Chapitre 31

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Un rayon de soleil se faufila entre les volets et sa chaleur me réveilla doucement. J'ouvris difficilement les yeux avant de me retourner, je n'avais pas envie de me lever. Face à moi, Jungkook semblait encore endormi, je pris le temps d'admirer son visage paisible. Six ans... Voilà six ans que Jungkook et moi étions ensemble.

Le temps était passé et certaines choses avaient changées, mais surtout, nous avions grandi. Nous étions désormais en Décembre 2016, Jungkook et moi avions dix-neuf ans, et vivions ensemble depuis presque deux ans. Après le lycée, j'avais commencé des études pour travailler plus tard dans l'entreprise de mon père, tandis que Jungkook étudiait dans une université d'art. Puisque nos écoles n'étaient pas trop loin l'une de l'autre, mes parents nous avaient prêté un appartement dans Séoul, largement assez grand pour deux, peut-être même un peu trop...

De mon côté, j'avais également observé la création de BTS et leur évolution sans Jungkook. Ils étaient toujours sept, mais un autre membre avait remplacé Jungkook, ce qui avait fait de Taehyung le nouveau Maknae. Les albums étaient pour la plupart les mêmes, même si certaines chansons avaient disparues, d'autres avaient des paroles légèrement différentes sur les parties de Seo-joon, et quelques chansons encore m'étaient complètement inconnues.

Malgré quelques différences, tout semblait se passer pour le mieux, que ce soit pour le groupe ou pour Jungkook et moi. Il m'arrivait parfois de me sentir coupable, souvent même, mais les paroles de Jimin et la promesse que je lui avais faite revenaient chaque fois balayer tous mes doutes. Je lâchai un petit soupir avant de finalement me retourner pour me lever.

Mais à peine m'étais-je redressée que Jungkook m'attrapa par les hanches et me ramena contre lui.

"Reste. M'ordonna-t-il d'une voix rauque.

Je ris avant de me tourner face à lui pour l'embrasser.

- Bien dormi ? Demandai-je après avoir mis fin au baiser.

- Oui et toi?

- Oui" Répondis-je avant d'enfouir ma tête dans son cou.

Il me serra contre lui et on resta ainsi un petit moment avant qu'une sonnerie de téléphone ne vienne nous interrompre.

"C'est ton téléphone." informai-je.

Mais il resserra son étreinte sans répondre. Le téléphone sonna une deuxième fois et Jungkook ne bougea toujours pas. Cette fois, je passai au-dessus de lui pour récupérer son téléphone sur la table de nuit de son côté.

"C'est ton frère." Annonçai-je.

Il soupira et tendit une main pour que je lui donne le téléphone, ce que je fis. Il décrocha et porta l'appareil à son oreille tandis que je me levai pour me rendre dans la cuisine. J'ouvris le frigo pour me servir du lait dans une tasse que je mis à réchauffer avant de mettre la table. J'attendis ensuite devant le micro-ondes, lorsque Jungkook arriva par derrière pour m'enlacer.

Je le laissai faire en souriant, puis me tournai face à lui pour lui rendre son câlin. En me séparant de lui, je découvris qu'il s'était habillé et coiffé, prêt à sortir.

"Tu vas quelque part ? Interrogeai-je étonnée.

- Jung-Hyun a besoin de moi je vais l'aider. Répondit-il.

- Un dimanche ?!

Il sourit.

- Oui malheureusement. J'aurais préféré rester avec toi... Se plaignit-il. Tu as des choses de prévues aujourd'hui ?

- Non... Soupirai-je. Mais puisque je serai seule je vais travailler sur le dossier que mon père m'a confié...

Il déposa un baiser sur mon front pour m'encourager.

- Ça va être du gâteau pour toi ! Me complimenta Jungkook. Tu as toutes les compétences pour prendre la place de ton père.

- Merci." Soufflai-je.

On s'embrassa une dernière fois et je le regardai partir avant de reprendre mes activités; manger. Je récupérerai ma tasse de lait dans le micro-ondes et m'assis à table, en face de la chaise vide de Jungkook. Je pris ainsi tranquillement mon petit déjeuner en passant en revue ce que j'allais faire de ma journée ; travailler, jouer du piano... Peut-être aurais-je je temps de passer voir quelqu'un...

Je bus une gorgée de lait, lorsqu'une douleur s'empara soudainement de ma tête.

Les cachets !

Je me levai brusquement en jurant, faisant tomber au passage mon verre de jus qui s'éclata sur le sol. Mais tandis que je titubais en direction de la cuisine, la douleur s'accentua jusqu'à devenir insupportable. Je tombai à genoux au milieu du salon, mâchoire serrée, mains sur la tête pour supporter la douleur comme je le pouvais. Des larmes s'échappèrent mais je ne criai pas, en revanche ma respiration était forte et rapide, comme si je venais de courir un marathon.

Soudainement, une brèche apparue dans un grand bruit cristallin et une lumière blanche inonda la pièce. Malgré tout, je restais imperturbable, la douleur surpassait l'événement. La faille resta ainsi quelques secondes, avant de se refermer comme elle s'était ouverte. Ma douleur diminua ensuite progressivement et je pus enfin me lever pour me rendre dans la cuisine.

J'ouvris un placard au fond duquel que récupérerai une petite boîte, cachée derrière les boîtes de conserves et autres sachets de nourriture. Je retirai le couvercle les mains tremblantes et sortis quatre cachets que je mis dans ma bouche avant de prendre une bouteille d'eau pour avaler les médicaments. Je reposai enfin la bouteille en soupirant et me laissai glisser le long du frigo jusqu'au sol.

Assise sur le carrelage froid de la cuisine, je reprenais calmement ma respiration en essuyant mes joues humides. Ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, avec le temps j'avais pris l'habitude de supporter ces migraines imprévisibles. Au début, la douleur était largement supportable, elle ne se résumait qu'à un petit mal de tête insignifiant qui survenait une fois par mois voire moins. Puis avec le temps, elle s'était intensifiée et les crises étaient devenues plus en plus fréquentes, jusqu'à l'apparition de ces étranges failles.

Jungkook l'ignorait, j'avais toujours fait en sorte qu'il soit dans une autre pièce lors de mes crises, ou totalement absent depuis l'apparition des brèches. Grâce aux cachets que la femme m'avait acheté il y a cinq ans lorsque j'ai rencontré Jimin, j'avais réussi à repousser les crises ou à les diminuer en intensité pour que Jungkook ne se doute de rien, mais plus le temps passait et plus je devais les prendre en grand nombre pour qu'ils soient efficaces.

Je ne m'étais jamais demandé d'où provenaient les failles, en réalité je m'en doutais un peu. Plus le temps passait, plus les différences entre mon ancienne vie et celle-ci se creusaient, et mon cerveau supportait de moins en moins ces différentes réalités. Je ne le montrais pas, mais j'avais vraiment peur, peur que Jungkook ne le découvre, mais surtout peur de ne pas y survivre. J'ignorais durant combien de temps je pourrai le supporter, si mon cerveau ou mon cœur n'allait pas lâcher avant, à cause des médicaments ou même des crises, j'avais peur d'en mourir mais j'ignorais comment stopper tout ça.

La seule chose sur laquelle je pouvais me reposer, et dont je ne pouvais douter, était l'amour que je portais à Jungkook et qu'il me portait en retour, sinon je n'étais plus sûr de rien, je vivais désormais dans l'incertitude absolue.

Un Hiver Sans Printemps | [Jeon Jungkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant