13✓ La briseuse de règles

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Cela faisait maintenant plusieurs minutes que Rich était planté devant l'immense bâtisse. Il n'arrivait pas à savoir si la blague venait de Lousta ou de l'oncle Sam et tout bien réfléchi, il pouvait s'agir d'un complot des deux. Il avait vérifié l'adresse à trois reprises et continuait de fixer la maison comme si un voile allait s'enlever pour dévoiler la triste réalité. Mais rien ne se passait : cette maison ressemblait toujours autant à un mini château.

Lousta habitait-elle vraiment là-dedans ?

Le portail donnait déjà un avant-goût du spectacle. D'un blanc éclatant (Y a-t-il réellement des gens qui nettoient leur portail ?), son architecture laissait penser à l'entrée d'un vieux jardin public très bien entretenu. Les barreaux verticaux étaient terminés par de belles courbes formant, une fois assemblées, une rosace aux détails pointilleux.

Pour autant, cela n'éclipsait en rien la vue sur l'autre côté. La petite allée menant à l'entrée de la bâtisse était cernée de lavande parfaitement taillée qui, Rich n'en doutait pas, devait aussi sentir très fort une fois au milieu des deux rangées.

Venait ensuite la demeure en elle-même. De toute sa hauteur, elle éblouissait la vue. La pierre grise reflétait les minces rayons du soleil qui perçaient les nuages et ses innombrables fenêtres auraient tout à fait pu servir pour les films de princesses. Rich n'avait même pas passé le portail qu'il avait déjà envie de visiter l'étage dont les plus petites fenêtres s'ouvraient sur le toit.

Il soupira.

-Quand faut y aller, faut y aller !

Il n'entendit rien en appuyant sur la sonnette. Le silence le pesait tellement qu'il se demanda même si elle fonctionnait. Mais pouvait-on vivre dans un tel décor et avoir une sonnette cassée ? Un grésillement retentit soudain et une voix sortit de l'interphone.

-Bonjour jeune homme. Puis-je vous aider ?

C'était un homme. Un homme qui paraissait plutôt sympathique d'ailleurs. Rich repensa à sa première impression de la voix de Lousta puis à la façon dont elle l'avait poussé au sol quelques minutes plus tard. Non, il fallait décidément qu'il arrête de se fier aux voix.

-Bonjour ! dit-il trop précipitement à son goût. Je cherche...

Ah. Il n'y avait pas pensé jusque là mais le nom de famille de la jeune fille lui était encore inconnu. Allait-il passer pour un imbécile ? Après tout, il n'était plus à ça près.

-Heu... Lousta. Je cherche Lousta. Elle habite bien ici ?

-Si ma fille habite ici ? J'espère bien que oui ! Le portail est ouvert, entrez donc.

L'interphone se coupa. Rich était partagé entre la méfiance ou le rire : le père de Lousta lui semblait être un sacré numéro. Il poussa le portail qui s'avéra bien plus léger qu'il ne l'avait imaginé et s'engagea dans l'allée de lavande. Cette fois-ci son imagination était bonne : l'odeur était telle qu'elle vous montait à la tête sur le champ. Il atteignit rapidement la grande porte aussi blanche que le portail à l'exception de quelques carreaux vitrés qui ne lui permettaient pas de voir l'intérieur.

Rich patienta quelques secondes avant qu'elle ne s'ouvre. Un homme d'une quarantaine d'années lui sourit, la peau aussi foncée que celle de Lousta et la tête complètement chauve. Son pantalon bleu marine lui faisait penser à sa propre tenue de la veille, au mariage. Il était complété par une chemise large couleur crème et aux manches retroussées à la perfection, ainsi que d'une montre au bracelet de cuir. Rich savait désormais d'où venait le sens du style de Lousta.

Pourtant, il étouffa un rire en remarquant les pantoufles à tête de requin qui accompagnaient le tout.

-Richmond Hervis ! Je suis plus que ravi de faire ta connaissance, lança cet homme en lui serrant vigoureusement la main.

Les RèglesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant