les parfaits serpentards

11.1

Précédemment :

Après tout, il avait une réputation à tenir

...

Le matin arriva par bien trop vite à son goût. L'enchantement placé sur son réveil s'activa à six heures et quart, et il dut se résoudre à quitter son lit et gagner sa douche avec une réticence certaine.

Une fois lavé, il s'habilla prestement avant de se diriger vers la Salle Commune. En tournant à l'angle du couloir, il découvrit Daphnée assise à même le sol, adossée contre le mur avec un regard perdu dans le lointain.

« Daph ? » s'enquit-il doucement.

Elle leva la tête et lui adressa un sourire en se levant. « Nous sommes convoqués dans le bureau du Directeur. » lui informa-t-elle. « Harry m'a dit de ne pas te réveiller trop tôt, alors j'ai attendu. Cela m'arrangeait à vrai dire, j'avais besoin d'un peu de temps pour réfléchir. »

« Tu as parlé à Mercredi ? »

Elle acquiesça. « Oui. Mercredi m'a fait part du prix à payer. Oncle Sev ? »

« Oui ? » fit-il, en lançant un sort d'intimité d'un air distrait.

« Pourquoi m'as-tu encouragée à me rallier à cette cause ? »

Il laissa échapper un léger soupir. « Parce que je suis convaincu que les avantages éclipsent de loin les inconvénients. Tu as du potentiel, Daphné, et il me déplairait fortement de le voir gaspillé. Avec eux, tu ne seras jamais ordinaire. Tu ne te satisferas jamais d'une vie se résumant à un mari, deux enfants, et un ennuyeux travail. Il se peut qu'il t'arrive d'être effrayée voire terrorisée, tout comme il pourra t'arriver de ressentir un plaisir au-delà de toute imagination, mais tu vivras. Tu vivras la vie pleinement. »

Daphné hocha lentement la tête. « Mercredi a dit quelque chose, qu'il n'y avait aucune différence entre le mal et le bien, entre le plaisir et la douleur. Tout n'est qu'expérience et les expériences sont les seules choses qui comptent. »

Il esquissa un léger sourire. « Cela lui ressemble bien. » acquiesça-t-il.

« J'ai peur. » avoua-t-elle. « Je n'ai que treize ans, et pourtant je peux déjà voir deux chemins se profiler devant moi. Je peux voir la petite maison entourée d'une clôture blanche et le mari qui m'y attend. Et je peux voir une autre voie qui est sombre et pleine de mystères.

« Une partie de moi veut emprunter le chemin le plus facile. Une partie de moi ne veut pas prendre de décision tout de suite. Mais je sais que si je ne le fais pas, rien ne sera plus pareil. Les rejoindre est tout autant un test de mon courage que n'importe quelle autre épreuve, et c'est différent. » Elle prit une profonde inspiration, et expira lentement.

« Pourquoi as-tu rejoins les Mangemorts ? Pourquoi as-tu continué d'y retourner, alors que Voldemort te torturait ? Tu n'as jamais cru en ses idéaux, n'est-ce pas ? »

Severus marqua une pause, et il la guida vers la classe vide la plus proche afin qu'ils pussent s'asseoir. Il se percha sur le bord du bureau du professeur et baissa les yeux sur elle.

« Voldemort, lorsqu'il était plus jeune, ressemblait beaucoup à Harry. Charismatique, lorsqu'il le désirait, mortellement dangereux en toute circonstance, puissant, et il avait comme lui cette aura unique qui l'entourait. Hier soir, j'ai agi exactement selon les ordres que Harry m'a donnés – nous l'avons tous fait, même Marcus qui a plus de deux cents ans, et cela parce que nous savions tous qu'il était le leader. Ils ont tous les deux une volonté inébranlable et une ambition qui les anime. Mais là où Voldemort est animé par la haine, Harry est mû par une soif de connaissance inextinguible.