Notre nouvelle histoire

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J'attendais avec impatiente sa réponse. Mais je l'appréhendais tout autant. L'idée qu'il ne se rende compte que mon histoire ne vaut finalement pas la peine d'être raconté me hante. Je ne voudrais pas refaire mon passé. Et même si je m'efforce de répéter que je l'ai oublié, faire ce bond en arrière m'a montré que je ne m'en souviens plus que je ne le pense. Je pensais pouvoir oublier ce qui devait l'être, et ne garder que ce qui m'a jadis fait sourire. 

Pourtant, en me rappelant les bons moments de mon enfance, mes souvenirs se sont dirigés vers les pleurs que l'ancienne moi cachait à son entourage. Je ne lui ai pas parlé du mal que je me faisais à cause des disputes incessantes de mes parents. Je ne lui ai point écrit un mot sur les moqueries que j'ai subies, sur les amis que j'ai perdus. Je ne lui ai pas raconté la surveillance permanente que mes parents m'infligeaient lors de mon collège et du fait qu'ils préféraient croire les faits racontés par mes professeurs que les miens. Je ne lui parlerai pas des assiettes cassées, des gifles prises et des douches glacées que mon frère se prenait lorsqu'il n'était pas sage comme mon père le souhaitait. Je ne veux pas lui parler de tout ça. Car même si je sais que personne n'a un passé tout rose, le mien n'est rempli que très peu de couleurs alors autant lui montrer cette palette vive et laisser le gris en arrière-plan. Je lui ai bien raconté mon histoire. Maintenant à lui de voir s'il veut l'entendre.

Je tournais en rond dans ma chambre, regardant l'heure bien trop souvent pour que le temps me semble s'écouler à une vitesse normale. Je soupirais, divaguant entre les piles de livres, les monts de vêtements et les restes de papiers par terre. Mes doigts étaient rouge sang, car je ne peux m'empêcher de tirer la peau pour contrôler le sentiment de douleur, et le faire plus grand que la peur que je ressens se dupliquant chaque seconde. Trop de questions me viennent, trop de scénarios se créent dans ma tête. Mais avant qu'un autre ne vienne s'écrire, un son me fit sursauter. Mon téléphone. Je me précipite sur mon lit, là où il se trouve. Je n'ose pas l'allumer. La lumière sur le haut indiquant une notification s'allume, puis s'éteint. Je la regarde me quitter puis me revenir pendant quelques secondes avant de me décider à l'ouvrir et de la laisser partir pour plusieurs minutes.

Owen : Du scotch princesse sérieux ?

Hope : Je n'allais pas user le scotch voitures pour tes beaux yeux alors que j'ai reçu un carton à peine fermé !

Owen : Mon histoire était courte, sans réelle beauté, alors l'emballage ne doit pas embellir la chose pour que les gens pensent y découvrir une vie exceptionnelle Hope.

Hope : Tu es bien pessimiste ce soir. Que se passe-t-il ?

Owen : Tu n'as pas une histoire facile, pourtant elle est belle. J'ai adoré lire chaque mot de ton récit, visualiser chaque centimètre de ton visage sur les photos et comprendre chaque souvenir que tu m'as exposé. Ton histoire ne doit pas se terminer ainsi.

Hope : Nous en avons déjà parlé Owen. Je veux écrire le point de tout ça. Si je te l'ai raconté ce n'est pas pour que tu me sauves. Mais pour que tu m'aides à en tirer quelque chose, à la raconter au monde comme je l'ai fait pour toi.

Owen : Je veux que le monde la lise. Et je veux que le monde en voie son auteur.

Hope : Il te verra toi.

Owen : Je ne suis pas responsable de ta vie Hope.

Hope : Pourtant si, tu l'as poursuivi le soir où tu m'as interpellé à la gare. Tu as choisi ma suite.

Owen : Je ne regrette pas de t'avoir comme sauvé ce soir-là tu sais.

Hope : Je ne regrette pas de t'avoir rencontré Owen.

Owen : Dis-moi, quelle est la sensation qui tu préfères, qui te fait sentir la plus vivante ?

Hope : Je ne sais pas. Ecouter de la musique, ou en jouer. Je contrôle ce que je fais, ce que je ressens. Je me sens maître de moi-même. Mon cœur bat en rythme, mon âme vibre avec les notes.

Owen : Quand te sens-tu la plus reconnaissante d'être en vie ?

Hope : Quand je suis avec mon frère et ma sœur. Que l'on pleure, rigole ou que nous ne parlons pas, les regarder, les sentir près de moi, tout cela me rend fière d'être avec eux et chanceuse d'avoir été leur sœur. Je les aime plus que tout au monde.

Owen : Plus que la mort ?

Hope : Je n'aime pas la mort.

Owen : Pourtant c'est elle que tu as choisi.

Hope : Au contraire, j'ai choisi de vivre. J'ai choisi de leur offrir une vie sans soucis. Une vie sans moi.

Owen : Eux ne l'ont pas choisi.

Hope : Ils seront mieux ainsi.

Owen : Je ne pense pas. Mais merci.

Hope : Pour ?

Owen : Pour m'avoir partagé ton histoire, pour m'avoir montré qui était la vraie Hope.

Hope : Je suis la vraie Hope.

Owen : Alors j'aime la vraie Hope. Enfin, j'aime savoir que cette personne existe encore. »

Hope : Je ne suis pas encore morte mdrr.

Owen : Ne joue pas avec ça...

Hope : Désolée.

Owen : Tu sais, découvrir ta vie m'a beaucoup inspiré pour ton histoire. »

Hope : Comment ça ?

Owen : Pour commencer, ton style c'est un mélange entre drame et sentimental. »

Hope : Je ne veux pas faire pleurer les gens.

Owen : Qui t'a parlé de larmes de tristesse ?

Hope : Je ne te suis pas...

Owen : Tu vas marquer les gens. Tu vas les bousculer j'en suis sûr. Mais pour cela tu devras avant tout les faire réagir face à tes mots.

Hope : Donc je dois les faire pleurer ?

Owen : Tu dois les faire vivre.

Hope : Je n'y arrive pas moi-même.

Owen : Pourtant tu es encore vivante. Je veux que tu utilises chacun de tes battements de cœur restants pour les transmettre, pour faire vibrer ceux des autres.

Hope : Mon cœur bat trop faiblement

Owen : Alors je le ferai battre deux fois plus fort. J'utiliserai le mien pour faire renaître le tien.

Hope : Bizarrement, je n'ai pas envie de te contredire. Je ne veux plus le sentir dans ma poitrine. Mais je veux ressentir le tien. Je veux comprendre chaque rythme en toi. Au-delà du Owen qui m'a sauvé la vie. Au-dessus de la personne qui m'aide à écrire mon histoire. Je veux battre pour la personne qui m'a fait battre ces derniers jours. Grâce à toi j'ai réussi à sourire, à me lever le matin. C'est idiot n'est-ce pas ? Attention ne te méprend pas je ne suis pas en train de te faire une déclaration d'amour. Mais je veux que tu comprennes que lorsque tu vois ton point s'écrire, il y a toujours une petite rature qui vient contrer tes plans. Tu es la mienne. On ne se connaît pas vraiment. Enfin, je pense que tu es la personne qui en sait plus sur moi que n'importe qui. Après mon frère et ma sœur bien sûr. Ce que je veux dire c'est que j'ai beau essayer de t'effacer, de te cacher de mon histoire tu es là. Et désormais je ne sais plus si j'ai envie que tu disparaisses, que tu t'enlèves de mes phrases

Owen : Hope ?

Hope : Owen ?

Owen : Veux-tu écrire une seconde histoire avec moi ? Ni sur ta vie, ni sur la mienne. Mais sur la nôtre ? 

Mon histoire mal écriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant