Dark Side : Murky

21.

Je comatais encore dans le canapé, pour la sixième heure consécutive quand la porte d'entrée claqua. Ce simple bruit me fit grogner. Mon crâne était un puits sans fin et je regrettais chaque goutte d'alcool de la nuit. Pourquoi est-ce que je buvais autant ? Il fallait vraiment être un abruti pour s'infliger ça.

Mon frère apparut dans mon champ de vision après avoir contourné le canapé.

"T'as l'air au fond du trou, se moqua-t-il.

- Ta gueule.

- Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit ? Junseo m'a juste dit que t'étais trop saoul pour rentrer."

J'attrapai un coussin pour le poser sur mon visage.

"J'ai bu, répondis-je simplement.

- Tu bois souvent, mais t'as jamais été au point de pas pouvoir rentrer et d'appeler Junseo. Alors, pourquoi cette nuit c'était différent ?

- Parce que d'habitude je bois du whisky.

- Et t'as bu quoi cette nuit ?

- Du whisky, et du Cocoroco, je posai le coussin sur mon ventre, c'est l'alcool le plus fort du monde. Crois-moi quand je te dis que je regrette.

- C'était la première fois que t'en buvais ?

- Non.

- Alors pourquoi c'est différent ?

- J'en sais rien, soupirai-je, le fait est que je souffre.

- Ok. Je vais me chercher à manger je reviens.

- Ok."

Il s'absenta un court instant avant de revenir. Je repliai donc mes jambes pour lui laisser la place de s'asseoir à côté de moi.

"Ça a été ta journée ? M'intéressai-je.

- Oui, ça va.

- Les autres ont arrêté leurs conneries ?

- Oui, on a eu un cours avec Monsieur Choi, il a fait tout un discours là-dessus. Honnêtement, c'était un peu humiliant, mais ça a fonctionné, ils ont rien dit de toute la journée. À vrai dire, une bonne partie s'est même excusée, ils se rendaient pas compte.

- Oh, ils se rendaient compte, ou alors ce sont de sacrés abrutis. Non, je pense qu'ils ont peur des conséquences que ça peut avoir maintenant.

- Peut-être, il haussa les épaules d'un air détaché, il a pas parlé de toi, alors ils peuvent pas savoir que je me suis plaint à mon grand frère comme un gamin de huit ans.

- Tu t'es pas plaint. Tu m'as raconté tes problèmes comme tu l'as toujours fait, et j'ai agi en conséquence comme je le ferais toujours.

- Si tu le dis.

- J'ai toujours raison de toute façon.

- Non.

- Si.

- Non.

- Si.

- Alors, non.

- Si, si.

- Non, vraiment pas.

- Si.

- Non !

- Boh, peu importe, ce soir tu gagnes tous les débats, soufflai-je en reposant le coussin sur mon visage.

- Tu sais que je pourrais t'étouffer comme ça ?