À peine entré, je suis immédiatement frappé par deux choses. Premièrement : cet endroit est super bruyant. Le personnel hurle pour comprendre les commandes par-dessus la voix éraillée du chanteur et celles, grasses et joyeuses des clients. Deuxièmement, une odeur âcre, celle bien caractéristique de la sueur envahit mes narines. J'inspire pleinement, me délectant de cette vieille senteur de transpiration. Le parquet est tellement ciré qu'il est noir. Un groupe de Moldus, le visage mangé par des barbes mal rasées et noyé sous de longues mèches rebelles, est sur une petite estrade, en train de jouer de la musique traditionnelle. Le pub est plein à craquer et d'un coup d'œil, j'embrasse toute cette ambiance.
L'endroit est sombre, seule l'estrade et un bar – probablement le plus long que j'ai vu de toute ma vie – sont éclairés par des ampoules dégageant une lumière jaunâtre mais chaleureuse, relayée par le feu qui ronronne dans une énorme cheminée. Je suis satisfait par le nombre de pompes à bières différentes qui sont étalées derrière le bar. Marc me file un coup de coude entre les côtes à réveiller un mort. Je me tourne vers mon bro et rencontre son sourire de canaille. Je me mets à sourire également. À travers son œillade, je comprends immédiatement ce qu'il me dit en silence : cet endroit est fait pour nous. C'est un lieu pour les brutes.
Nous slalomons entre les habitués et les tables, où des amas de gens hétéroclites sont réunis. Certains jouent aux cartes, d'autres discutent bruyamment tandis que quelques papis lisent le journal local qui titre qu'un étrange vol aurait eu lieu dans les alentours. Jouant au coude à coude, Marc et moi nous nous frayons un passage jusqu'au comptoir, bien décidés à goûter à chacune de ces bières irlandaises. Alors que je m'apprête à passer commande, une petite brunette de rien du tout se hisse sur un des tabourets et se met à beugler en direction du barman, agitant ses bras dans tous les sens.
— Hé Fionn ! FIONN ! Bordel de cul plein de merde réponds-moi vieil ivrogne !
Le barman, déjà sur tous les fronts, se tourne vers l'intéressée, et quand – visiblement – il la reconnaît, son visage se fend d'un grand sourire ironique.
— Putain Norah, arrête de brailler comme un putois tu vas faire fuir tous mes clients !
Le barman se traîne en claudiquant vers la brune, ignorant complètement mon bras qui l'interpelle de l'autre côté depuis cinq bonnes minutes. Je suis plutôt patient comme mec, mais l'idée que ce petit barman, avec son torchon sale et sa barbe mal taillée préfère s'occuper de cette mal baisée que de moi me hérisse le poil. Marc sent que je commence à m'échauffer : il me fait les gros yeux. Je me mets à hurler à mon tour, imitant la petite brune. Peut-être que pour avoir à boire dans ce bled, il faut juste hurler.
— Ouais, Norah, calme-toi. C'est pas un endroit pour les gamines ici.
Un rire gras s'échappe de ma gorge. La nana tourne immédiatement la tête vers moi et me lance un regard qui me cloue sur place. Elle a des grands yeux bleus qui me tuent. Elle traverse la foule en une seconde et se plante face à moi. Comment a-t-elle fait pour fendre cet amas de gens et m'entendre par-dessus ce capharnaüm, c'est un putain de mystère. Elle pointe sur mon torse un index accusateur. De toute évidence, cette fille n'a aucun problème avec la proximité. Je respecte ça.
— Qu'est-ce que t'as dit ? crache-t-elle à mon intention.
Elle a un accent irlandais absolument épouvantable, comme tout le monde ici. Je dois avouer qu'elle m'impressionne. Elle est minuscule, sérieusement, elle ne m'arrive même pas à l'épaule et elle n'hésite pas une seconde à vouloir me provoquer. Je sais que je suis imposant physiquement. Je dépasse le mètre quatre-vingt-dix, je suis large d'épaules et il n'y a pas un seul de mes muscles qui n'est pas développé. Sans compter ma tignasse que je n'ai pas coupée depuis des années et ma belle barbe rousse. J'adore ma barbe. Au départ, j'ai commencé à la laisser pousser par flemme, et j'ai fini par l'adopter, l'entretenir, l'aimer. Un peu comme ma masse musculaire. Bonus : ça horripile ma mère.
VOUS LISEZ
Plus fort que moi
Фанфик[𝗙𝗔𝗡𝗙𝗜𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗛𝗔𝗥𝗥𝗬 𝗣𝗢𝗧𝗧𝗘𝗥 🏉] Hugo Weasley est une brute, c'est bien connu. Les gens qui le connaissent changent de trottoir quand ils croisent son chemin et heureusement pour eux. Mais même le plus brutal des personnages finit u...