Plus fort que moi

Chapitre 7

Je m'arrête tout à coup de parler, et ma bouche reste entrouverte. Je suis sous le choc. Je crois soudain avoir résolu l'affaire criminelle sur laquelle j'enquête depuis des semaines.

— Norah, comment est-ce que tu as connu Catie ?

— On a grandi dans le même village, pourquoi ?

Elle comprend à mon expression que je viens de comprendre quelque chose de grave.

— Est-ce qu'elle et son frère sont Irlandais ?

— Oui, pourquoi ? Hugo, tu me fais peur... s'inquiète Norah.

— Tu te rappelles l'enquête l'autre jour ? Celle à laquelle je t'ai fait échapper. (Norah hoche la tête pour me signifier, que oui, elle se souvient, et j'enchaîne). Tu ne peux pas savoir, mais il s'avère que si tout le monde était si confus, en particulier les Moldus, c'était à cause d'un sorcier. Un voleur très exactement, qui s'amuse à voler les Moldus pour effacer leurs souvenirs, parfois même à les modifier, je dis avec un air dégoûté en souvenir des images répugnantes qui défilent dans mon esprit. Celui qui a fait ça a vraiment fait un sale travail. Ce fut particulièrement difficile de retrouver leurs véritables souvenirs mais il y a deux choses qui sont revenues dans tous les témoignages : celui qui a fait ça avait une cicatrice sous l'œil et un accent irlandais très prononcé.

— Et tu penses qu'il s'agit de Tyler ? Le frère de Callie ?

— Tout correspond !

— Tu es aveuglé par la haine et la rancune, Hugo. Il y a des tas de personnes qui ont des cicatrices sous l'œil et qui sont irlandaises.

— Et à ton avis, combien d'entre eux sont des sorciers attirés par l'appât du gain ?

Norah ouvre la bouche et la referme. Je crois bien que c'est la première fois que je la mouche.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? s'enquiert-elle, l'air concerné.

— Je vais aller donner ces informations à mon supérieur et nous allons sûrement partir avec une délégation d'Aurors pour lancer un avis de recherche et l'arrêter.

Je commence déjà à me lever et à enfiler à nouveau mon énorme manteau en écaille de dragon.

— Ne fais pas ça.

Je ne réalise pas tout de suite ce qu'elle vient de me demander, comme si mon cerveau refusait l'information. Puis, après un temps, je me fige et me tourne vers elle.

— Quoi ?

— Ne fais pas ça.

— Pourquoi ?

C'est la première fois que je prends la peine de demander à quelqu'un pourquoi je ne devrais pas agir. D'ordinaire, je m'en fiche et je fonce tête baissée pour mener mes petites affaires et mes petites vengeances.

— Laisse-moi d'abord parler à Callie, laisse-moi la préparer au choc. Ça va lui briser le cœur de découvrir ça.

Je suis sidéré par la naïveté de Norah. En même temps, je ne peux pas m'empêcher d'être attendri.

— Non.

— Hugo, je t'en prie !

— Non.

Elle se plante en face de moi, les poings sur les hanches, ses yeux bleus luisants de fureur. Ma mâchoire se contracte. Je suis hors de moi.

— Tu es une brute, Hugo Weasley, martèle-t-elle, son doigt accusateur pointé sur mon torse. Une vraie, du pur et dur. Un vrai caillou. Tu ne t'embarrasses jamais de politesse. Tu n'as pas de valeurs, pas d'honneur. Tu n'es pas cultivé. Si tu veux quelque chose, tu le prends, tant pis pour les conséquences. Tout dans ton univers d'animal est régi par une règle simple : assouvir tes pulsions. Mais j'ai un scoop pour toi : tu finiras par tomber sur plus fort que toi.