de ta faute si les mots que je prononce ne sont pas réfléchis car je n'ai qu'une hâte c'est de t'entendre me répondre. C'est de ta faute si, en me levant le matin, je pense sans arrêt à ce soir à la gare. C'est de ta faute si aujourd'hui je veux écrire des histoires pour le restant de ma vie. Et c'est de ta faute si moi aussi j'ai envie d'une multitude de tes baisers pour calmer mon être qui s'embrase en ta présence.

-Alors je plaide coupable. Tu sombres avec moi dans mon procès. Car c'est de ta faute si mon chapitre se transforme en romance à l'eau de rose. En plus, c'est de ta faute si mon point se retarde sans arrêt, puisque c'est de ta faute si j'ai envie de vivre. 

Mon histoire mal écriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant